La retenue d'eau dite de Caussade, construite illégalement, va-t-elle être "régularisée" ? Au vu du communique du 5 juin de la préfète de région, la question peut se poser.
L'affaire est délicate. Le projet s'inscrit dans un contexte de tensions, aussi bien humaines que sur la ressource. Le diagnostic sur le territoire montre que le déficit en eau aujourd'hui s'élève à 200-250 millions de m3 à l'étiage et pourrait atteindre entre 1 à 1,2 milliard de m3.
Porté par la Chambre d'agriculture, le projet de création et d'exploitation d'une retenue d'eau sur le ruisseau de Caussade, sur la commune de Pinel-Hauterive (Lot-et-Garonne, Nouvelle-Aquitaine) avait, après plusieurs tentatives infructueuses, finalement reçu l'aval en juin 2018 de la préfecture du Lot-et-Garonne. Cette autorisation avait ensuite été retirée par cette même préfecture à la demande des ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture.
Fin mars dernier, le Tribunal administratif de Bordeaux avait appuyé cette décision et rejeté le recours du Syndicat d'irrigation du Lot-et-Garonne contre l'arrêté préfectoral de retrait. Début mai, la préfète de département a signé un arrêté ordonnant à la Chambre d'agriculture de supprimer l'ouvrage et de remettre en état le site.
Une nouvelle approche envisagée
L'affaire pourrait désormais prendre une autre tournure. A l'issue d'une réunion en présence de la préfète de Nouvelle-Aquitaine et celle du Lot-et-Garonne, des services régionaux et départementaux de l'État, le président de la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne et son premier vice-président ainsi que du directeur de la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne, une "nouvelle approche" a été envisagée.
Au final, des orientations, "dont la prise en compte est la condition à une sortie de la situation de blocage actuelle" ont été formulées. L'Etat, à travers ses représentants, propose ainsi la réalisation d'une étude de sécurité de l'ouvrage existant et la mise en œuvre de ses conclusions. Pour mémoire, le barrage a été conçu par et avec les moyens des agriculteurs.
Il demande également la réalisation d'une nouvelle étude d'impact environnemental comportant des compléments à l'étude initiale. Ces ajouts porteraient notamment sur le volet hydrologique et la réalisation des mesures compensatoires. Enfin, il suggère la mise en œuvre d'une concertation avec l'ensemble des parties prenantes du bassin concerné. En attendant, l'Etat se dit rester attentif à l'absence de mise en eau de la retenue et d'utilisation des installations.
"Au niveau de la gestion de l'eau sur le bassin, cela pose de grosses questions, a réagi Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de l'association France Nature Environnement. Cela encourage le passage en force. Le bassin doit déjà faire face à un déficit structurel aujourd'hui. Avec le changement climatique, les débits d'étiage connaîtrons des réductions de moins 40 à 50% : nous sommes devant des investissements inutiles à des échéances courtes et qui augmentent la pression sur la ressource".