Les tensions entre l'Union européenne et la Russie, liées à la crise ukrainienne, ont rappelé, s'il le fallait, la forte dépendance énergétique de l'UE (supérieure à 50% des besoins). Le 28 mai, la Commission européenne a donc présenté une nouvelle stratégie pour la sécurité énergétique, "principalement axée sur la diversification des sources d'approvisionnement extérieures en énergie, la modernisation de l'infrastructure énergétique, l'achèvement du marché intérieur de l'énergie de l'UE et les économies d'énergie". Elle souligne l'importance d'une meilleure coordination des politiques nationales, puisque la compétence énergie dépend des Etats membres. "Sur les questions de sécurité énergétique, l'Europe doit parler d'une seule voix et se montrer unie dans l'action", a déclaré le président de la Commission, José Manuel Barroso. Cette stratégie sera étudiée par les dirigeants européens lors du prochain Conseil européen, les 26 et 27 juin.
Diversifier les approvisionnements et accroître la production locale
"Nous souhaitons des partenariats forts et stables avec les grands fournisseurs, mais nous devons aussi nous préserver du chantage politique et commercial", a souligné le commissaire à l'Energie Günther Oettinger. Pour cela, l'UE doit "accélérer la diversification des fournisseurs d'énergie extérieurs, notamment pour le gaz". La Russie fournit 39% du gaz consommé en UE, la Norvège 33% et l'Afrique du Nord 22% (Algérie et Lybie). L'UE pourrait rechercher "de nouvelles routes d'approvisionnement, par exemple dans le bassin de la mer Caspienne, par la prolongation du corridor gazier sud-européen, le développement du hub gazier méditerranéen et l'accroissement des sources d'approvisionnement en GNL".
Alors que la production intérieure d'énergie de l'UE a diminué d'environ un cinquième entre 1995 et 2012, l'UE devra également renforcer son autonomie énergétique, grâce aux énergies renouvelables mais aussi aux combustibles fossiles. L'efficacité énergétique devra être renforcée: "Le secteur des bâtiments joue un rôle crucial, car ces derniers représentent 40% de la consommation d'énergie dans l'UE et un tiers de celle de gaz naturel".
Des mesures à court et long terme
A court terme, l'UE devra procéder, avant l'hiver prochain, à des évaluations globales des risques et simuler une rupture de l'approvisionnement en gaz. L'objectif : anticiper et prévoir des mécanismes de secours : "Ceux-ci pourraient inclure l'accroissement des stocks de gaz, la réduction de la demande moyennant l'utilisation de combustibles de substitution (notamment pour le chauffage), la mise en place d'infrastructures de secours, par exemple la satisfaction des besoins en matière de flux rebours, et la mise en commun d'une partie des stocks de sécurité existants".
A moyen et long terme, la Commission propose d'achever le marché intérieur de l'énergie. "La Commission a recensé 33 projets d'infrastructures critiques pour la sécurité énergétique de l'UE. En outre, elle propose de porter l'objectif en matière d'interconnexion de la capacité de production d'électricité installée à 15% d'ici à 2030, tout en tenant compte des aspects de coût et des possibilités d'échanges commerciaux dans les régions en question (les États membres se sont déjà engagés à assurer un taux d'interconnexion de 10 % d'ici à 2020)".