Pour Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, les connexions entre agriculture et ENR constituent des perspectives intéressantes et des leviers puissants en faveur d'une accélération de la transition énergétique dans les territoires.
La France se dote d'une loi sur la transition énergétique. Comment l'appréciez-vous ?
La loi de transition énergétique pour la croissance verte, promulguée le 22 juillet 2015, est l'aboutissement de nombreux et longs débats. C'est une chance pour la France, car si les économies d'énergie et les énergies renouvelables sont un levier puissant pour lutter contre le réchauffement climatique, elles constituent avant tout une opportunité économique pour une croissance plus durable et notre indépendance énergétique. Rappelons que malgré un prix du pétrole orienté à la baisse, la facture énergétique de la France s'élève à 55 milliards d'euros en 2014.
Résolument, la loi fixe beaucoup d'objectifs ambitieux et il sera nécessaire d'activer les bons leviers pour les atteindre en évitant clairement les signaux contradictoires. L'accès à des financements pérennes et des règles stables sont indispensables pour que les acteurs économiques s'engagent dans ce nouveau modèle. Les agriculteurs portent ainsi des attentes fortes sur la transition énergétique, en particulier pour produire des énergies et matériaux renouvelables issus de la biomasse.
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Avec l'échéance de la conférence climat à Paris en décembre 2015, quels sont, selon vous, les arguments majeurs pour inciter les politiques énergétiques dans les territoires ?
Les territoires sont déjà engagés dans la transition énergétique et sont sollicités pour l'accélérer. Ils constituent des échelles pertinentes pour réfléchir à un rebouclage, même partiel, des besoins par rapport aux ressources avec le concept de "territoires à énergie positive". La gestion collective des haies avec des filières locales de bois énergie dans les régions bocagères en est un des meilleurs exemples. Par ailleurs, les territoires favorisent aussi les regroupements d'acteurs qui peuvent élaborer des stratégies et construire des projets collectifs porteurs de sens. Ces partenariats entre collectivités, acteurs économiques et citoyens sont au cœur de la réussite d'une nouvelle économie, créatrice de valeur ajoutée locale et d'emplois face à la crise. En Pays de la Loire, cet engagement s'est structuré autour de la Troisième Révolution Industrielle et Agricole (TRIA), initiative des Chambres consulaires et qui rassemble aujourd'hui plus de 400 entreprises et organisations autour de projets concrets.
Comment percevez-vous l'énergie éolienne ? L'éolien pour redynamiser les zones rurales, vous y croyez ?
L'éolien, c'est comme l'agriculture, il y du plus petit et du plus grand mais chacun a sa place. Le monde agricole utilise depuis longtemps l'énergie du vent pour les moulins ou le pompage de l'eau. Pour les exploitations agricoles, des éoliennes de 12 à 50 m de haut présentent des performances intéressantes et constituent une des solutions pour renforcer l'autonomie énergétique. Toutefois, le cadre réglementaire et le soutien tarifaire pour le petit / moyen éolien sont à revoir pour faciliter le déploiement de ces projets.
En parallèle, de nombreux agriculteurs accueillent sur leurs terres de grandes éoliennes sans gêner outre mesure leur activité de production agricole. Pour la plupart, cela constitue un complément de revenu via un bail de location mais certains ont réussi à investir en collectif dans les machines. Le développement de parcs éoliens collectifs, avec les agriculteurs, les collectivités et les citoyens, peut constituer une perspective intéressante pour partager les risques et faciliter la construction de projets, à l'image des coopératives. Mais gardons en tête que pour redynamiser les zones rurales, il faut avant tout des agricultrices et agriculteurs qui vivent dignement de leur métier et de leurs productions !
Quelles seraient, à votre avis, les synergies à développer entre le monde agricole et celui des énergies renouvelables, de l'éolien en particulier ?
Un des grands défis du développement des énergies renouvelables est le maillage territorial pour coupler intelligemment les potentiels aux besoins, en particulier via des réseaux intelligents. Je vois quatre motifs pour lesquels l'agriculture est un allié incontournable dans ce défi :
Les connexions entre l'agriculture et les énergies renouvelables sont donc plus nombreuses qu'on ne l'imagine. Nul doute que la filière de l'éolien saura en saisir les opportunités.
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