L'avis de la conférence citoyenne initiée par l'Andra concernant la prochaine phase industrielle pilote (Phipil) du Cigéo de Bure (Meuse) est tombé. Il a été approuvé et publié par l'Agence le 10 juillet dernier. Cet avis, rédigé par 17 citoyennes et citoyens tirés au sort et consultés depuis le 28 mai, comporte plusieurs recommandations dont le but est d'enrichir le dossier de demande d'autorisation de création (DAC) du Cigéo, avant son dépôt en 2022. L'Andra devrait présenter cet automne la manière dont elle les prendra en compte.
Dans cette dizaine de demandes et préconisations, la principale concerne sans doute la modalité de validation de la DAC. Les 17 citoyens demandent à ce que la DAC ne soit pas validée par décret du premier ministre – comme prévue par la loi – mais à la suite d'une consultation du Parlement. Parmi leurs autres recommandations phares, ils conseillent à l'État français de sanctuariser les fonds alloués au Cigéo par les entreprises productrices des déchets radioactifs en question. L'État pourrait ainsi s'en porter garant « au cas où les producteurs seraient défaillants ou disparaissent ».
En outre, l'avis de la conférence citoyenne préconise de nombreuses mesures pour renforcer le volet radiologique du projet. Il demande, notamment, la réalisation d'un « état zéro » épidémiologique de référence auprès des habitants du territoire accueillant le Cigéo et de ses voisins. Parallèlement, les citoyens consultés par l'Andra soutiennent la mise en place d'analyses radiologiques régulières des eaux évacuées par le Cigéo et l'intégration des riverains et des salariés des sous-traitants dans le suivi radiologique. D'autres demandes relèvent d'une meilleure classification des volumes et types de déchets ou encore de l'accessibilité à une information « pluraliste » (notamment, de la part d'ONG) pour les établissements scolaires de la région.
En somme, « le groupe reste divisé quant à son niveau de confiance sur le projet de stockage géologique profond, concluent les citoyens dans leur avis officiel. La phase industrielle pilote devrait être un moyen pour établir la confiance dans ce projet de grande ampleur et elle doit le prouver. » Pour rappel, la Phipil devrait se dérouler sur 5 à 10 ans, dès le début du stockage profond de déchets radioactifs, et déterminer la poursuite ou l'abandon de leur enfouissement.
