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Actu-Environnement

Le classement du renard comme « nuisible » n'est pas justifié sur le plan sanitaire

Dans une expertise remise en juin, l'Agence de sécurité sanitaire estime que le motif sanitaire ne justifie pas le classement du renard comme nuisible. Dans la foulée, le Gouvernement a pourtant reconduit ce classement pour trois ans.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Le classement du renard comme « nuisible » n'est pas justifié sur le plan sanitaire

L'expertise avait été demandée à l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) en mars 2022 par plusieurs directeurs généraux des ministères de la Transition écologique, de l'Agriculture et de la Santé. Ils souhaitaient connaitre les impacts sur la santé publique des populations de renards dans une approche « One Health » afin de pouvoir en tenir compte dans la révision de l'arrêté triennal classant certaines espèces comme « susceptibles d'occasionner des dégâts » (Esod).

Le risque de transmission de certaines zoonoses par le canidé est en effet mis en avant, en plus de la prédation exercée sur les élevages avicoles et le gibier, comme un motif de classement en Esod. Un classement qui conduit à abattre environ un million de spécimens chaque année.

La réponse de l'Anses, dans un avis (1) publié le 29 juin 2023, est sans équivoque. « Sauf situations sanitaires très particulières nécessitant des mesures locales et ciblées, la réduction de populations de renards ne peut pas être envisagée comme option globale pour lutter contre un agent pathogène ». Et d'ajouter : « Des effets inverses de ceux attendus (augmentation de la charge parasitaire, dispersion virale) ont, au contraire, pu être observés ».

Pas de diminution du risque d'échinococcose

Les experts du groupe de travail de l'Agence estiment que la réduction de la population de goupils ne permet pas une diminution du risque d'échinococcose alvéolaire, maladie parasitaire provoquée par des ténias, « voire pourrait l'augmenter ». Ils relèvent également que les renards ne jouent actuellement pas de rôle dans le risque de rage, dont la France est indemne depuis 2001, et que leur abattage est de toute manière « inefficace pour lutter contre cette maladie ». Le canidé pourrait même jouer un rôle positif par la prédation de rongeurs hôtes d'agents zoonotiques, mais les experts ne sont pas en mesure de conclure sur ce rôle épidémiologique à ce stade.

Quant au rôle du renard comme source d'agents pathogènes pour les animaux domestiques, il est « difficile à évaluer mais semble le plus souvent faible ». « L'élimination préventive des renards en zone indemne de tuberculose bovine ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte [contre Mycobacterium bovis, agent infectieux responsable de la tuberculose] », soulignent les experts.

“ La réduction de populations de renards ne peut pas être envisagée comme option globale pour lutter contre un agent pathogène. ” Anses
« Il n'est pas possible d'évaluer de manière globale quelle influence les variations des populations de renards, à la hausse ou à la baisse, ont sur le risque de transmission d'agents pathogènes aux humains ou aux animaux domestiques », estiment au final les auteurs du rapport. En l'état actuel des connaissances, l'Agence considère que le motif sanitaire ne justifie pas le classement Esod des renards. Ils recommandent par conséquent « de ne pas engager d'action spécifique pour faire varier les populations de renards en France, que ce soit à la hausse ou à la baisse, dans une optique générale de santé publique, humaine comme animale ».

Destruction par tir, piégeage ou déterrage

Malgré ces conclusions, le ministre de la Transition écologique a reconduit le 3 août le classement du renard comme Esod pour trois ans, en même temps que huit autres espèces. Cela signifie qu'il peut continuer à être détruit par tir, piégeage ou déterrage toute l'année et dans toute la France, à quelques nuances près.

« Voleur de perdrix, tueur de poules, vermine porteuse de maladies… Tout est bon chez les champions de la dérégulation (sic) pour stigmatiser Vulpes vulpes et obtenir le droit de le chasser et de le détruire de manière illimitée 12 mois sur 12 dans la quasi-totalité des départements français à l'aide de pièges, de fusils ou de pioches de déterrage... », réagit l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), qui annonce attaquer l'arrêté devant le Conseil d'État.

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a fait de même. « L'efficacité de la destruction [des Esod] n'est pas démontrée, les risques pour leur état de conservation ne sont jamais évalués et leur importance dans le fonctionnement des écosystèmes naturels n'entre pas en ligne de compte », dénonce l'association de protection de la nature.

