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Actu-Environnement

Eaux usées : des mesures provisoires pour stopper les contaminations dans le bassin d'Arcachon

Urbanisation, réseau d'assainissement inadapté, le bassin d'Arcachon doit conjuguer des rejets d'eaux non traitées et leurs impacts sur l'environnement et sur les ostréiculteurs. Le tribunal de Bordeaux vient d'ordonner des mesures pour y remédier.

Eau  |    |  D. Laperche
Eaux usées : des mesures provisoires pour stopper les contaminations dans le bassin d'Arcachon

La décision était attendue, tant par les associations de protection de l'environnement que par les ostréiculteurs : le tribunal judiciaire de Bordeaux, sous l'impulsion de la fédération environnementale Sepanso Gironde (1) , vient d'ordonner des mesures provisoires pour arrêter la contamination du milieu par des déversements d'eaux usées non traitées. En cause ? Un réseau de collecte des eaux usées et pluviales inadapté aux réalités du terrain, notamment. « Les constatations effectuées par les enquêteurs ont permis d'établir, d'une part, la réalité du débordement du bassin de Titoune, situé à Lanton, bassin de rétention des eaux usées servant normalement de tampon lorsque le réseau est saturé, détaille dans son ordonnance la juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Bordeaux. D'autre part, les enquêteurs ont matérialisé sur le bassin de rétention d'Audenge des traces de pompage dans ce bassin avec rejet de l'eau usée à proximité, dans un fossé et ce jusqu'au 3 janvier 2024. »

Les huîtres, des indicateurs de contamination

Une situation que dénoncent depuis plusieurs années les ostréiculteurs. Les huîtres ont la particularité de filtrer l'eau. Lors des épidémies de gastroentérites aigües, les norovirus à leur origine se retrouvent dans le milieu. Capables de persister jusqu'à vingt-huit jours dans les eaux marines, ils se concentrent alors dans ces mollusques. Ceci d'autant plus lors du débordement des réseaux, en cas de fortes pluies. « Compte tenu des enjeux de santé publique et d'économie de la filière ainsi que des risques liés potentiellement au dérèglement climatique, qui semble accroître les pluies hivernales, le risque liés aux norovirus dans les coquillages est un sujet préoccupant pour l'avenir, a réagi l'Académie vétérinaire de France dans un communiqué, en mars dernier. Il apparaît donc nécessaire que les recommandations des instances internationales concernant l'approche "Une seule santé" soient suivies pour conforter le dispositif en place. »

En 2021, à Arcachon, à la suite de la première interdiction de commercialisation des huîtres et des palourdes, liée à des infections alimentaires à norovirus, des profils de vulnérabilité des eaux conchylicoles ont été établis et la définition d'un programme d'action a été lancée. Mais en décembre 2023, une nouvelle vague de cas de gastroentérites liées à la consommation d'huîtres entraîne une interdiction de leur vente et met à nouveau en lumière le dimensionnement inadapté du réseau d'assainissement. La fédération Sepanso Gironde avait alors adressé une requête à la procureur de la République pour que cette situation évolue.

Une obligation de construction de déversoirs d'orage et de suivi des contaminants

1 000 euros

C'est le montant de l'astreinte par jour calendaire de retard dans l'application des mesures correctives.
Dans sa décision, la juge des libertés et de la détention a ordonné la mise en œuvre de plusieurs actions correctives au Syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon (Siba) et à la société exploitante (Société du bassin d'Arcachon, ou SB2A), assorties d'une astreinte de 1 000 euros par jour calendaire de retard.

Tout d'abord, elle impose l'arrêt immédiat de tout pompage sur le bassin d'Audence puis, d'ici un mois, la réalisation d'une analyse (2) sur la base d'un prélèvement hebdomadaire dans les bassins de Lanton et d'Audenge par un laboratoire indépendant, pour suivre les différents indicateurs de la qualité de l'eau, dont la contamination fécale. D'ici quatre mois, le Siba et la SB2A devront avoir saisi la direction départemantale des territoires pour la construction de déversoirs d'orages et, d'ici six mois, avoir installé un système de dégrillage sur les bassins de Lanton et d'Audenge. « Au regard de l'importance des pollutions constatées, les mesures demandées seront prononcées pour le maximum de la durée légale autorisée (douze mois) », est-il inscrit dans l'ordonnance. L'Office français de la biodiversité devra également effectuer des contrôles récurrents.

L'aménagement du territoire pointé du doigt

Pour l'Association de défense des eaux du bassin d'Arcachon (Adeba), créée par des ostréiculteurs, le problème trouve également sa source dans l'aménagement du territoire, avec l'artificialisation des sols, mais également la diminution des fossés et petits ruisseaux « crastes » qui assurent le drainage des eaux vers la nappe. « Pourquoi les eaux pluviales ne s'évacuent-elles pas ? Cette question est certes complexe, mais la majeure partie de la réponse est : parce que la capacité d'écoulement du ruisseau, dans sa partie aval urbanisée, a été réduite au fil de toutes ces années d'urbanisation, développe l'association. Cette réduction peut avoir des causes variées : le mauvais entretien des crastes et fossés, leur comblement partiel, leur remplacement par des canalisations incapables d'assurer les mêmes fonctions ni d'évacuer les mêmes débits, sans oublier l'empiètement des murets et ouvrages divers. » Elle dénonce également une prise en compte insuffisante des zones sensibles aux remontées de nappes dans l'attribution des permis de construire et dans la réflexion pour la gestion des eaux pluviales.

1. La Société pour l'Étude et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Gironde compte une vingtaine d'associations adhérentes <br /><br />
https://www.sepanso33.org/spip.php?article20
2. DCO, DBO5, matières en suspension, azote total (organique et ammoniacal), phosphore total et Escherichia coli.

Réactions1 réaction à cet article

La viabilité de l'activité économique des ostréiculteurs du bassin d'Arcachon se trouve donc confortée par cette décision de justice prise sous l'impulsion d'une association du réseau de FNE. Qu'en disent les habituels pourfendeurs de ce réseau associatif d'utilité publique ?
Partout les professionnels de la mer souffrent des pollutions continentales, ici des rejets directs d'eaux grises totalement indignes du 21ème siècle (merci l'urbanisation débridée et le tourisme de masse ! mais tout cela rapporte tellement à une poignée d'heureux acteurs de l'économie locale...), ailleurs d'apports massifs d'effluents d'installations d'élevages industriels et de reliquats azotés de grandes cultures qui prennent les rivières et les océans pour des stations d'épuration gratuites.

Pégase | 11 avril 2024 à 22h08 Signaler un contenu inapproprié

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