L'usine d'Alteo produit depuis 1893 de l'alumine à partir de la bauxite, selon le procédé Bayer de dissolution de l'alumine par de la soude, procédé mis au point quelques années auparavant. Depuis 1966, l'usine de Gardanne (13) bénéficie du droit de rejeter les résidus du traitement de la bauxite "à une profondeur de 230 m dans le canyon de Cassidaigne, en plein cœur marin", rappelle le rapport annuel 2013 du Parc national des Calanques. Cette autorisation prévoit la fin de tout rejet en mer de matières en suspension au 31 décembre 2015, conformément à l'arrêté préfectoral de 1996.
Outre l'optimisation de son procédé d'extraction afin de réduire les volumes des résidus, la société a anticipé cette échéance réglementaire en investissant sur son site dans un système de déshydratation par filtre presse. L'objectif est de récupérer toutes les matières en suspension de l'effluent industriel. Trois filtres permettront de traiter l'intégralité des résidus et d'extraire un résidu solide. Ce dernier, baptisé Bauxaline sera stocké à terre, mais il fait également l'objet de recherches afin de le valoriser.
Valoriser la Bauxaline
Pour une production d'alumine d'environ 500.000 tonnes, volumes prévus pour 2015, l'usine prévoit de récupérer 340.000 tonnes de Bauxaline. Même si elle a prévu suffisamment de place pour stocker l'équivalent de 25 années de production, Alteo espère bien en valoriser une bonne partie : 130.000 tonnes. Depuis 2010, la Bauxaline est utilisée pour le réaménagement de centres d'enfouissement de déchets (11.500 tonnes en 2010, 84.000 tonnes en 2011). D'autres marchés sont envisagés : remblais et couche de soubassement pour les travaux publics, comblement de galeries de mines et de carrières, renforcement de digues.
D'autres pistes de valorisation sont étudiées et trois applications sont "particulièrement prometteuses" en Europe selon Alteo : la déphosphatation de l'eau, la dépollution des sols et le traitement d'effluents acides contaminés par des métaux.
Incertitude sur le rejet des résidus liquides
Si la société semble avoir répondu techniquement à l'interdiction de rejet en mer des résidus chargés en matière en suspension, elle attend toujours l'autorisation officielle s'agissant des effluents liquides (en sortie de filtre à presse). Le conseil d'administration du Parc national des Calanques a donné son autorisation à la poursuite pendant 30 ans des rejets. Le ministère de l'Ecologie semble plus réservé : Ségolène Royal a indiqué en septembre dernier que l'autorisation de rejets liquides ne sera pas accordée en l'état et a demandé que les exigences accompagnant l'autorisation soient renforcées.