L'information judiciaire sur le pesticide Gaucho, ouverte en 2001 à la suite d'une plainte de 350 apiculteurs auprès du tribunal de grande instance de Paris, s'est soldée par un non-lieu, le 1er avril dernier, a annoncé l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). Celle-ci précise, dans un communiqué, qu'elle a fait appel de cette ordonnance.
La plainte des apiculteurs portait sur des faits de tromperie, d'escroquerie et de destruction du bien d'autrui (le cheptel apicole). Le juge d'instruction a justifié sa décision de non-lieu par le fait que "la communauté scientifique n'a pas démontré l'existence d'un lien de causalité entre l'introduction du Gaucho dans les cultures agricoles et l'augmentation de la mortalité des abeilles".
Pour l'Unaf, "alors que la plupart des pays européens exercent une vigilance particulièrement accrue en raison des graves désordres que cause à l'environnement l'utilisation de ces produits néonicotinoïdes sur leur territoire, l'ordonnance de non-lieu intervient à contre temps et à contre sens de la législation et de la connaissance scientifique".
Mis sur le marché par le groupe Bayer, cet insecticide qui enrobe les semences est interdit en France depuis 1999 pour le tournesol et depuis 2004 pour le maïs. L'Union européenne a interdit son utilisation en 2012. Sa substance active, l'imidaclopride, est suspectée d'être neurotoxique pour les abeilles. Elle fait d'ailleurs partie des trois néonicotinoïdes suspendus pour deux ans, depuis le 1er décembre 2013, par la Commission européenne. Cette décision a été fondée sur un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui pointait du doigt les risques que représentent ces substances actives pour les abeilles.