Ce mardi 18 février, l'ONG Générations futures a publié un rapport qui alerte sur la présence « importante » de substances pesticides dans l'air ambiant, suspectées d'être des perturbateurs endocriniens (PE) ou cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Générations futures s'est d'abord appuyée sur la base des données « PhytAtmo », établies en décembre 2019 par ATMO France, la fédération des associations régionales de surveillance de la qualité de l'air (AASQA).
La base de données recense, à ce jour, quinze années de mesures des pesticides dans l'air en France, de 2002 à 2017, par les AASQA, près des zones agricoles et en ville. Pas moins de 321 substances actives sont recherchées sur 176 sites. Toutefois, François Veillerette, directeur de Générations futures, a pointé « les limites » de cette base de données fournie par ATMO, où la liste de molécules recherchées n'était pas la même selon les AASQA, allant de « 20 à 180 molécules ». L'association a réalisé deux analyses différentes complémentaires en prenant en compte les données de recherches des substances retrouvées dans l'air par les AASQA en 2017, réalisées dans six régions (Grand-Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Centre-Val de Loire et Corse). Ceci lui a permis de déterminer la proportion des analyses quantifiées de substances pesticides PE suspectées et CMR.
Une majorité de PE retrouvée
En 2017, les AASQA ont détecté, sur un total de 1 633 analyses de molécules, la présence de 52 substances actives de pesticides, « retrouvées au moins une fois dans l'air d'une des régions étudiées ». La seconde analyse, entreprise par Générations futures, s'est concentrée sur les recherches les plus récentes menées, par les AASQA, dans chaque département de douze régions. Cette analyse portant sur « la France entière » met en évidence 104 substances actives (pour un total de 4 622 molécules analysées) également retrouvées « au moins une fois dans l'air d'un des départements étudiés ».
Parmi les substances pesticides les plus retrouvées, François Veillerette a cité le lindane, interdit en France depuis 1998, et qui reste « très persistant » dans l'environnement. Figure aussi le chlorpyrifos, dangereux pour le développement de l'enfant, qui a été interdit dans l'Union européenne depuis le 31 janvier 2020. M. Veillerette a aussi ajouté le folpel, pesticide classé cancérogène, qui est utilisé dans la vigne. « Ces résultats témoignent du fait que l'air est une voie d'exposition réelle des populations à des pesticides PE et/ou CMR. Ceci est particulièrement préoccupant pour les groupes vulnérables que sont les riverains des zones cultivées, particulièrement exposés », prévient M. Veillerette.
Fin octobre 2019, l'Agence nationale Santé publique France a lancé, avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la première phase de l'étude « PestiRiv », destinée à mieux connaître l'exposition aux pesticides des personnes vivant en zone viticole. Cette étude nationale sera déployée en 2021. Actuellement, les pesticides dans l'air ne font pas l'objet d'une réglementation spécifique, rappelle M. Veillerette, qui plaide pour la mise en place rapide d'une norme.