Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Gabriel Attal défend une écologie à la française

À l'Assemblée nationale, le Premier ministre s'est fait le chantre d'une écologie populaire et non punitive, sans autres perspectives qu'un allègement des normes et de maigres mesurettes en matière d'environnement ou de climat.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Gabriel Attal défend une écologie à la française

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a eu beau mentionner les doutes des Français quant à l'avenir de la planète et sa volonté d'accélérer la transition écologique. Il a eu beau évoquer le dérèglement climatique qui « nous frappe, plus dur, plus fort, plus souvent », citer « un environnement plus respirable » parmi les quatre appels à l'action entendus selon lui de la part des Français, difficile de trouver une vision construite de l'écologie dans son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, ce mardi 30 janvier. Pas plus que de nouvelles pistes pour améliorer la biodiversité, protéger les écosystèmes ou accélérer la décrue des émissions de gaz à effet de serre.

Alors que l'évocation d'autres questions, comme l'école ou la santé, a été suivie d'annonces concrètes et précises, souvent assorties d'un calendrier, le domaine environnemental, lui, n'aura eu droit qu'à deux mesures pour le moins marginales : l'institution d'un service civique écologique et la mobilisation à venir des 50 sites les plus consommateurs d‘emballages plastique, afin de les inciter à réduire leur impact, à l'instar de l'action de décarbonation menée avec les 50 sites les plus émissifs de France.

L'environnement version AOC

Se satisfaisant du « bilan solide » de ses prédécesseurs et reprenant la terminologie du président de la République, le Premier ministre s'est au contraire fait le chantre d'une « écologie populaire », « à la française », « non punitive », non douloureuse, à rebours de celle qui, selon lui, « rimait avec nécessité plus qu'avec réalité », avant 2017, ou de celle qui passerait par la décroissance. « On ne fera pas l'écologie contre le peuple », a-t-il affirmé, en ajoutant à titre d'exemple que, pour beaucoup, « la voiture est gage de liberté », mais sans ouvrir aucune piste un peu substantielle.

“ On ne fera pas l'écologie contre le peuple ” Gabriel Attal, Premier ministre

Évoquant de manière vague son ambition de continuer à développer les énergies renouvelables, Gabriel Attal a très vite glissé avec beaucoup plus d'enthousiasme vers le sujet du nucléaire. « J'assume d'être à la tête d'un gouvernement pro-énergie nucléaire », a-t-il rappelé, avant de réaffirmer la promesse d'investissements massifs dans les programmes consacrés au sujet. En termes d'adaptation au changement climatique, la moisson n'aura pas été plus riche. Seul projet précis au programme : une évolution du régime de catastrophe naturelle, afin que les territoires les plus à risque ne soient pas abandonnés.

De la souveraineté à la chasse aux normes

Axant essentiellement son discours sur la reconquête de la souveraineté française et européenne, la « matrice de son action », le chef de l'exécutif aura surtout insisté sur la nécessité d'une simplification tous azimuts des normes et des procédures sans offrir aucune garantie qu'elle ne se ferait pas aux dépens de l'écologie. Partant du principe que « trop de délais, c'est moins de projets », Gabriel Attal a ainsi révélé son dessein d'une nouvelle loi « Industrie verte », qui réduirait notamment les modalités de consultation du public en demandant à la Commission nationale du débat public (CNDP) de concentrer ses travaux uniquement sur « des projets d'envergure nationale ».

Même approche pour la question du logement, surtout abordée sous l'angle de l'offre et de la demande. Avec l'ambition de « déverrouiller » le secteur et de « créer un choc d'offres », le Premier ministre a annoncé sa volonté de réviser les normes et les diagnostics de performance énergétique (DPE), sans plus de précisions, de faciliter la densification, de lever les contraintes sur le zonage et d'accélérer les procédures. À cette fin, vingt territoires engagés pour le logement devraient être listés dans deux semaines et expérimenteront cette nouvelle méthode pour y créer 30 000 logements d'ici trois ans. Pas de nouvelles mesures en faveur de la rénovation énergétique, en revanche, si ce n'est une simplification de l'accès à MaPrimRénov'.

