Une autre preuve du réchauffement climatique a été mise en évidence : depuis trois décennies, les jours se réchauffent plus que les nuits. Cette conclusion émane d'une étude (1) publiée le 8 novembre dans la revue Nature Communications et menée par des chercheurs de Suède, des États-Unis et de Chine.
En matière de température, la logique veut qu'elle soit plus élevée dans une région donnée le jour, lorsque le Soleil rayonne, que la nuit. Cette différence peut cependant varier au fil des années. Depuis les années 1950 et jusqu'à très récemment, les mesures de température de surface effectuées un peu partout sur la planète suggéraient une plus forte accélération du réchauffement des températures la nuit que le jour. Or, l'analyse publiée en novembre dernier montre le contraire, un renversement de ce « phénomène de réchauffement diurne asymétrique ». Entre 1961 et 1990, les nuits se réchauffaient plus rapidement que les jours (avec un écart de 0,08°C en moyenne par décennie) sur 76 à 81 % de la surface terrestre. Puis, entre 1991 et 2020, cette tendance s'est inversée pour 52 à 70 % de la planète (avec une différence de 0,06°C de plus, le jour, par décennie).
Une variation non sans conséquence
Cette nouvelle tendance coïncide avec deux autres phénomènes. D'une part, selon les chercheurs, « depuis le milieu des années 1980, les données météorologiques montrent une réduction du taux de couverture nuageuse en moyenne au niveau mondial (tandis qu'elles traduisaient) une augmentation durant les années 1960 et au début des années 1970 », souvent identifiée comme un « assombrissement global ». Une moindre couverture nuageuse renforce l'absorption terrestre du rayonnement solaire. Elle peut résulter d'une plus forte concentration de gaz à effet de serre ou d'aérosols atmosphériques. Et d'autre part, l'augmentation de la fréquence et de la durée des sécheresses et des canicules à travers le monde a réduit les capacités d'évaporation naturelle de la surface terrestre, laquelle conduit à baisser la température lorsque le jour s'éteint.
Les conséquences d'un tel écart ne sont, par ailleurs, pas anodines. La survie et la croissance des végétaux peuvent notamment en pâtir. « L'augmentation des températures le jour accentue leur évapotranspiration, les obligeant pour survivre à relâcher davantage d'eau et de minéraux nécessaires à leur croissance durant la nuit », soulignent les chercheurs. Ces derniers comptent justement consacrer leur prochaine étude à estimer l'ampleur exacte de ce type d'effet.