Pour relayer son parc nucléaire, partiellement à l'arrêt, la France va pouvoir compter sur le charbon, jusqu'à la fin du mois. Ce dimanche 6 février, le ministère de la Transition écologique a publié un décret rehaussant exceptionnellement le plafond des émissions de gaz à effet de serre pour les installations de production d'électricité à partir de combustibles fossiles, jusqu'au 28 février 2022. Cette dérogation concerne principalement les centrales des sites de Saint-Avold (Moselle) et de Cordemais (Loire-Atlantique).
Concrètement, elle les autorise à émettre jusqu'à une kilotonne d'équivalents dioxyde de carbone par mégawatt (kteCO2/MW) d'électricité produite. Cela correspond à environ mille heures de fonctionnement, contre sept cents heures annuellement en temps normal. À partir du 1er mars prochain et jusqu'à la fin de l'année, le plafond sera ensuite rabaissé à 0,6 kteCO2/MW (ou six cents heures de fonctionnement). De plus, le décret prévoit qu'à compter du 1er janvier 2023, le plafond restera une nouvelle fois fixé à 0,7 kteCO2/MW.
Cet appel renforcé aux centrales à charbon vient « compenser » l'arrêt de 17 des 56 réacteurs nucléaires de l'Hexagone, en décembre dernier. Redoublant de vigilance quant à la sécurité d'approvisionnement de la France, le gestionnaire du réseau électrique, RTE, avait alors suggéré de prolonger l'activité des centrales à charbon pour « faire face à une (possible) vague de froid tardive ». Néanmoins, sur la base des dernières prévisions météorologiques, il a récemment assuré qu'une telle éventualité restait peu probable.
Cette dérogation a été décriée par de nombreux citoyens, au cours de sa phase de consultation jusqu'au 20 janvier dernier. « Une partie des contributeurs indiquent que ce décret est le constat de l'échec de la politique du gouvernement visant à privilégier les énergies renouvelables [au détriment du nucléaire ; NDLR], tandis qu'une autre partie estime que ce relèvement du seuil est contraire aux engagements climatiques de la France, énonce la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) dans une synthèse. D'autres soulignent, par ailleurs, la crainte que cette modification règlementaire ne se reproduise, in fine, tous les ans, au détriment de la politique climatique. »