Parmi les actions de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité dévoilée le 20 juillet dernier, figure pourtant celle d'une « objectivation de l'impact » des Esod sur les écosystèmes. Les conclusions de l'Anses sur les bénéfices/risques de la régulation du renard y sont mentionnées en tant que jalon de cette action pour 2023. On ne peut pas dire que le Gouvernement ait fait grand cas de l'expertise de l'Agence en publiant cet arrêté de reconduction, même si une analyse socio-économique complémentaire est attendue de cette dernière.

Une analyse que l'Anses estime pouvoir mener mais en la limitant à l'évaluation du rôle du renard dans l'échinococcose alvéolaire. « Cependant, le rôle du renard ne saurait se réduire à son impact sur les zoonoses, et une analyse socio-économique devrait intégrer plus largement les différents rôles qu'il joue dans l'écosystème, notamment en évaluant précisément les pertes de gibier ou dans les élevages avicoles », estime l'Agence.

1. Télécharger l'avis de l'Anses
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42397-avis-rapport-anses-renard-sante-esod.pdf

Réactions13 réactions à cet article

L'ANSES ne fait là que confirmer, très tardivement du reste, ce que les biologistes et les environnementalistes disent déjà depuis des décennies. Et là, curieusement, ce gouvernement pourtant soit-disant féru de sciences (surtout technos) n'intègre pas dans son arrêté "nuisibles" ces données que de hauts fonctionnaires de l’État ont pourtant demandé et obtenu...
Le Renard a certes la fâcheuse habitude de s'en prendre aux poulaillers mal protégés. Mais, en prédateur opportuniste, il commet surtout le crime suprême de profiter des lâchers de cocottes de tir (faisans et perdrix d'élevage, qui n'ont de toutes façons guère de chances dans la nature) pour varier ses menus. Et ça, pour bon nombre de nemrods, c'est parfaitement impardonnable !
Le sanglier fait pourtant tout pareil. Mais comme il est classé "gibier" et que sa chasse occasionne de dodues transactions privées (d'ailleurs sous les radars du fisc - il est surprenant à ce titre qu'aucune inspection ne soit jamais diligentée en ce sens - sûrement le hasard...!), c'est tout sauf un sujet pour les fédés de chasse !
Alors, comme avec le Blaireau, le Renard fait office de bouc émissaire pour que certains puisse donner libre cours toute l'année à leurs pulsions morbides (1 million de renards massacrés chaque année : glaçant !).

Pégase | 18 août 2023 à 17h13 Signaler un contenu inapproprié

Pégase, pourquoi refuser de voir le terme "régulation" dans la politique de contrôle des espèces classées ESOD? Si, comme vous le dites, 1M de renards sont tués chaque année, et qu'ils occupent encore le territoire, c'est évident que sans prélèvements, se serait invivable pour tous les volatiles nichant ou se déplaçant au sol, pour les petits chevreuils, lièvres et lapins,... sans parler des élevages fermiers de plein air qui devront, comme vous le dites, s'entourer d'une clôture adaptée plus un filet de couverture.
ESOD semble la meilleur des conditions, avec une appréciation de la pression très locale de ces espèces. Il ne s'agit en aucun cas d'une destruction sur l'ensemble d'un territoire.

jmf | 21 août 2023 à 09h27 Signaler un contenu inapproprié

@ jmf : la "régulation" à coups de 12, de pinces de déterrage, de pioche et de fox dans les terriers (sans parler de gaz mortels encore employés il n'y a pas si longtemps), très peu pour moi (ainsi que pour une immense majorité de français me semble-t-il) !
En revanche, la régulation naturelle que les renards réalisent gratuitement sur les campagnols et les tiques dont ils sont porteurs et donc les pathologies dont elles peuvent être porteuses qui peuvent affecter l'homme est une donnée qui n'a jamais été prise en compte jusqu'à présent dans les commissions préfectorales traitant des nuisibles/ESOD. Or l'ANSES préconise ici précisément de verser les bénéfices de cette régulation du renard dans le bilan.
Tout comme elle préconise une analyse socio-économique du rôle que joue l'espèce dans l'écosystème (dégâts compris). Pour ma part, j'y lis entre les lignes une remise en cause de la façon dont sont jusqu'à présent évalués les coûts de la présence du renard : au doigt mouillé et sans aucune méthodologie sérieuse par ceux qui veulent pouvoir détruire de la sauvagine toute l'année, débouchant néanmoins sur un quitus systématique (acquis d'avance) de l'autorité préfectorale pour avoir la paix. Siéger en commission préfectorale ad hoc (CDCFS) permet de le constater crûment.