La thématique des territoires n'a pas été évoquée autrement. Ces derniers bénéficieront à l'avenir d'une meilleure différenciation et d'une adaptation des normes, a assuré Gabriel Attal. Même vision encore pour ce qui concerne l'agriculture. « Il doit y avoir une exception agricole française », a-t-il avancé, en critiquant, là encore, « l'empilement des normes » et « les décisions qui tombent d'en haut ». Dès cette semaine, l'ensemble des départements français pourront négocier avec les préfets l'abrogation de certains arrêtés, comme cela a été fait en Haute-Garonne. Le Premier ministre a par ailleurs insisté sur son désir de faire respecter les clauses miroir, de se battre à l'échelle européenne contre l'obligation de mettre en place des jachères dans le cadre d'une coalition de vingt-deux pays et d'inscrire dans la loi l'objectif de souveraineté alimentaire. « Un discours au parfum des trente glorieuses », estime France Nature Environnement. Pour le Réseau Action climat, le Premier ministre « est passé à côté du sujet ».

Réactions11 réactions à cet article

Si jeune et pourtant déjà si vieux dans sa tête : G. Attal perpétue méthodiquement la tradition de l'écologie low cost ! A coups de dérégulation, de trahisons des français (l'exemple de l'enterrement des conclusions de la convention citoyenne pour le climat - entre autres virages à 180° des promesses électorales - est parfaitement révélateur) et d'actions contre l'environnement (et celles et ceux qui s'en préoccupent), ce gouvernement institutionnalise et grave dans son marbre la primauté des intérêts financiers à court terme sur tout le reste.
Comment s'étonner ensuite que les français en âge de procréer, face à l'écoanxiété que ces politiques suicidaires génèrent, soient de moins en moins nombreux à désirer mettre au monde des enfants ?! Les gesticulations d'E. Macron et de M. Le Pen visant à "réarmer démographiquement la France" font juste office de repoussoir. Car les jeunes sont de plus en plus nombreux à comprendre que ces exhortations de ces élites ne visent qu'à regarnir des bataillons de consommateurs lobotomisés si essentiels pour le cash flow des grands groupes que nos gouvernants cajolent et, peut-être un jour prochain, des bataillons d'infanterie chair à canon (les temps sont hideusement propices...).

Pégase | 31 janvier 2024 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié

Pégase, je plussoie. Quelle tristesse.

Cheyenne83 | 31 janvier 2024 à 11h47 Signaler un contenu inapproprié

Sous des atours "djeuns" et branchés, le macronisme, libéralisme mâtiné de saupoudrage social, se mue toujours plus en un affairisme et populisme démagogique et caricatural dont il emprunte tous les poncifs: antiécologisme primaire, pseudo valorisation du travail qui cache mal une lutte, non contre la pauvreté, mais contre les pauvres, instrumentalisation des enjeux de société pour alimenter les lobbys industriels (tel le recours à davantage de nucléaire dont les résultats sont attendus dans 20 ans comme réponse au changement climatique ici et maintenant!).
Après avoir mis en oeuvre l'écologie punitive qu'il dénonce (et qui a donné les Gilets Jaunes, réprimés sauvagement), il basarde carrément l'écologie par dessus bord, faisant mine de ne pas comprendre que le problème ce n'est pas la punition mais les catégories auxquelles elle s'adresse! Mais entre cibler les ultrariches et les multinationales et abandonner toute ambition en la matière, le pouvoir à choisi!

BIB57 | 31 janvier 2024 à 11h49 Signaler un contenu inapproprié

"Je crois à une agriculture durable... d'ailleurs les agriculteurs seraient les premières victimes des pesticides mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture.. ."
Dans le collimateur du chef de l'Etat, les distorsions de concurrence à l'intérieur de l'Europe.
"La France ne considère pas avoir une obligation dans la préservation de l'environnement. La France considère avoir une impérieuse obligation de résultat. On n'est plus dans l'incantation, on est dans la décision. " Et puis ensuite
"A quoi sert-il d'imposer à nos agriculteurs et à nos éleveurs des règles de traçabilité si, dans le même temps, l'Europe devait accepter l'importation de produits d'autres pays qui ne respectent aucune règle de réciprocité. Je n'accepterai pas cette façon de faire. La planète est notre bien commun. C'est ensemble que nous allons la préserver ." Et enfin "l'environnement, "ça commence à bien faire" lache-t-il lors d'une table ronde au salon de l'agriculture.
Est-ce de Mr. Attal ? Non, de Mr. Sarkozy en 2011. Bref, en plus de dix ans, on n'a pas avancé d'un pouce. Les gouvernements se succèdent et, comme dans la chanson, font "trois pas en avant, trois pas en arrière, trois pas..." Il est vrai que Mr. Macron n'a d'autre conseil à recevoir que ceux de son prédécesseur.

