Le Gouvernement est désormais connu. Le président de la République, Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, ont retenu quinze membres : douze ministres et trois ministres délégués. En matière d'environnement, le Premier ministre conserve la planification écologique et énergétique et Christophe Béchu reste ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. De même, s'agissant des portefeuilles connexes, Bruno Le Maire conserve le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et Marc Fesneau celui de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Les secrétaires d'État ne sont pas encore nommés.
Quasiment quinze ans à Roquelaure
Parmi les points les plus discutés, figure le départ d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique depuis mai 2022. Parallèlement, l'entourage de Bruno Le Maire a expliqué au Figaro (1) que le ministre de l'Économie « absorbe, dans le décret d'attribution à paraître, le ministère de l'Énergie qu'occupait précédemment Agnès Pannier-Runacher ». Cette annonce, si elle est confirmée, marque « la fin du "super ministère de l'Écologie" [puisque] le ministère de la Transition énergétique est supprimé et son administration devrait être rattachée au ministre de l'Économie », analyse l'avocat Arnaud Gossement (2) . Les décrets d'attributions devraient préciser quel ministère est chargé des questions climatiques, notamment de l'adaptation et des négociations internationales.
En l'occurrence, le retour de l'administration chargée de l'énergie dans le giron de Bercy marque un retour à l'avant-2008. Cette année-là, en mars, à l'occasion d'un remaniment du gouvernement « Fillon 2 », Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie depuis juin 2007, obtient seul le pilotage de la politique énergétique qui, depuis mai 2007 faisait l'objet d'une compétence partagée avec Bercy. Depuis quinze ans, en dehors de la parenthèse « Fillon 3 » (de novembre 2010 à mai 2012) et la nomination d'Éric Besson au ministère de l'Industrie et de l'Énergie, Roquelaure a toujours conservé les compétences en matière d'énergie.
Un dossier écartelé entre deux ministères
Le WWF critique lui aussi le rattachement de l'énergie au ministère de l'Économie, qui constitue « un recul de quinze ans ». Et d'interroger : « Comment le Premier ministre pourra-t-il encore prétendre être en charge de la planification écologique et de la planification énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés ? » L'ONG juge cela d'autant plus « inquiétant » que la décision est prise alors que doit être bouclée la stratégie énergie-climat française (un point aussi mentionné par Greenpeace).
Avant-dernier rang ministériel
Parmi les autres éléments marquants de ce nouveau gouvernement, figure le recul du ministère de la Transition écologique, qui passe du sixième au onzième et avant-dernier rang ministériel. « Christophe Béchu est relégué au fond de la classe », raille Agir pour l'environnement, qui voit dans le recul du ministre dans l'ordre protocolaire les traces de « la polémique sur les "dévendeurs" ». Quant au WWF, il « prend note du maintien de Christophe Béchu, gage de stabilité », même si « sa relégation à l'avant-dernier rang des ministres [l']interpelle ». Pour Greenpeace, le symbole est clair : « Le climat ne sera pas la priorité de ce nouveau gouvernement. »
Bien sûr, Matignon conserve la planification écologique, ce qui tend à remettre au premier plan les questions environnementales. Mais, cela « ne fait guère illusion et c'est bien à une relégation des questions écologiques à laquelle nous assistons avec ce gouvernement », estime Agir pour l'environnement. Greenpeace note d'ailleurs que « Gabriel Attal (…) n'a même pas eu un mot pour l'écologie lors de son premier discours en tant que chef du gouvernement ».
Marc Fesneau reste à l'Agriculture
Côté agriculture, la FNSEA adresse « ses félicitations à Marc Fesneau, reconduit dans ses fonctions » et « [salue] le maintien de l'intitulé "souveraineté alimentaire" ». « La FNSEA a entendu la volonté du Premier ministre de poser les conditions permettant à la France de "reprendre [son] destin en main" et engage Marc Fesneau à faire sienne cette ambition pour le secteur agricole. » À l'inverse, Agir pour l'environnement déplore que « le ministre du glyphosate, des néonicotinoïdes et des OGM, Marc Fesneau, connaît une promotion protocolaire, passant du neuvième au sixième rang ».
Enfin, la démission du gouvernement Borne en début de semaine marque aussi la fin des fonctions de deux ministres délégués et de trois secrétaires d'État rattachés à Christophe Béchu : Patrice Vergriete, ministre délégué chargé du Logement ; Dominique Faure, ministre délégué chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité (aussi rattaché au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer) ; Hervé Berville, secrétaire d'État chargé de la Mer ; Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Ville ; Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Biodiversité.