Pégase | 21 août 2023 à 11h32 Signaler un contenu inapproprié

Comme depuis que le ministère de l'environnement existe, soit 50 ans, en matière de gestion d'espèces sauvages, comme le renard, ce sont les chasseurs et les agriculteurs qui font la loi. Et aucun des arguments scientifiques, ou de santé publique comme ceux avancés par l'ANSES (des spécialistes peu suspects d'extrémisme écologique) ne sont pas pris en compte pour classer à nouveau le goupil en nuisible. Seul le putois a échappé à la liste infamante, dite ESOD. Une autre stratégie que l'élimination est sûrement plus compliquée à mettre en place et économiquement moins rentable pour les chasseurs de sauvagine. Attendons un vraie évaluation socio-économique du sujet et peut-être que cela fera bouger les lignes...

mangouste | 21 août 2023 à 17h14 Signaler un contenu inapproprié

Pégase, si je comprends bien, c'est le type de "mise à mort" qui vous choque le plus. Il faut admettre la mort. Elle ne l'est plus dans la vie par certains de nos concitoyens. La méthode peut ensuite se discuter. Les campagnols et les tiques, recherchez bien et vous ne trouverez pas beaucoup de campagnols porteurs de tiques, ce sont des animaux qui s'en débarrassent facilement, ce qui n'est pas le cas des chevreuils.
Les études sur "l'utilité" du renard ne semblent pas exister au sens complet du terme. Les chasseurs et éleveurs présentent des chiffres bien en dessous de la réalité pour les prélèvements dans les élevages familiaux, très peu de déclarations arrivent aux acca ou en mairie. Pour la partie positive, qui existe aussi, là il n'y a rien car il faudrait x années, partant d'un espace sans renard, pour finir en fin d'étude avec un espace surchargé en goupils. Les observations devraient être très nombreuses et impossibles à cerner réellement, ... comment connaître le nombre de tiques sur un chevreuil, avec trop ou sans un seul renard sur une surface donnée?
Pour moi, une régulation est ce qui est le plus adaptée: prélèvements sur les terriers et dans les cultures, par le personnel assermenté sous les ordres des préfets, et chasse de chacun sur les terrains ouverts à cette possibilité, sachant que sur les réserves de chasse des acca le renard n'est pas chassé.

jmf | 21 août 2023 à 17h26 Signaler un contenu inapproprié

Bjr,
je souhaite à JMF les mêmes 5 ans de galère que m'a fait vivre la maladie de Lyme, véhiculée par ces petits rongeurs qui auraient pu être éliminés par les renards. Qu'il pense aussi à mes nombreux homologues qui se sont suicidés ne pouvant résister aux atroces douleurs de cette maladie.

paco55 | 21 août 2023 à 17h34 Signaler un contenu inapproprié

Paco, Jusqu'à présent, ce site était fait pour échanger et pas pour souhaiter du malheur!
La maladie de Lyme se manifeste après une ou des piqures de tiques, je répète encore que, en France au moins, les tiques se trouvent sur tous les d'animaux à sang chaud et que les campagnols ne sont pas les premiers candidats pour porter cette maladie. Vous avez plus de tiques sur un même renard que sur 20 campagnols. Vous avez des tiques sur tous les animaux, hérissons, oiseaux, rongeurs, chiens et chats, sangliers, chevreuils, cerfs, bovins, etc. On n'éliminera pas la maladie de Lyme avec les renards, mais par contre une attention particulière doit être portée sur ses vêtements pour une balade sur sol herbeux, sur la douche à prendre ensuite avec inspection complète du corps, retrait méthodique des éventuelles tiques,... prévention et soins. Les campagnols supprimés le risque restera.

jmf | 22 août 2023 à 10h00 Signaler un contenu inapproprié

Le sujet n'est pas d'admettre la mort ou pas, jmf. Le sujet est que des espèces d'animaux telles que le renard sont officiellement classés nuisibles/ESOD par des motifs infondés pour certains (c'est l'objet de l'article ci-dessus), cela afin qu'une ultra minorité ait tout loisir de les traquer et les mettre à mort toute l'année (faisant fi au passage du dérangement occasionné à toutes les autres espèces dans les parages).
Puisque l'on parle de régulation, le Renard est un régulateur, lui-même régulé par divers facteurs (abondance/raréfaction des proies et autres ressources alimentaires, maladies, prédation par des super-prédateurs tels le Loup, le Lynx ou certains grands rapaces).
Par ailleurs, l'argument de la régulation par l'homme des populations de renard sonne plutôt creux car cette espèce est très adaptable, très mobile et tout territoire favorable où les individus auront été éliminés est immanquablement recolonisé. Alors, "régulation" ou plutôt plaisir de la traque toute l'année ?

