
''Le réacteur [numéro 1 de Fessenheim] est apte à être exploité pour une durée de dix années supplémentaires après ce troisième réexamen'' à condition de respecter 40 prescriptions, dont deux majeures concernant le renforcement du radier et la création d'une source alternative de refroidissement. C'est la décision prise par l'Autorité de sûreté nucléaire ce lundi 4 juillet.
La troisième visite décennale du réacteur numéro 2 de Fessenheim a démarré en avril 2011. L'ASN prévoit une prise de position fin 2012.
''Les stress tests posent des questions plus extrêmes donc on peut s'attendre à des conclusions plus extrêmes et peut-être à des conditions d'exploitation plus sévères. Il y a clairement un rendez-vous à la fin de l'année'', a déclaré André-Claude Lacoste, président de l'ASN. Interrogé sur la pertinence de l'avis rendu ce jour, ce dernier a affirmé : ''nous nous sommes posé la question de rendre un avis unique mais nous avons jugé préférable de distinguer les deux positions car elles ne relèvent pas du même processus''.
Renforcer le radier et ajouter une source de refroidissement
La visite décennale porte sur deux points : un examen de conformité destiné à examiner en profondeur l'état de l'installation et la réévaluation de sûreté.
La réévaluation de sûreté vise à apprécier la sûreté de l'installation et à l'améliorer au regard des exigences applicables à des installations plus récentes, de l'évolution des connaissances ainsi que du retour d'expérience national et international. L'ASN s'est intéressée à 21 thèmes techniques couvrant la gestion des accidents graves, les études probabilistes de sûreté, le confinement des réacteurs, les agressions internes et externes, les études d'accidents et de leurs conséquences radiologiques, la conception des systèmes et des ouvrages de génie civil et la gestion du vieillissement de l'installation.
''Les modifications matérielles définies lors de la phase d'étude du réexamen de sûreté et destinées à élever le niveau de sûreté du réacteur ont en grande majorité été mises en œuvre pendant la troisième visite décennale du réacteur (…), les autres devant être mises en place au cours des prochaines années'', précise l'ASN.
Ainsi, EDF devra renforcer le radier du réacteur avant le 30 juin 2013, ''afin d'augmenter sa résistance au corium en cas d'accident grave avec percement de la cuve''. Le corium est un mélange de combustible entré en fusion avec la gaine de combustible. À Fessenheim, le radier a la particularité d'être plus fin que celui des autres réacteurs du parc français : 1,5 mètres contre 2,5 à 3 mètres. L'intervention est jugée délicate par André-Claude Lacoste, qui estime qu'elle n'a jamais été réalisée à ce jour sur un réacteur en fonctionnement.
L'ASN demande également la mise en œuvre de dispositions techniques de secours permettant l'évacuation durable de la puissance résiduelle en cas d'accident grave de fusion du cœur. Autrement dit : une source de refroidissement supplémentaire doit être installée avant le 31 décembre 2012. En 2009, Fessenheim avait dû faire face à une perte partielle de source froide.
D'autres prescriptions concernent le combustible, la tenue au séisme, la piscine de stockage, le risque d'explosion.
L'ASN attend désormais les propositions d'EDF pour se conformer à ses prescriptions. Celle sur le radier est attendue pour fin 2011.
Six défauts de génie civil
L'examen de conformité est décliné en dix thématiques : retour d'expérience de l'inondation de la centrale nucléaire du Blayais en 1999, risque d'incendie, génie civil, tenue du tube transfert du combustible entre les bâtiments réacteur et combustible, ancrages, supportage des chemins de câble, ventilation, séisme, opérabilité des matériels mobiles appelés dans les procédures de conduite incidentelle et accidentelle et risque de criticité.
''L'ASN considère comme satisfaisantes les dispositions prises par EDF à la suite de l'examen de conformité. Des études complémentaires sont néanmoins nécessaires concernant le génie civil sans toutefois remettre en cause l'aptitude à la poursuite d'exploitation du réacteur'', note la décision. Six défauts de génie civil sont à résoudre d'ici fin 2012.