En 2012, la France a été la première exportatrice nette d'électricité en Europe de l'Ouest, à hauteur de 44 TWh, indique la Commission de régulation de l'énergie (CRE) dans un rapport sur les interconnexions en 2012. A une exception près : l'Allemagne nous fournit plus d'électricité qu'elle ne nous en achète.
De plus, si elle exporte plus qu'elle n'importe, la France est très dépendante des apports en électricité des ses voisins européens, en raison notamment du caractère thermosensible de sa consommation. En février 2012, mois particulièrement froid, la France a battu un record de consommation d'électricité (102 GW) et est devenue importatrice nette de courant.
"Les capacités d'importation, qui représentent 8 à 10% de la consommation maximale, facilitent le passage de ces pointes de consommation, en ayant recours aux surplus d'électricité des pays frontaliers, dont la consommation est moins « thermosensible »", analyse la CRE, ajoutant : "Les importations d'électricité se sont même révélées indispensables pour garantir la sécurité d'approvisionnement des consommateurs français et éviter les délestages et les « blackouts » lors de [cette] vague de froid ".
Davantage de flexibilité sur les marchés
Les volumes exportés représentent 15% de la consommation nationale. Malgré des niveaux importants en 2012, les exportations sont en baisse de 20% par rapport à 2011, où elles représentaient 55,7 TWh. "Cette baisse du solde exportateur net s'explique en partie par le renversement des échanges sur la frontière allemande, avec un solde redevenu importateur net à 8,8 TWh, après avoir été exportateur net de 2,2 TWh en 2011".
En 2011, la décision allemande de sortir progressivement du nucléaire a conduit à l'arrêt de 8 réacteurs. Dans un premier temps, l'Allemagne a du importer davantage d'électricité pour compenser l'arrêt de ces centrales. Mais en 2012, il y eu un renversement de tendance, "notamment lié au développement continu des énergies renouvelables, qui contribue à tirer les prix de gros de l'électricité sur les marchés outre-Rhin vers le bas". Mais pas seulement : "La baisse du prix du charbon et du CO2, ancrés dans les fondamentaux du prix de l'électricité en Allemagne" participent à la baisse des prix.
Avec la Suisse, si le solde exportateur net est positif (17,6 TWh), il est en diminution par rapport à 2011 (25,2 TWh). La raison ? Les exportations ont diminué en même temps que les importations augmentaient.
En revanche, la France exporte davantage vers la Belgique, qui a du fermer temporairement deux réacteurs nucléaires. Le solde exportateur net a doublé entre 2011 et 2012, passant de 6 à 12 TWh.
Des coûts d'approvisionnement réduits
"Outre leur contribution en termes de sécurité d'approvisionnement, les interconnexions permettent de bénéficier de la complémentarité des parcs de production en Europe et du foisonnement des pointes de consommation", observe la CRE. Ils permettent également une meilleure intégration des énergies renouvelables (ENR) et ce, à un coût inférieur, grâce aux réserves d'ajustement, aux moyens de production flexibles ou aux moyens de stockage.
Le couplage des marchés doit également permettre "aux fournisseurs d'électricité de s'approvisionner au moindre coût en utilisant les sources de production les moins chères, au bénéfice du consommateur final". Ainsi, le couplage des marchés entre la France, le Benelux et l'Allemagne en 2010 aurait permis d'économiser environ 50 M€/an en termes de coûts d'approvisionnement. La CRE estime qu'en 2012, si l'ensemble des marchés riverains de la France étaient couplés, ces coûts auraient été réduits de 110 M€.
L'Europe est sur la voie de cette intégration des marchés, qui devrait être achevée d'ici 2014. De nombreux projets sont en cours pour atteindre cet objectif, dont les couplages avec le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Ils "devraient permettre d'améliorer considérablement l'efficacité des échanges aux frontières, et avoir un impact significatif en termes de diminution des coûts d'approvisionnement en énergie, de constitution des réserves ou de facilitation de l'intégration des énergies renouvelables", estime la CRE.