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Arbre en ville (2/2) : comment maximiser ses bienfaits

Les arbres se montrent de bons alliés pour rafraîchir les villes. Mais pour bénéficier de leurs bienfaits, certaines conditions sont à respecter. Tour d'horizon des obstacles et des leviers pour une bonne installation des arbres en ville.

Aménagement  |    |  D. Laperche
Arbre en ville (2/2) : comment maximiser ses bienfaits

« Berlin est aujourd'hui contrainte à couper des milliers d'arbres car, dans les années passées, la ville a essayé d'en planter un maximum – plutôt que d'en planter moins, mais dans de meilleures conditions, pointe Pauline Laïlle, chargée de mission économie et management pour l'association spécialisée dans les espaces verts et le paysage Plante et Cité. Ces arbres ne supportent désormais plus les conditions environnementales, dont la sécheresse, car ils ont un trop faible volume d'enracinement, un développement aérien trop contraint et ne bénéficie pas des précipitations naturelles, celles-ci partant directement dans les égouts. »

Un exemple qui pourrait illustrer la situation de certaines villes françaises. Car si les bénéfices liés à la présence des arbres en ville sont reconnus, un certain nombre de contraintes sont à prendre en compte pour qu'ils perdurent.

Identifier les lieux les plus appropriés

Première difficulté : l'espace restreint qui pèse sur le développement des arbres, à la fois en sous-sol, en raison des parkings, des fondations des bâtiments et des réseaux enterrés (eau, énergie ou communications), mais également en surface, à cause des câbles aériens, des bâtiments, des espaces patrimoniaux ou même le passage de véhicules à haut gabarit.

Pour que la cohabitation se passe au mieux, ces contraintes doivent être prises en compte avant la plantation et être incluse dans l'équation pour choisir l'essence à installer. « Selon les arbres, il existe deux types de racines : certaines sont traçantes, horizontales, d'autres sont plus verticales, profondes, explique Guillaume Perrin, chef du service des réseaux de chaleur et de froid à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Par exemple, si le sous-sol renferme un parking, nous n'allons pas forcément mettre un chêne, aux racines verticales, car il ne tiendra pas longtemps. Ou alors, il faut opter pour une autre approche, comme celle de la mairie de Paris sur le parvis de l'Hôtel de Ville, qui prévoit de remplir de terre le niveau le plus proche du sol du parking pour gagner en profondeur disponible. »

Choisir l'arbre adapté à la situation

Des outils comme Sesame (1) , du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), peuvent aider à choisir l'arbre adapté à chaque situation. L'établissement s'est basé sur l'état des lieux qu'il a réalisé. « Chaque essence est scrutée : son ombrage, sa toxicité, son type de système racinaire, la présence de fruits, la fragilité des branches, etc. détaille Jérôme Champres, directeur de projet paysage, écologie urbaine, urbanisme au Cerema. Nous allons choisir la liste des végétaux avec les services, en partageant nos connaissances, rue par rue. » Ce qui implique de bien connaître les sous-sols. Or les informations ne sont pas toujours facilement accessibles.

Autre point sensible de la cohabitation avec les réseaux : les phases de chantier, qui risquent d'abimer les racines des arbres à proximité, menaçant leur survie. Pour éviter des accidents, un des leviers est le partage de la connaissance sur les plantes et leurs implantations entre les différents opérateurs, mais également les élus. « Les collectivités développent de plus en plus des inventaires du patrimoine arboré, mais également des inventaires des endroits où il est possible de planter, ajoute Pauline Laïlle. L'observation de terrain est croisée avec l'encombrement de l'espace aérien et souterrain, entre autres. » La mobilisation de l'ensemble des acteurs sur le projet joue également pour beaucoup. « Un projet de plantation d'arbres ne concerne pas que le service chargé des espaces verts, mais aussi la planification – avec une avenue bien plantée ou avec un parc à proximité, le foncier prend de la valeur –, les services de la voirie, de la gestion de l'eau, etc. », estime Jérôme Champres, du Cerema.

