L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s'est finalement prononcée en faveur de la poursuite de l'exploitation du réacteur n°2 de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin).
En France, le code de l'environnement impose en effet que l'exploitant d'un réacteur nucléaire réalise tous les dix ans un réexamen de la sûreté de son installation, sur la base duquel l'ASN prend position.
Si, à l'issue de ce troisième réexamen, l'Autorité ne s'oppose pas au maintien du réacteur, elle demande en revanche des prescriptions supplémentaires.
De la même manière que pour le réacteur n° 1, l'ASN exige en effet un renforcement de la résistance du radier au corium ainsi que la mise en place d'un refroidissement de secours. Elle a fixé la date limite pour l'achèvement de ces deux chantiers au 31 décembre 2013 et vérifiera leur mise en œuvre effective.
Le gendarme du nucléaire a également formulé des prescriptions complémentaires ou spécifiques au réacteur n° 2.
Ainsi, pour améliorer la protection contre les inondations d'origine externe, et dans le cadre des réflexions post Fukushima, l'ASN appelle au renforcement significatif des marges de sûreté au-delà du dimensionnement de l'installation et notamment contre l'inondation induite par la défaillance d'équipements internes au site sous l'effet d'un séisme.
Concernant les inondations d'origine interne, l'ASN estime que certains locaux adjacents au bâtiment réacteur n° 2 doivent être mieux protégés contre les inondations pouvant se produire à la suite de ruptures d'ouvrages d'eau sur le site.
Compléter la mise en place des matériels antidéflagrants
Pour maîtriser le risque d'explosion interne, EDF a amélioré l'aération, la détection de la présence d'une atmosphère explosive et la mise en place de dispositifs de confinement automatiques. "Toutefois, la totalité des matériels antidéflagrants prévus n'a pas pu être mis en place lors de l'arrêt pour troisième visite décennale du réacteur n° 2 de Fessenheim", souligne l'ASN.
Elle a demandé à EDF d'achever la mise en place de ces matériels avant fin 2013.
Autre point à compléter : le référentiel proposé pour garantir l'exhaustivité de l'identification des locaux concernés par le risque d'explosion d'origine interne ainsi que les hypothèses associées à la concentration en hydrogène dans certains locaux.
Selon le gendarme du nucléaire, EDF s'est penchée sur la question des accidents de perte totale de source froide et de perte des alimentations électriques externes et leur conséquence sur l'installation, ainsi que les dispositions de gestion d'un accident grave. Toutefois, le gestionnaire du site doit "développer les éléments techniques relatifs à l'aide à l'utilisation des mesures de détection du percement de la cuve et du risque hydrogène destinés à guider au mieux les équipes de crise et justifier le choix de l'emplacement des recombineurs auto-catalytiques passifs d'hydrogène instrumentés (par un thermocouple) dans le bâtiment réacteur".
Modifier la troisième barrière de confinement
Concernant le confinement en situation post-accidentelle, et notamment la troisième barrière de confinement, l'institution prescrit à EDF de réaliser des modifications "afin d'éviter le relâchement direct dans l'environnement de polluants radioactifs, via le circuit du réservoir de traitement et de refroidissement d'eau des piscines, en cas d'un accident grave combiné à une fuite hypothétique sur des organes d'isolement".
Enfin, pour garantir l'alimentation en eau des pompes de la source froide pour toutes les situations de fonctionnement du réacteur, EDF a établi un référentiel d'exigences et de modifications. Si l'ASN juge son application globalement satisfaisante, celle-ci doit encore être améliorée.
Selon l'Autorité, le retour d'expérience approfondi de l'accident de Fukushima Daiichi pourra éventuellement la conduire à modifier ou compléter ces premières prescriptions.