Un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de la Transition écologique passe en revue le parc des voitures détenues par les personnes morales publiques et privées. Celui-ci représente un enjeu de taille pour progresser dans l'atteinte des objectifs environnementaux français. En effet, alors qu'elles ne représentent que 11 % du parc français, "les flottes des personnes morales ont généré, en 2017, plus de la moitié des immatriculations annuelles de véhicules particuliers neufs", relève le CGDD. Or, les personnes morales revendant rapidement leurs voitures aux particuliers. Une augmentation des ventes de voitures propres pourrait donc accélérer la diffusion des nouvelles technologies à l'ensemble du parc automobile.
Alors que le parc des voitures des particuliers est bien connu, peu d'information sont disponibles sur celui des entreprises et administrations. Pour y remédier les services du ministère de la Transition écologique ont donc mené une enquête auprès de 240 entités représentatives. L'objectif est de connaître les pratiques d'acquisition et les usages des entreprises, "en vue d'adapter les politiques publiques pour favoriser une diffusion plus rapide des véhicules propres", explique le rapport (1) publié en août 2019.
79 % de voitures diesel
L'enquête montre que les véhicules des personnes morales sont récents, avec un âge moyen de 3,8 ans, et sont conservés en moyenne 4,8 années. Ils parcourent en moyenne 26.000 km par an. Mais leur utilisation varie beaucoup selon les motorisations (35.600 km pour une voiture diesel, 8.700 km pour une essence et 20.700 km pour une électrique) et les milieux d'utilisation (le kilométrage journalier maximum est de 115 km en milieu urbain, 200 km en milieu péri-urbain et 165 km en milieu rural).
Le CGDD constate que le parc des personnes morales est diésélisé à 79 % (contre 69,6 % pour l'ensemble des voitures circulant en France). Quant aux motorisations alternatives, "elle ne représentent que 4 % du parc (3 % de véhicules électriques et 1 % de véhicules hybrides essence), ce qui n'est pas significatif vu la taille de l'échantillon". Pour autant, le CGDD retient quelques enseignements. Tout d'abord, les motorisations alternatives sont présentes dans les secteurs de l'administration (4,5 % de voitures électriques) et des services (5,3 %). Ces motorisations sont absentes des structures moyennes et plus présentes dans les petites et grandes structures : les structures de 0 à 2 salariés et celles de plus de 50 salariés détiennent respectivement 6,6 % et 6,2 % de motorisations alternatives. Enfin, elles sont privilégiées en zone urbaine (11% en zone urbaine contre 0 et 1% en zone rurale et péri-urbaine), tout comme les véhicules essence (28 %).
Les mesures réglementaires suivies de près
Sans surprise, le CGDD explique ces chiffres par des critères de choix des véhicules qui restent centrés sur le coût (le coût d'achat reste le premier critère, suivi de la consommation) et les besoins liés aux métiers. "Dans les grands parcs, l'aspect environnemental est davantage perçu, mais souvent en lien avec la fiscalité, notamment avec l'impact du CO2 sur les montants de taxe sur les véhicules de société (TVS)", note l'étude. Quant à la motivation strictement environnementale, elle reste quasi absente : 8 % des gestionnaires prennent en compte les émissions de CO2 (en tant que telles, en dehors de leur implication fiscale) et seulement 4 % d'entre eux regardent les émissions polluantes (4 %).
Comment développer l'usage de motorisations alternatives dans les parcs de voitures d'entreprise ? Les mesures plébiscitées par les gestionnaires de flotte sont les aides financières à l'achat et le développement de bornes de recharge. Mais l'étude met aussi en avant la sensibilité des gestionnaires aux mesures règlementaires. C'est particulièrement vrai concernant les restrictions de circulation : "Je compose aujourd'hui la flotte qui va rouler encore jusqu'en 2021, le diesel sera limité dans les grandes villes. Je me positionne en avance pour éviter d'avoir un parc obsolète quand la règlementation tombera et pour pouvoir continuer à travailler dans les grandes métropoles", explique un gestionnaire de flotte.