Créée en 1994, la Cosmetic Valley est devenue pôle de compétitivité en 2005. Elle compte actuellement 470 entreprises dont 80 % de PME. La Cosmetic Valley, qui représenterait 60 % du chiffre d'affaires global de l'industrie française de la beauté, bénéficie notamment du soutien de collectivités territoriales issues de 7 départements : Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Loiret, Loir-et-Cher, Eure, Val d'Oise et Yvelines.
Favoriser les initiatives par l'exemple
Pour Alban Muller, président de la Cosmetic Valley, cette charte d'éco-responsabilité ne constitue pas un label supplémentaire. ''Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Ici, on ne juge pas les entreprises'', explique-t-il. Il faut dire que depuis le début des années 2000, l'éco-responsabilité est devenue une opportunité d'innovation, de différenciation et de croissance pour les sociétés. ''L'adoption de ce type de stratégie permet d'attirer les meilleurs employés et de parvenir à une acceptabilité sociale des produits et des sites concernés'', rappelle Sylvie Faucheux, présidente de l'université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
La charte développée par la Cosmetic Valley affiche un objectif de progrès continu en favorisant l'exemplarité des bonnes pratiques. Cette démarche, a priori inédite au sein d'un pôle de compétitivité, a mobilisé tous les membres de la Cosmetic Valley. Sylvie Faucheux estime donc que la charte ne représente pas une ''simple opération de communication et de marketing''. Un enthousiasme également partagé par Chantal Jouanno. ''La charte de la Cosmetic Valley est à l'image des principes écologiques que nous portons'', assure la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
Une implication progressive des signataires
Les candidatures des entreprises s'effectuent site d'activité par site d'activité. La progression dans le respect des critères comprend 4 niveaux matérialisés par des pivoines. L'envoi du formulaire d'inscription permet à l'entité participante de recevoir une première pivoine, symbole de son ''engagement''. Les niveaux ''maîtrise'', ''exemplarité'' et ''excellence'', mesurés par un audit extérieur, se traduisent respectivement par l'attribution de 2, 3 ou 4 pivoines. La reconnaissance des actions menées repose sur une base déclarative, excepté pour le dernier niveau qui suppose une visite sur site d'un cabinet d'experts.
Des cosmétiques plus ''verts'' ?
Les indicateurs intégrés dans la charte concernent l'environnement, l'offre de produits, les relations sociétales et les systèmes de management. Sont notamment évoqués la consommation d'eau et d'énergie, le recyclage des déchets, le respect de la biodiversité, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, la formation des salariés et la nature des matières premières.
La réglementation européenne REACH, en vigueur depuis le 1er juin 2007, impose à l'industrie d'évaluer et de gérer les risques suscités par les produits chimiques. Elle devrait donc améliorer les connaissances sur la toxicité ou l'innocuité des substances employées dans les cosmétiques, à l'origine de nombreux débats. Parabens, éthers de glycol, phtalates et autres matières sont souvent décriées par les associations de protection de l'environnement et des consommateurs. Si les cosmétiques conventionnels en font encore un usage régulier, le président de la Cosmetic Valley se veut rassurant : ''nous consentons à beaucoup d'efforts pour répondre aux objectifs de REACH. La fabrication de produits 100 % naturels fait également partie de nos projets''. Reste que la charte n'a rien de commun avec la charte Cosmébio ni les autres labels bio.
Et qu'en est-il des emballages ? Les emballages plastiques, qui sont notamment employés dans les produits d'hygiène et les cosmétiques, représentent 40 % des matières plastiques consommées en France et en Europe. Malgré tout, l'industrie de la beauté se défend d'en abuser. Selon une étude conduite par Eco-Emballages et la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), les emballages des cosmétiques ne représenteraient que 4 pour mille du tonnage des ordures. Marc-Antoine Jamet, du groupe LVMH, précise que ''les emballages sont nécessaires, ils font partie du rêve. Nous devons néanmoins les réduire''.
Le développement durable au service de la croissance
Avec cette charte, la Cosmetic Valley entend démontrer l'implication de la filière parfumerie-cosmétique en matière de développement durable. Gérard Larcher, président du Sénat et maire de Rambouillet, reconnaît toutefois que cette initiative n'est pas totalement désintéressée : ''la charte s'inscrit dans un contexte de croissance verte''. Et de revisiter la définition du développement durable : ''si nous devons respecter la nature, le développement durable s'entend nécessairement au service de l'être humain''.