
L'évolution de la situation à la centrale de Fukushima dépend actuellement d'un élément clé : la décontamination des quelque 110.000 m3 d'eau radioactive accumulés sur le site de la catastrophe. En premier lieu, cette étape est indispensable pour permettre l'accès des travailleurs aux bâtiments hébergeant les réacteurs en perdition afin d'y rétablir le circuit de refroidissement. Ensuite, l'injection de l'eau retraitée dans le système temporaire de refroidissement, établissant ainsi une "boucle fermée", est essentiel pour limiter l'accumulation d'eau radioactive sur le site et son déversement vers le Pacifique. Le plan de stabilisation présenté par Tepco le 17 avril, prévoyait que ces opérations soient achevées en trois mois, soit d'ici mi-juillet. Si, à deux semaines de l'échéance, le délai semble difficile à tenir, deux bonnes nouvelles attestent cependant que ce processus suit son cours sans inflexion majeure.
L'eau ne s'accumule plus
Première bonne nouvelle, Tepco annonce que, malgré plusieurs arrêts imprévus, l'usine de traitement de l'eau radioactive, construite par Areva et l'américain Kurion et mise en route le 17 juin, fonctionne correctement.
Le 23 juin, Goshi Hosono, qui suit l'évolution de la situation pour le gouvernement japonais, déclarait que l'usine "[traite] plus d'effluents que le volume d'eau nouvellement contaminée" et que "les risques de débordement ont baissé." Ainsi, près de 5.000 m3 d'eau auraient été retraités depuis le début de l'opération. À terme, l'usine devrait traiter environ 1.200 m3 par jour, alors que 500 m3 d'eau s'ajoutent quotidiennement au volume accumulé sur le site.
"Un système comme celui-là devrait prendre un an pour être construit" a expliqué Goshi Hosono, soulignant la rapidité de sa mise en œuvre. De même, si la mise en route a été émaillée d'arrêts, le responsable gouvernemental a indiqué qu'en temps normal les réglages d'une telle installation nécessitent deux mois de travail.
Autre bonne nouvelle, la mise en œuvre d'une boucle fermée, avec l'injection de l'eau décontaminée dans le système de refroidissement provisoire des trois réacteurs, a débuté le 27 juin. Comme pour l'usine de traitement, cette opération a dû être rapidement interrompue suite à une fuite. Cependant, selon l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa), l'installation fonctionne maintenant sans interruption depuis mardi après-midi.
Une couverture PVC
Reste que ces progrès importants, s'ils valident en partie la stratégie défendue par l'opérateur, n'occultent pas les difficultés rencontrées par ailleurs. En particulier, malgré les mesures prises depuis plusieurs semaines, le confinement de la radioactivité reste problématique. Le programme de stabilisation de Tepco prévoyait de limiter la dispersion aérienne des particules radioactives en vaporisant de la résine sur les installations pour les fixer sur place. Or, cette option n'est pas suffisamment efficace, obligeant l'opérateur à modifier son programme.
Depuis le 27 juin, Tepco a entrepris la construction d'une "couverture" du réacteur 1. Selon le rapport présenté le 24 juin, il s'agit de construire une structure métallique qui surplombe le bâtiment réacteur pour y fixer des membranes imperméables en PVC qui retiendront les particules radioactives. Cette couverture protégera aussi le réacteur des intempéries, limitant ainsi l'accumulation d'eau qui pourrait remettre en cause le travail entrepris par ailleurs pour évacuer l'eau stagnante. Enfin, cela permettra de mieux évaluer les dégâts en mesurant la concentration des matières radioactives qui s'accumuleront entre le bâtiment et la couverture.
Avec une hauteur de 54 m et des largeurs allant de 42 à 47 m selon les côtés, la tache s'annonce ardue. D'autant plus que l'édifice devra résister à la saison des typhons et à l'accumulation de neige. Si les travaux se déroulent comme prévu, le confinement de la radioactivité devrait être effectif à la fin du mois de septembre, voire fin novembre au plus tard. Or, le programme de stabilisation faisait de la limitation de la dispersion de la radioactivité, l'une des trois priorités du premier trimestre. Un objectif qui ne sera donc vraisemblablement pas atteint.
Quant aux réacteurs 2, 3 et 4, ils devraient être couverts dans un second temps. En l'occurrence, un niveau d'humidité de l'ordre de 99% interdit l'accès au bâtiment du réacteur 2 et les alentours des réacteurs 3 et 4 doivent encore être déblayés avant d'entreprendre la construction de la couverture.
Une amélioration précaire de la situation des piscines
Enfin, la situation des piscines contenant le combustible usé reste précaire. Le système d'injection de secours a permis d'abaisser la température de l'eau de la piscine du réacteur 2 à un niveau proche d'une situation normale. La piscine du réacteur 4 a, quant à elle, été étayée avec des piliers en acier afin de prévenir un risque d'effondrement.
Cependant, de nombreux assemblages ont chuté au fonds des bassins, menaçant ainsi de percer les piscines. Une menace qui ne pourra être écartée avant que le combustible usé ne soit totalement retiré des piscines.