Lundi 16 octobre, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé que 29 réacteurs nucléaires de 900 et 1.300 mégawatts (MW), répartis sur dix centrales, sont affectés par un risque de perte de la source froide. Plusieurs portions d'un circuit de refroidissement essentiel pour la sûreté des installations sont rouillées. Cette corrosion est à l'origine d'"un état dégradé avec des épaisseurs inférieures à l'épaisseur minimale requise pour assurer leur résistance au séisme", explique l'ASN.
L'ASN classe l'incident au niveau 2 de l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (Ines) qui compte huit niveaux (de 0 à 7). En cas de séisme important, l'ensemble des parades ne pourraient pas être mises en œuvre pour ces 20 réacteurs, "alors la fusion du cœur ne pourrait pas être évitée à terme", explique l'avis de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) pour justifier ce classement Ines élevé. Par ailleurs, l'ASN ajoute que neuf autres réacteurs répartis sur quatre centrales (Il s'agit des centrales de Cruas, Paluel, Saint-Alban et Tricastin.) sont aussi concernés dans une moindre mesure (incident classé niveau 0 de l'échelle Ines).
C'est la troisième fois cette année que l'autorité classe à un tel niveau un incident concernant les réacteurs d'EDF. En juin, elle avait annoncé qu'un incident générique affectait les groupes électrogènes de secours à moteur diesel des 20 réacteurs de 1.300 MW implantés sur 8 centrales nucléaires. Fin septembre, elle a imposé à EDF de mettre à l'arrêt "dans les délais les plus courts" les quatre réacteurs de la centrale de Tricastin (Drôme). Cet arrêt a été décidé en prévention du risque de rupture d'une partie de la digue du canal de Donzère-Mondragon en cas de fort séisme.
EDF indique que les travaux de mise en conformité des équipements ont été réalisés ou le seront d'ici fin novembre.
Le nouvel incident annoncé ce mardi concerne le circuit de refroidissement des réacteurs. En cas de séisme, les tuyauteries des systèmes d'alimentation en eau du réseau de protection contre l'incendie et de filtration d'eau brute pourraient rompre et entraîner une inondation des centrales concernées. Les pompes du circuit d'eau brutes secourues seraient alors indisponibles. Ce circuit, constitué de deux lignes redondantes, sert à refroidir le circuit de refroidissement intermédiaire qui assure le refroidissement de l'ensemble des matériels et fluides des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur. Il est censé fonctionner en permanence, y compris lorsque le réacteur est à l'arrêt, afin d'assurer, entre autres, le refroidissement de la piscine de stockage du combustible.
Le problème a été initialement détecté par EDF dans la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher). Les inspections complémentaires, réalisées par EDF à la demande de l'ASN, ont mis en évidence des défauts similaires sur neuf autres centrales.
L'avis de l'ASN précise que dix des 29 réacteurs concernés ont fait l'objet d'une réparation provisoire ou définitive. Neuf autres sont en situation d'arrêt et font l'objet de réparations qui seront finalisées avant leur redémarrage. Les dix derniers fonctionnent actuellement. Ils disposent d'au moins une voie du circuit d'eau brute de refroidissement résistant au séisme et la deuxième voie est en cours de réparation.