Mettre à jour certaines données ne conduit pas toujours à surestimer les hypothèses établies sur le changement climatique. Parfois, heureusement, l'inverse se produit. Pour preuve, une nouvelle étude (1) , parue le 6 décembre dans la revue Nature, revoit à la hausse la capacité des océans à stocker du dioxyde de carbone (CO2).
Des chercheurs chinois, américains et français se sont plus précisément intéressés à réévaluer l'ampleur de la « pompe biologique » océanique, l'un des principaux processus naturels de séquestration du carbone. Celle-ci s'appuie principalement sur le cycle de vie du phytoplancton, un groupe de micro-organismes fonctionnant à partir de la photosynthèse et donc du carbone capté par l'océan depuis l'atmosphère. Au fur et à mesure de son développement, une partie des organismes composant le phytoplancton se constitue une gangue de tissus calcifiés, « enfermant » le carbone capté sous forme de calcaire, ou carbonate de calcium (CaCO3), avant de mourir et de tomber au fond de l'océan au-delà de la zone photique (où passe encore la lumière nécessaire à la photosynthèse).
La nouvelle modélisation des chercheurs, s'appuyant un corpus de données océanographiques collectées à travers le globe depuis les années 1970, chiffre la capacité de stockage de cette « pompe biologique » à environ 15 milliards de tonnes de CO2 par an. Cela représente une estimation « près de 20 % supérieure aux estimations présentées dans le dernier rapport du Giec » (11 milliards de tonnes, dans le premier volet, publié en 2021, de son sixième rapport). Les chercheurs tiennent cependant à rappeler que « ce processus d'absorption s'opère sur des dizaines de milliers d'années, et qu'il n'est donc pas suffisant pour contrebalancer l'augmentation exponentielle d'émissions de CO2 engendrée par l'activité industrielle mondiale depuis 1750 ».