Une étude menée par des scientifiques du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), parue ce 22 juin dans la revue Nature Communications, analyse l'impact des activités humaines sur les stocks de carbone dans les sols. À travers la synthèse de 230 méta-analyses, représentant 25 000 expérimentations, elle tire plusieurs enseignements sur les effets de l'usage des terres, des pratiques agricoles et du changement climatique sur le carbone organique du sol.
Les chercheurs ont identifié les pratiques agricoles les plus vertueuses parmi les 50 analysées, soit celles augmentant les stocks de carbone dans les sols : l'apport de matières organiques exogènes, tel le biochar ou charbon de bois (+ 66 %) ; et l'agroforesterie et les cultures pérennes (+ 20 %). Ces pratiques limitent donc les pertes de carbone associées au changement d'usage des sols. Alors qu'une forêt convertie en terre de cultures annuelles est associée à - 32 % de carbone organique dans les sols, ce taux est moindre avec la mise en place d'agroforesterie (- 12 %) et de cultures pérennes (- 6,7 %). « Si le contexte local est primordial pour évaluer l'effet et la faisabilité des options de stockage de carbone dans le sol, cette étude montre qu'il y a des options prometteuses, souligne Julien Demenois, coauteur de l'étude et chargé de mission du Cirad pour l'initiative 4 pour 1000. Les auteurs pointent également l'importance de préserver les forêts, les zones humides et les prairies permanentes, des écosystèmes « qui ont des stocks élevés de carbone par hectare ».
Dernier enseignement de l'étude : les effets indirects du changement climatique, comme les feux de forêt, ont un impact plus fort sur le carbone des sols que ses effets directs, tels l'augmentation des températures. En revanche, ces derniers impactent l'ensemble des terres émergées.
Les chercheurs appellent à des études complémentaires pour combler le déficit de connaissances et identifier d'autres pratiques vertueuses. Déjà, 116 milliards de tonnes de carbone ont été relarguées par les sols dans l'atmosphère à cause de l'usage des terres, impactant leur rôle dans les services écosystémiques, comme la régulation du climat.