Pégase | 22 août 2023 à 12h19 Signaler un contenu inapproprié

La régulation, c'est encore une fois une intervention locale demandée après constatation des dégâts. Il n'est pas question d'une élimination. Cette intervention est permise en effet par le classement ESOD, mais elle est réalisée par des agents assermentés en dehors de la période de chasse. Dès la chasse ouverte, le renard qui a alors le régime "gibier" pour faire simple peut être chassé. Les chasseurs n'ont pas tous des chiens poursuivant le renard et les prélèvements sont faibles. La surface non chassable d'une ACCA est de 10 % minimum, à laquelle il faut y ajouter les zones proches des équipements et habitation. Le renard connait rapidement les zones où il peut évoluer en paix, il profite aussi des grandes parcelles cultivées (maïs, colza, tournesol,...). La mobilité du renard et sa capacité à se déplacer sont souvent constatées, il ne prélève pas ou peu à proximité de son terrier. Le nombre des renards sur un territoire peut évoluer à l'inverse du nombre de lièvres (ref fédération des chasseurs), ceux-ci pouvant constituer son repas en plaine. Je ne connais pas d'autres sources documentées et chiffrées, dans ce domaine. Les opposants à ce classement se basent sur des observations visuelles et à une volonté d'opposition à la chasse dans son ensemble.

jmf | 22 août 2023 à 16h27 Signaler un contenu inapproprié

Mr JMF, votre façon de détourner mes propos et de botter en touche avec des arguments complètement erronés est bien décevante. Vous ne connaissez absolument pas le cycle de reproduction des tiques qui mordent les grands animaux et les humains. Ce sont bien, en grande majorité , les petits rongeurs qui sont les vecteurs des larves. j'ai eu l'occasion d'en parler à de nombreuses reprises avec vos amis chasseurs, qui pour la plupart, après une bonne discussion de fond, reconnaissent que la REGULATION ne peut pas être efficace si elle est seulement effectuée par les humains: les chaines écologiques doivent être respectées, et comme le dit Pégase la nature n'a pas attendu les bons services des fusils pour trouver son équilibre.

paco55 | 22 août 2023 à 20h39 Signaler un contenu inapproprié

@jmf : vous dites "Si 1M de renards sont tués chaque année, et qu'ils occupent encore le territoire, c'est évident que sans prélèvements, se serait invivable pour tous les volatiles nichant ou se déplaçant au sol, pour les petits chevreuils, lièvres et lapins..." cela est totalement erroné. La notion de territorialité est très importante surtout chez le renard. Vous n'observerez jamais un nombre démesuré de renards au km². Ils se régulent d'eux même (comme bon nombres d'espèces). La régulation par l'Homme est par ailleurs totalement contre productive puisque, la nature ayant horreur du vide, les renards recoloniseront très vite les zones où de l'abattage aura été effectué ! En est témoin, la période où la rage sévissait en France et où l'Homme dans sa grande intelligence a décidé d'attribuer des primes à la queue pensant que si moins de renards, alors moins de rage ! Flop total... l'abattage de renard n'a jamais fait bouger d'un iota la présence du virus en France. Seule la vaccination orale a montré son efficacité.
Les politiques de contrôle par régulation, en tout cas chez le renard, conduiront inexorablement à un échec cuisant et un retour à la case départ !

ben | 25 août 2023 à 10h00 Signaler un contenu inapproprié

1M de renards tués par an en France, ou l'Holocauste des renards!
Cette décision sent le fric. Puis tout le monde sait que bon nombre de nos élus sont également chasseurs.
Cette décision pue...

Erikk | 04 septembre 2023 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

Pour ceux qui ne veulent pas reconnaître que la nature ne peut se réguler d'elle même sauf à limiter le nombre d'espèces animales, merci de vous renseigner sur le nombre de perdrix , de faisans, d'oiseaux nichant au sol sur les cantons Suisse où la chasse est interdite. Le renard ne se régule pas en fonction du nombre d'individus (sauf par la maladie, gale par exemple), mais au regard de la présence de nourriture donc de sa prédation possible sur les autres habitants de la forêt ou de la plaine. Quand il n'y aura plus de petits animaux, sa présence baissera (ref étude des fédérations des chasseurs sur le rapport entre le nombre de lièvres et le nombre de renards par comptage annuel aux phares). Le nombre de mulots et autres peut être favorablement impacté pour le bonheur des agriculteurs et autres craintifs des tiques, mais avant eux, une catégorie d'oiseaux, de "petits gibiers" aura disparu.

jmf | 04 septembre 2023 à 15h42 Signaler un contenu inapproprié

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