Le réchauffement, nouveau paramètre

Un second élément doit être intégré dans le choix des essences : la résistance au changement climatique et au stress hydrique. « Certains arbres emblématiques de certaines régions françaises, par exemple le platane, dans le sud, le chêne, dans le centre, ou les pins, sur le littoral, ne seront plus forcément les mieux adaptés dans ces régions, dans une perspective de changement à moyen terme du climat », prévient Guillaume Perrin. Et sur ce plan, les connaissances sur les futurs candidats potentiels sont en train de se construire. « Nous allons subir un glissement climatique d'ici à 2050. Par exemple, Lyon connaîtra le climat de Madrid et le climat lyonnais remontera à Bruxelles, décrit Jérôme Champres, du Cerema. Nous nous orientons vers des espèces méditerranéennes, mais la palette végétale doit être modifiée progressivement, car les risques de gelée demeurent. Nous adaptons notre liste en fonction du territoire et en discutant avec les services concernés. »

La grande question qui persiste est l'identification des essences qui composeront les espaces verts de demain. « Certains micocouliers ou tilleuls pourront s'adapter au climat de 2050, mais ce ne sera peut-être pas les mêmes en termes de patrimoine génétique que ceux d'aujourd'hui, indique Pauline Laïlle. Dans l'hypothèse où nous devrons trouver des essences adaptées dans d'autres territoires, il faut le faire maintenant. Car ces individus souffrent déjà des conditions environnementales dans lesquelles ils sont installés et ne vont pas fructifier encore très longtemps. Il ne faut pas tarder à ramener des semences pour effectuer des tests. »

Autre difficulté : la disponibilité des nouvelles essences. « Peu de communes ou de collectivités disposent de leur propre pépinière. La plupart du temps, elles se fournissent dans des structures privées, qui ne proposent pas encore forcément ces nouvelles essences, constate Jérôme Champres. Le marché évolue, les pépinières aussi, mais c'est progressif. »

La nécessaire intégration des sécheresses à venir

Avec ces projections climatiques, la bonne implantation des arbres devient cruciale. « Un arbre bien planté nécessitera moins d'arrosage, il résistera mieux à la sécheresse, souligne Jérôme Champres. Les dimensions de la fosse de plantation dépendent des essences, mais ces données sont désormais bien connues. » L'arbre sera également plus résilient s'il peut se connecter « au fil d'eau » : grâce à la désimperméabilisation des espaces urbains, les précipitations pourront s'infiltrer dans les sols et garantir une meilleure alimentation et un meilleur enracinement des végétaux.

Toutefois, les premières années de sa vie, le jeune arbre, plus fragile, peut encore, dans certaines conditions, avoir besoin d'arrosages. Même une fois adulte, lors d'intenses sécheresses. « Si les conditions sont trop dures, la plupart des essences se mettent en sécurité : l'évapotranspiration s'arrête et les feuilles vont tomber pour économiser l'énergie et l'eau du végétal, explique Pauline Laïlle. Celles qui ne le font pas restent comme des robinets ouverts, vont s'assécher directement et dépérir. » La métropole de Lyon a essayé de trouver une parade pour maintenir l'évapotranspiration des arbres. Lors du réaménagement d'un boulevard urbain, la rue Garibaldi, la métropole a intégré 4 500 m2 d'îlots végétalisés et convertit une ancienne trémie (2) en un espace de récupération des eaux pluviales. L'idée : assurer, en cas de canicule, l'arrosage des espaces verts grâce à ce stock d'eau.

Dans tous les cas, pour que les villes s'appuient sur des arbres matures pour faire face à l'envolée des températures, les gestionnaires vont devoir se pencher dès à présent sur le choix des essences à implanter. « Il va falloir cultiver la culture du changement, souligne Guillaume Perrin, de la FNCCR. Et intégrer l'aspect psychosociologie : il peut être troublant pour les citoyens de voir disparaître les platanes, qui ont besoin de beaucoup d'eau, qu'ils ont toujours connus. Cela va nécessiter beaucoup de pédagogie. »

1. Services écosystémiques rendus par les arbres, modulés selon l'essence.2. Passage souterrain permettant la circulation.

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