Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Eolien flottant : la filière redoute une "vallée de la mort"

A la suite des annonces sur la programmation pluriannuelle de l'énergie, les acteurs de l'éolien flottant craignent un retard à l'allumage. Le gouvernement attend les premiers signes de compétitivité pour lancer les appels d'offres commerciaux.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Eolien flottant : la filière redoute une "vallée de la mort"

Ils espéraient le lancement des appels d'offres commerciaux en 2019, comme l'avait laissé entendre le gouvernement à plusieurs reprises. Ce sera finalement en 2021 pour la Bretagne (250 MW) et 2022 pour la Méditerranée (250 MW), selon le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), présenté fin novembre. Ces annonces font frémir les acteurs de l'éolien flottant, qui sont dans les starting blocks. Ils craignent un retard à l'allumage par rapport à d'autres pays et de ne pouvoir rattraper ce retard dans la compétition mondiale. "Les anglais parlent de vallée de la mort pour définir ce temps entre les projets pilotes et les projets commerciaux. On a besoin d'anticipation", analyse Jean-Mathieu Kolb, directeur du projet EFGL, la ferme pilote au large de Leucate (Aude).

Le gouvernement semble, de son côté, vouloir jouer la prudence, alors que la filière en est au stade de la démonstration. La première éolienne flottante française produit de l'électricité depuis le mois de septembre et les quatre fermes pilotes devraient sortir de l'eau à l'horizon 2021-2022. Avec ces démonstrateurs, les technologies flottantes doivent faire la preuve de leur robustesse et de leur compétitivité.

Néanmoins, le gouvernement pourrait jouer la carte de l'ouverture, en avançant d'un an les dates prévues pour les fermes commerciales dans le projet de PPE, a laissé entendre Laurent Michel, lors du salon Energaïa, organisé à Montpellier les 12 et 13 décembre. Mais le directeur de l'énergie au ministère de la transition écologique a également précisé que "la question [avait] été posée" d'abandonner les fermes pilotes au vu des coûts encore élevés. Finalement, l'éolien flottant a un objectif fixé à horizon 2025 : 1 GW attribué, quand d'autres énergies marines, comme l'hydrolien, sont moins bien pourvues dans la PPE… Mais cela est jugé insuffisant par la filière.

Qui de la poule ou de l'œuf…

La question pourrait être posée ainsi : qui de la poule ou de l'œuf est venu le premier. La filière estime que les volumes et la prévisibilité feront chuter les coûts, le gouvernement voudrait voir chuter les coûts avant de s'engager sur des volumes…

"La filière a besoin d'avoir des volumes significatifs, de la visibilité pour atteindre la compétitivité, estime Pauline Le Bertre, déléguée générale de France énergie éolienne (FEE). Sur le calendrier, il faudrait gagner autant de mois ou d'années que possible, pour ne pas rompre avec la dynamique des fermes pilotes. Une première attribution en 2020 serait bien. Il faut aussi définir deux autres zones pour des appels d'offres en Méditerranée". Les travaux de zonage et les études nécessaires au lancement des appels d'offres seront réalisés en 2019. Ce calendrier pourrait donc être tenu…

Christophe Clergeau, directeur de l'observatoire des énergies de la mer, partage cette analyse. Et de rappeler le calendrier de la filière, mis en exergue par le syndicat européen Wind Europe : en 2018 et 2019, démonstrations en France (Floatgen) et en Norvège (tetraspar demo), 2017-2021 : parcs précommerciaux (Hywind et Kyncardine en Ecosse, Balea en Espagne et les quatre fermes pilotes françaises), 2020-2022 : projets commerciaux. "Sur l'éolien flottant, la concurrence mondiale est beaucoup plus ouverte que sur l'éolien posé, où l'Europe est leader. Il y a dans la course les Etats-Unis, l'Asie…, prévient-il. Prévoir le développement de parcs de 250 MW, c'est sous optimal. Pour faire la démonstration de la baisse des prix, il faut des projets de 250 MW et d'autres projets de 500 MW ".

La filière croit en une baisse des coûts rapides. "L'ensemble des analyses convergent sur le prix que l'on peut attendre de l'éolien flottant", explique Pauline Le Bertre. Wind Europe évalue ces prix dans une fourchette allant de 180 à 200 €/MWh pour les parcs précommerciaux, de 80 à 100 €/MWh à horizon 2025 et de 40 à 60 €/MWh à horizon 2030 pour les parcs commerciaux.

Des investissements à anticiper

Mais un démarrage tardif de la filière française compromettrait sa compétitivité, analysent les acteurs. Ils redoutent que ne se reproduise le même schéma que pour l'éolien en mer posé : "On nous parle de parcs posés de 500 MW en 2024-2025 alors que la tendance actuelle en Europe du Nord est de 700 MW et plus…", rappelle Christophe Clergeau. Dans ces conditions, difficile d'être compétitif…

L'industrialisation de la filière française est également mise en avant par les acteurs. "Il faut du volume pour créer des usines", martèle le directeur des l'observatoire des EMR. Le directeur du projet EFGL ajoute : "Il n'y a pas de développement de projets pilotes et commerciaux sans infrastructures portuaires adaptées. Un des enjeux de la baisse des coûts est la construction en masse des flotteurs. On aura besoin d'infrastructures et donc d'anticipation. Sans cette visibilité, les coûts pèseront sur les premiers projets".

L'Occitanie, qui mise sur l'éolien flottant pour devenir la première région à énergie positive, a pris les devants. Pour accueillir les deux fermes pilotes de Gruissan et Leucate, et dans la prévision des fermes commerciales, elle va investir dans le développement des infrastructures portuaires de Port-la-Nouvelle (Aude). Un nouveau bassin va être créé pour accueillir les grands navires (jusqu'à 225 m). Un quai lourd, un parc logistique relié au ferroviaire et des aménagements à terre permettront de développer les activités de construction et d'assemblage. Les autorisations ont été accordées en octobre par les autorités. Les travaux vont donc pouvoir démarrer au premier trimestre 2019. Coût : 258 M€ pour la région. Avec les trois autres régions concernées (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Bretagne, Pays de la Loire), l'Occitanie attend de l'Etat davantage d'ambition.

Réactions2 réactions à cet article

La production d'énergie sert-elle à enrichir des lobbys et des fonds de pension ou à améliorer la situation économique et le bilan carbone ? Les 130 milliards d'euros qu'on a déjà dépensés en éoliennes pour produire 2% de notre électricité, s'ils avaient été consacrés à l'amélioration de l'habitat, auraient permis de réduire de 10 milliards d'euros par an notre facture d'hydrocarbures. Que ces moulins flottants ne voient pas le jour serait plutôt une excellente nouvelle, on a clairement autre chose à faire de cet argent !

dmg | 18 décembre 2018 à 08h49 Signaler un contenu inapproprié

Nous attendons ces acteurs lorsqu'ils seront compétitifs et qu'ils ne feront pas payer leur raccordement au large à l'ensemble des français par le TURPE au lieu de leur projet .

jjherou | 18 décembre 2018 à 12h22 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Sophie Fabrégat

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Parafoudres destinés à la protection des installations Photovoltaïques CITEL
Micro-onduleur YC1000-3, pour centrales solaires tertiaires/industrielles APsystems