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Actu-Environnement

Pollution lumineuse : de bonnes pratiques locales, mais une inertie nationale

Alors que la Nuit des Étoiles 2019 s'est déroulée ce week-end, de nombreuses communes tentent de réduire la pollution lumineuse sur leur territoire. Mais celle-ci continue de progresser, sans réelle ambition nationale pour la réduction des nuisances.

Reportage vidéo  |  Biodiversité  |    |  R. Pin

Avec 89 % de points lumineux d'éclairage en plus ces 25 dernières années sur le territoire français, la lumière émise par le seul éclairage public aurait augmenté de 94 %, selon l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (Anpcen). "Même ce chiffre, qui est astronomique, est très largement sous-estimé, estime Anne-Marie Ducroux, présidente de l'association. Il ne prend pas en compte toutes les autres formes d'éclairage (NDLR : enseignes publicitaires, parkings, sites industriels…) qui contribuent tout autant à la pollution lumineuse, mais qu'il est difficile de recenser." Une cartographie de la pollution lumineuse en France en 2015 démontre une qualité du ciel médiocre, ou au mieux moyenne, sur une majorité du pays.

Inaction de l'État français

La pollution lumineuse et ses effets nuisibles ou incommodants sur l'Homme, les écosystèmes ou les paysages, serait-elle la grande oubliée des formes de pollution ? "On ne sait pas mesurer les impacts sur la biodiversité de la pollution lumineuse, ou les coûts publics sur la santé humaine, répond Anne-Marie Ducroux. Si bien qu'elle n'est pas ou peu prise en compte." Il aura fallu attendre mars 2018, avec la condamnation du Gouvernement par le Conseil d'État pour son inaction dans la lutte contre la pollution lumineuse, pour que le gouvernement français prenne un arrêté restreignant l'éclairage la nuit. Mais celui-ci, dont la plupart des dispositions n'entreront pas en vigueur avant 2021, ne convainc pas totalement les associations. "Il y a de réelles avancées, mais il est trop modeste à notre goût sur l'éclairage public", regrette Anne-Marie Ducroux.

Une économie d'énergie de 30 à 75 %

Pourtant les bonnes pratiques existent à l'échelle locale. Un tiers des communes françaises pratiquent déjà une extinction de l'éclairage public au milieu de la nuit, sans avoir de conséquences sur la sécurité des personnes ou de leurs biens. En modifiant la conception de l'éclairage ou en privilégiant de meilleurs usages, les communes françaises diminuent la pollution lumineuse mais peuvent aussi économiser 30 à 75 % de leur budget électricité. En Alsace, la ville de Schiltigheim espère ainsi économiser 80 000 euros par an sur un budget de 319 000 euros de l'éclairage public, en éteignant un lampadaire sur deux dans des quartiers suréquipés.

Approche globale des impacts et des coûts

Mais la prise en compte de la pollution lumineuse ne saurait reposer que sur la simple performance énergétique. "Fabricants et installateurs prescrivent des LED aux communes pour moins consommer, mais elles émettent plus de lumière dans l'atmosphère", explique Anne-Marie Ducroux. La lumière bleue émise par cette technologie serait plus nocive pour toute la biodiversité, avec des effets phototoxiques confirmés par des expertises scientifiques.

L'Anpcen recommande aux collectivités une approche globale des impacts et des coûts qui permettrait de faire des choix pertinents et cohérents pour l'ensemble des enjeux. L'association attend depuis plusieurs années un plan d'action national de l'État français pour inciter à cette approche globale. "Elle aurait l'intérêt d'impliquer les fabricants et les installateurs, qui influencent les communes, mais qui n'ont pas de contraintes réglementaires", regrette Anne-Marie Ducroux.

Réactions2 réactions à cet article

Une fois encore ce gouvernement se montre totalement indifférent aux problèmes environnementaux .
Pourtant nos députés sont aussi hommes de territoires ,mais ont-ils une quelconque incidence sur les ministres et sur leur chef ?
Quant aux élus locaux ils sont surtout sensibles aux bénéfices budgétaires des interruptions de l'éclairage .Comme en matière d'éoliennes leur sensibilité écologique se ramène le plus souvent à la finance .

sirius | 08 août 2019 à 18h51 Signaler un contenu inapproprié

@ sirius : certes, l'aspect économique prime. Mais il y a d'autres ressorts, qui vont paradoxalement à son encontre. En effet, si l'élu lambda était parfaitement rationnel et constant au plan des finances publiques, pourquoi voit-on se multiplier les points d'éclairage public là où il n'y en avait pas auparavant ou la puissance augmenter fortement lors de renouvellement des équipements ? Je pense que l'attrait de la technologie LED créée une émulation au sein de la collectivités et entre elles et un impérieux besoin d'en mettre plein la vue (au sens propre comme au figuré) en se cachant derrière le petit doigt du "les LED sont économiques" et "ça accroît la sécurité du citoyen" (lequel se promène rarement seul dans les rues en plein hiver et au coeur de la nuit). Ces arguments du marketing des fabricants de matériel d'éclairage public font mouche auprès d'édiles ruraux, toujours soucieux de ne pas rater le train du "progrès". Après, le maire expliquera à ses concitoyens qu'il n'y a pas d'argent pour faire l'isolation de l'école ou y changer des fenêtres presque centenaires.

Pégase | 03 septembre 2019 à 14h37 Signaler un contenu inapproprié

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