"Vivre en ville ne signifie pas nécessairement air pollué, congestion, bruit et longs temps de transport, de nouvelles idées dans les transports urbains sont en train de rendre de nombreuses villes plus saines et plus agréables à vivre", souligne Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l'Agence européenne de l'environnement (AEE). Cette évolution s'avère d'autant plus essentielle que plus de 74% de la population de l'UE-27 vit aujourd'hui en zones urbaines et que ce chiffre passera à plus de 80% d'ici 2030, selon l'ONU.
Le dernier rapport annuel de l'AEE montre toutefois que pour de nombreuses villes des efforts restent encore à accomplir pour atteindre cet idéal. En effet, si les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports ont légèrement baissé (0,6 %) entre 2010 et 2011 en Europe, elles restent 25% au-dessus des niveaux de 1990. Pour mémoire, l'objectif à atteindre pour 2050 est une réduction des émissions de 60% par rapport au niveau de 1990.
De 20 à 40% des émissions liées au transport de marchandises
Concernant le transport de passagers, les voitures dominent toujours les transports terrestres dans l'UE-28 (80%). Même si les véhicules deviennent plus vertueux, ce mode de transport serait responsable d'environ 25% des émissions de CO2, selon AEE.
Et dans ce contexte, l'assouplissement de la
Selon l'AEE, au niveau européen, le fret de marchandise représente de 10 à 18% du trafic routier urbain. Sa part pèse plus lourd en revanche dans le total des émissions du trafic urbain : entre 20% à 30% voir 40%, selon les situations.
Mis à part les polluants atmosphériques, les bruits de circulation affectent également la qualité de vie urbaine. Sofia, Luxembourg, Paris, Tallinn, etc. 40% de la population européenne vivraient ainsi dans des zones où les niveaux de bruits la nuit dépassent ceux recommandés par l'OMS.
Les bonnes recettes de nos voisins européens
Pour améliorer l'environnement urbain, le rapport préconise trois approches avec en première ligne la réduction des besoins de déplacements : parmi les outils, l'AEE identifie les technologies de l'information et la communication (télétravail, e-commerce, etc.), l'optimisation de la livraison de marchandises, la restriction de l'accès de certaines zones, la suppression de parkings ou encore l'aménagement urbain (densité, zones mixtes commerce-habitat-écoles, espaces verts, etc.). "Des exemples d'aménagements publics réussis sont la piétonisation du centre de Copenhague (Danemark) et la Clear Zone de Nottingham (Angleterre), où les véhicules sont interdits de 10 heures à 16h30", illustre le rapport.
Ensuite, l'AEE considère que des modes plus "doux" comme la marche, le vélo, sont les "clefs de la transition vers une mobilité plus durable". Le rapport rappelle notamment que si les niveaux d'utilisation du vélo dans l'UE-27 étaient les mêmes que ceux du Danemark, les cycles contribueraient à atteindre l'objectif de réduction de 60% des émissions, pour une part comprise entre 12 à 26%.
Parmi les bons élèves figurent également Séville (Espagne) : elle vient de décrocher la quatrième place selon l'indice Copenhagenize. Ses nouvelles infrastructures cyclables étendues lui ont permis de faire passer la part des kilomètres parcourus en vélo de 0,5% à 7%. Autres avantages de ce mode de déplacement : les cyclistes seraient exposés à de plus faibles concentrations de pollutions par rapport à des automobilistes.
Enfin, le rapport mise sur l'optimisation de la performance environnementale des modes de déplacement. Cela passerait par exemple par des offres comme la location de voiture ou de vélo à la demande, le co-voiturage, ou une gestion des transports "intelligente". Ainsi Utrecht (Pays-Bas) teste un système qui détourne les véhicules des zones à forte pollution.
Un des leviers également identifiés par l'AEE serait des formations à l'écoconduite. "Selon les conducteurs, la différence de consommation de carburant varie jusqu'à 30%", note le rapport.
Un plan de mobilité européen homogène
L'AEE a également mis en exergue dans son rapport l'exemple de la ville de Tallinn (Estonie), première capitale de l'Union européenne à proposer depuis janvier 2013, un transport public gratuit à ses citoyens. Les non-résidents, eux, continuent à payer leurs tickets.
Les premiers résultats disponibles montreraient qu'au cours du premier trimestre, la congestion dans le centre de Tallinn a été réduite de 15% par rapport à la fin de l'année 2012. L'utilisation des transports en commun a augmenté de 12,6% tandis que la part de voitures dans toute la région de Tallinn s'abaissait à 9%. Toutefois, la ville a également observé une légère baisse des autres modes comme la marche et le vélo.
L'amélioration des performances globales passera par un échange des retours d'expériences. "Les solutions pour une mobilité durable dans les villes européennes doivent être partagées dans un plan de mobilité homogène et cohérent, intégrée avec d'autres plans et politiques de la ville", estime le rapport de l'AEE.