JMLESU | 31 janvier 2024 à 11h52 Signaler un contenu inapproprié

lire ici que les renoncements de nos décideurs risqueraient "d'engendrer" la fin du lapinisme m'inciterai plutôt à en re-demander. Hélas personne (je parle de tous les hommes politiques) pour poser la question qui me semble fondamentale : "quand est-ce qu'on arrête notre croissance de la population, quand est-ce qu'on essaie de penser un modèle économique à partir de cette nécessité de décroître en nombre ?

veroù | 31 janvier 2024 à 16h43 Signaler un contenu inapproprié

CNR du Conseil National de la Résistance vers le Conseil National de la Refond ... non ... de la Régression ...

Fred-Aouste | 31 janvier 2024 à 17h09 Signaler un contenu inapproprié

C'est bien clair que nos dirigeants ne sont pas des magiciens, au moins c'est réaliste, on ne peut pas faire grand chose. Sinon il y a les gourous, autrefois les prêtres, pour les miracles, et le bonheur dans l'autre monde.
A la vérité, fin janvier 2024, j'ai du tondre les pelouses, cela avait déjà trop poussé.
Fin janvier 2024! La faute à qui ?

28plouki | 31 janvier 2024 à 17h22 Signaler un contenu inapproprié

@Pegase
Il ne s'agit pas de faire de l'écologie "low cost" mais de la VRAIE écologie, celle qui apporte un plus substantiel à notre qualité de vie, et pas celle basée sur de l'idéologie (antinucléaire par ex.) ou de l'incompétence (celle de technocrates hors sol qui se délectent à majorer des normes européennes déjà délirantes).
Les exemples d'écologie punitive qui n'apporte rien (comme les ZFE, la lutte contre les bassines, l'obligation de jachères...) sont légion.
Il faut que les mesures soient discutées et évaluées au plus près du terrain, avec des gens concernés et des responsables locaux, en évitant toutefois de faire du "populisme" come la CCC (la fameuse convention citoyenne)

studer | 31 janvier 2024 à 21h37 Signaler un contenu inapproprié

Quand je travaillais dans l'industrie, fabriquer des produits pour des clients, on prenait la décision avec la direction, ensuite les techniciens discutaient des détails et là, cela pouvait durer des heures, mais la décision était prise.
Alors bien sûr on pouvait écrire des pages de normes, ce qui ne changeait rien au produit fabriqué, juste pour le contrôle.
Il faut des limites, comme dans des dimensions, des tolérances, et là ça peut discuter des jours sur des millièmes de mm, mais si on s'enferme dans ces discussions, c'est juste politique, pour contrer l'autre. C'est aux dirigeants de dire stop, fin de la partie, or là ce n'est pas fait, manque d'autorité, peur de n'être pas un bon démocrate. Le terme est démagogie, il ne présage rien de bon.

28plouki | 01 février 2024 à 11h27 Signaler un contenu inapproprié

@ studer
"Il faut que les mesures soient discutées et évaluées au plus près du terrain [...]" : "grâce" aux dernières manifestions extrêmement agressives du monde agricole (largement récupérées par l'agrobusiness afin de pousser au maximum ses intérêts propres, qui ne sont pas nécessairement ceux des premiers...), le premier ministre vient précisément de signifier qu'il n'y a plus dans ce pays aucun espace de débat en matière de choix de modèle agricole autre que l'industriel voulu par la FNSEA. Voyez plutôt : une brigade Demeter de la Gendarmerie pour surveiller, intimider et enquêter sur les citoyens dont la tête dépasse un peu trop du troupeau de moutons souhaité par l'agrobusiness, de nouveaux textes qui réduisent fortement les possibilités pour le citoyen de contester des équipements dévolus à l'agriculture industrielle (les bassines en constituent le cas d'école), d'autres textes pour alléger au profit des exploitations agricoles industrielles les normes agri-environnementales, un mise au pas des agents de l'OFB afin de ne plus trop mettre son nez dans les exploitations agricoles, etc.

Cela fait déjà trop longtemps que la société doit faire face à une modèle agro-industriel agressif, prédateur de biens communs (eau, sols, biodiversité, fonds publics, ...) et rouleau compresseur de tout ce qui est sur son chemin (paysannerie en premier chef). Mais, désormais, toutes des digues ont cédé, les (400) chevaux sont lâchés et le gouvernement instaure l'agriculture punitive.

Pégase | 06 février 2024 à 12h09 Signaler un contenu inapproprié

Les jachères ne sont pas "punitives" ! Elles sont nécessaires! Puis, je crois qu'elle ne représentaient que 4% des terres.... Punitives ?!

Erikk | 19 février 2024 à 16h47 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Nadia Gorbatko

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires