Le choix de ce site permet au groupe français des services à l'environnement de démarrer la phase opérationnelle du programme de recherche qu'il avait lancé en 2005 et de lancer les études géologiques préliminaires, en partenariat avec Geogreen, société commune entre l'IFP, le BRGM et Géostock. Rappelons que cette jeune société, crée le 30 août dernier, est spécialisée dans les services d'ingénierie dédiés au transport et au stockage géologique de CO2.
Encore au stade expérimental, le captage et le stockage du CO2 constituent actuellement une voie de recherche en complément d'actions d'efficacité énergétique et de diversification des sources d'énergie pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Un rapport du Groupe International d'Experts sur le Climat (GIEC) publié en septembre 2005 a examiné le rôle qu'il pouvait jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sa principale application réside dans la réduction des émissions de CO2 dues à la production d'électricité à partir de combustibles fossiles - essentiellement charbon et gaz. La technologie peut en outre s'appliquer aux secteurs qui émettent beaucoup de CO2 comme la cimenterie, le raffinage, la sidérurgie, la pétrochimie ou la transformation du pétrole et du gaz. Selon le rapport, ces technologies pourraient abaisser de 30 % ou plus le coût de la lutte contre les changements climatiques. De plus, le stockage du CO2 dans des formations géologiques pourrait représenter 15 à 55 % de la totalité des réductions d'émissions requises (entre 220 et 2 200 milliards de tonnes de CO2) d'ici à 2100 pour pouvoir stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Vers une multiplication des expérimentations ''grandeur nature''
Depuis deux ans des avancées notables ont été réalisées sur le plan technologique et industriel notamment sur le captage du CO2, étape la plus coûteuse de la chaîne technologique. Différentes expérimentations de captage et stockage du CO2 sont menées au niveau international notamment aux États-Unis, au Japon, en Europe.
En France, le site de Claye Souilly sera le deuxième site expérimental de capture et de stockage de CO2. En février 2007, Total avait en effet lancé la phase d'étude d'ingénierie d'un projet de captage et de stockage géologique de CO2 similiaire dans le bassin de Lacq dans le sud-ouest de la France. Les premières injections de CO2, à 4.500 mètres de profondeur, sont prévues en novembre 2008, pour atteindre jusqu'à 150.000 tonnes de CO2 en deux ans.
Pour Veolia, qui rappelle que dans le cadre de son paquet du 23 janvier 2008, « Climate action », la Commission européenne mentionne le captage et stockage géologique du CO2 comme une des techniques principales permettant de contribuer aux objectifs mondiaux de réduction des gaz à effet de serre, la réalisation de ce pilote de démonstration permettra d'améliorer les connaissances sur le sujet. L'objectif est de rendre disponible cette solution le plus rapidement possible.
La Commission vient d'ailleurs de proposer un cadre réglementaire à cette technologie. Certains obstacles qui entravaient à son développement devraient ainsi être levés : les lignes directrices de l'UE portant sur l'autorisation des Etats membres à financer des secteurs ont été étendues afin de permettre l'introduction de la technologie CSC. En outre, le CO2 capturé et stocké sera calculé comme « non émis » au titre du système européen d'échange d'émissions (système européen ETS).
Une technologie encore jeune et chère
Toutefois cette technologie, qui ne devrait être déployée industriellement qu'à partir de 2020, se heurte encore à des coûts relativement élevés dont le montant global comprenant le captage, la compression, le transport et le stockage, est évaluée entre 40 et 70 $US par tonne de CO2 alors que l'objectif est d'atteindre un plancher de 20 à 30 euros la tonne, un coût qui serait compatible avec le cours espéré de la tonne de CO2 sur le marché européen d'échange de quotas d'émissions. Elle se heurte aussi à l'incertitude concernant le comportement du CO2 dans les structures géologiques pendant des milliers d'années. Une fois séquestré, le principal risque est la fuite du CO2, accompagnée d'une pollution locale due à un taux de CO2 excessif. Le BRGM travaille ainsi à la définition de critères de sécurité du stockage, indispensables pour garantir un impact proche de zéro sur les personnes, les biens et l'environnement que ce soit à court et moyen terme (50 ans) qu'à long terme (1.000 ans). Les travaux portent par exemple sur le confinement du gaz, l'étanchéité des réservoirs, ou encore l'impact du gaz sur les roches.
En outre, confrontés à des besoins croissants en énergie, les pays en fort développement se tournent vers le charbon. Les centrales se multiplient alors que la technologie du captage et du stockage du CO2 n'est qu'en phase de test. Or plus de la moitié des dernières centrales construites récemment ne sont pas conçues pour recevoir une installation de CCS.