« Transparence, principe de précaution, suivi sanitaire et environnemental : je l'avais annoncé, le comité pour la transparence et le dialogue sur Lubrizol est désormais installé », se félicite Édouard Philippe. Les ministres en charge de l'environnement, de la santé et de l'agriculture ont en effet installé cette instance ce vendredi 11 octobre à Rouen, suite à l'incendie de l'usine Lubrizol le 26 septembre dernier.
« Ce comité réunira l'ensemble des acteurs concernés par les conséquences de cet incendie : habitants, élus, industriels, associations environnementales, représentants du monde agricole, organisations professionnelles et syndicales, acteurs économiques, services de l'État et de santé, etc. Il aura pour objectif de suivre dans la durée tous les enjeux liés aux conséquences de cette catastrophe industrielle, et de partager l'ensemble des informations disponibles », expliquent les ministres.
Le président du Fonds de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE), Joël Limousin, a indiqué ce vendredi sur franceinfo que Lubrizol acceptait d'indemniser les agriculteurs victimes des retombées polluantes de l'incendie à hauteur de 50 millions d'euros. « L'usine Lubrizol joue le jeu et accepte d'indemniser les plus de 3 800 exploitations agricoles touchées, toutes productions confondues, c'est une bonne chose », a réagi Christiane Lambert, présidente de la FNSEA sur BFMTV. Dans un premier temps, l'indemnisation ne devrait toutefois concerner que 453 éleveurs laitiers contraints de jeter leur lait. « Cette solution répond à notre demande de voir s'appliquer le principe du pollueur-payeur, réagit de son côté la Confédération paysanne. (…) Elle reconnaît la responsabilité directe et première de Lubrizol et ne devra donc en rien dégager la responsabilité juridique de l'entreprise en cas d'actions judiciaires intentées contre elle ».
« Pour le lait, tous les prélèvements étaient négatifs », a indiqué le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume. Une autorisation de commercialisation du lait « quelques heures après l'installation du comité (…) et avant même que l'Anses ait rendu son avis [sur l'évaluation des risques] » serait inadmissible, prévient l'association Robin des bois. « Au-delà de cette évaluation, qui sera par nature imprécise car elle ne prendra pas en compte d'éventuels effets de synergie entre les différents polluants, il convient de mettre en place un vrai système de biosurveillance de suivi épidémiologique au long cours de la population et des milieux... quelles que soient les conclusions de l'évaluation de l'Anses ! », réagit l'ONG Générations futures.
Par deux premiers avis en date du 4 octobre, l'Anses et l'Ineris ont jugé pertinentes les premières listes de substances surveillées par les services de l'État mais ont demandé des surveillances complémentaires, notamment sur les organismes aquatiques et sur les produits alimentaires. Le 10 octobre, la préfecture a annoncé que les trois campagnes de prélèvements dans les suies n'avaient pas révélé de « présence significative de dioxines dans l'environnement ». Les services de l'État annoncent deux nouvelles campagnes de prélèvement. Pour Robin des bois, les surveillances dans les denrées alimentaires « doivent être effectuées pendant au moins un an ».
