Eco TLC, l'éco-organisme en charge de la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) pour les textiles d'habillement, le linge de maison et les chaussures, a réuni, ce mercredi 29 janvier, les acteurs du tri des vêtements usagés qui s'intéressent au tri optique. Aujourd'hui, selon une étude réalisée par Terra pour le compte de l'éco-organisme, la technologie est mature, éprouvée et abordable. Si les acteurs sont confiants, il reste toutefois à identifier les applications les plus pertinentes, élaborer des dispositifs de tri adaptés aux textiles et bâtir des modèles économiques.
Construire des bibliothèques de textiles
L'étude de Terra a permis d'établir un état de l'art du tri optique et un panorama des projets développés en Europe en matière de tri des textiles. Premier constat général : l'utilisation du tri optique ne semble pertinente qu'après avoir effectué un premier tri manuel, notamment en vue du réemploi des habits réutilisables. Son apport concerne essentiellement l'identification rapide et précise de la matière, voire de la couleur. Un bémol toutefois : les textiles doivent être propres et sec, faute de quoi les lecteurs n'identifient pas la matière.
D'un point de vue technique, les professionnels s'orientent vers l'utilisation de la spectroscopie dans le proche infrarouge, une technique déjà répandue pour le tri automatisé des déchets d'emballages plastique. Sur la base de la structure chimique de chaque matière, cette technologie permet de déterminer la nature exacte du textile : coton, laine, polyester, polyamide, acrylique, viscose... Il est aussi possible de trier des matières plus complexes à base de mélanges de fibres. Dans l'absolu, tous les tris sont envisageables, dès lors que le spectre électromagnétique de la matière à séparer est connu. Le premier enjeu est donc la création de bibliothèques qui associent à chaque matière son spectre. C'est techniquement simple, mais long à réaliser compte tenu de la multitude de textiles existants.
Des défis restent à relever
Si la technique est connue et éprouvée, sa mise en œuvre concrète pose certains défis. Le premier tient à la nature des matières textiles : beaucoup de mélanges et des matières en très faible proportion ou parfois très proches (par exemple, le coton et la viscose sont tous deux composés de cellulose). Pour l'instant, de bons résultats ont été obtenus sur le tri de matières « pures ».
Une deuxième série de défis concerne la technologie elle-même. Le tri optique permet une reconnaissance des matières en surface, ce qui pose problème pour les textiles composés de matériaux superposés. Ensuite, la détection peut être rendue difficile par certains traitements de surface des tissus. Dans le même esprit, certains pigments noirs rendent impossible l'identification de la matière.
Enfin, reste le défi économique. Pour résoudre l'équation économique, il faut d'abord ajuster au mieux le niveau de tri. Plus on attend une séparation précise et des lots sans impuretés, plus les coûts s'élèvent. Il faut ensuite s'assurer de débouchés rémunérateurs pour la matière triée. En clair, il faudra trouver un équilibre entre les approvisionnements en textiles usagés et les attentes des principaux marchés : fil (mono matière ou en mélange), textiles non tissés, composites, ou combustibles solides de récupération (CSR).
Trois approches du tri optique
Une autre approche a été développée avec le projet hollandais Fibersort qui utilise une technologie développée par Valvan pour trier des pullovers en fonction de la composition de la fibre et de la couleur. Cette fois-ci, l'éjection des pulls se fait perpendiculairement au tapis de convoyage, ce qui permet de multiplier les flux en allongeant le tapis. En combinant quatorze critères, il est possible d'obtenir 45 sorties différentes. Autre différence : la machine travaille sur des pulls entiers. Le dispositif expérimental peut traiter environ une tonne par heure, pour un coût de fonctionnement de 150 euros par heure…
La dernière approche est totalement différente. Il s'agit d'utiliser le tri optique comme une aide au tri manuel. Deux dispositifs sont en développement : un capteur sur lequel on passe le textile à identifier (entreprise Acal BFI) et un pistolet de lecture (Iosys). À chaque fois, le dispositif indique la matière au trieur qui place lui-même les textiles dans les bons bacs. Cette démarche est reprise par le projet Telaketju qui vise, à terme, une généralisation du dispositif dans toute la Finlande. En Allemagne, le projet Resyntex, développe aussi une approche semi manuelle.