EDF Systèmes énergétiques insulaires (SEI), qui gère les réseaux électriques des zones non interconnectées (ZNI), et EDF PEI, qui exploite et construit des moyens de production électrique sur ces territoires, ont présenté leur scénario Emeraude sur la transition énergétique des ZNI. Selon eux, l'objectif de 100 % d'énergies renouvelables est atteignable (ou presque) en 2033 dans toutes les ZNI, sauf en Corse qui est interconnectée avec la Sardaigne et l'Italie. Des projets éoliens et photovoltaïques en développement devraient venir enrichir le mix de ces territoires où l'énergie du vent, le solaire, mais aussi la géothermie (Guadeloupe) et l'hydroélectricité (Guyane, La Réunion) sont déjà présents.
Mais, précise Antoine Jourdain, directeur d'EDF SEI, il s'agit de systèmes autonomes de taille limitée, qui ne peuvent pas compter sur l'interconnexion comme la métropole. « Quand une centrale est en panne, les moyens de secours sont relativement limités. Nous faisons beaucoup de R&D pour développer des systèmes qui permettent d'éviter les coupures d'électricité. » Ce qui ne peut empêcher un surdimensionnement du système de production, estime-t-il.
D'où l'indispensable conversion à la biomasse liquide de quatre centrales thermiques d'ici à 2030 et la construction de deux nouvelles en Corse et en Guyane, selon lui. Ces centrales permettront de compenser l'intermittence des énergies renouvelables, explique Frédéric Maillard, P-DG d'EDF PEI.
Des centrales pointées du doigt récemment dans un rapport parlementaire, qui dénonçait notamment le combustible choisi : du colza produit en Australie et raffiné à Sète (Hérault). « Nous avons opté pour la qualité environnementale et la sécurité d'approvisionnement, indique Frédéric Maillard. Il est conforme à la directive européenne RED2 et nous avons pris l'engagement à ne pas utiliser d'huile de soja et de palme. Le colza est peu gourmand en arrosage et permet de produire à la fois de l'alimentation animale et du combustible, sans concurrence. »
La première centrale en conversion (212 MW) se situe à La Réunion. Sa production basculera en tout biomasse liquide d'ici à fin octobre.