La Norvège met le cap sur l'exploration minière des fonds marins. Les élus du Storting, le parlement norvégien, ont adopté, ce mardi 9 janvier, la proposition révisée du gouvernement local en ce sens. « Nous allons pouvoir désormais nous intéresser à comment organiser l'exploitation de la plus durable des manières », a néanmoins déclaré Terje Aasland, le ministre de l'Énergie et du Pétrole, à l'origine de cette action.
Le bénéfice de la compromission
L'intérêt du royaume scandinave pour l'exploitation minière des fonds marins s'est matérialisée, le 20 juin 2023, par la soumission au parlement d'une décision gouvernementale visant à autoriser l'exploitation commerciale des fonds de plusieurs zones maritimes. Celle-ci concernait environ 280 000 kilomètres carrés partagés dans l'océan Arctique entre les mers de Norvège et du Groënland, à l'ouest et la mer de Barents, au nord. L'État norvégien souhaitait alors octroyer des licences à des entreprises privées sur le modèle de ce qui se fait déjà dans le domaine de l'activité pétrogazière offshore.
Un rejet international
« Que la Norvège désire ouvrir la voie à une nouvelle industrie extractive dans l'un des écosystèmes les plus fragiles est profondément inquiétant, souligne Anne-Sophie Roux, la porte-parole française de l'ONG américaine Sustainable Ocean Alliance. Le fait que les premières licences d'exploitation devront être validées par le parlement est le seul point positif de cette adoption. » La Coalition pour la conservation des fonds marins, un réseau international d'associations environnementales engagées sur ce sujet, pointe également le rejet de l'opinion internationale. Elle rappelle que « 119 eurodéputés ont envoyé une lettre au parlement norvégien pour lui demander d'empêcher cette initiative et 500 000 citoyens du monde entier en ont fait de même à travers la pétition lancée par l'ONG Avaaz, tandis que plus de 800 chercheurs soutiennent un moratoire mondial sur la question ».
L'initiative norvégienne, tournée vers la fourniture des matières premières et de métaux critiques notamment nécessaires à la transition énergétique, s'inscrit à la suite d'une non-décision de l'Assemblée générale de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), en juillet 2023. Cette dernière a préféré ne pas autoriser la délivrance de permis d'exploitation avant qu'un code minier ait été adopté au préalable. Celui-ci devra être élaboré d'ici à 2025. En attendant, la proposition d'une « pause de précaution », soutenue notamment par la France (elle-même partisane de l'interdiction totale de l'exploitation des fonds marins), sera examinée durant l'été prochain.