« Depuis plusieurs années, le Scot a fortement régulé le développement à la fois pour l'habitat et pour les activités économiques sur le territoire. Il est notable que notre document de planification a été approuvé à l'unanimité sur ce très grand territoire, puisqu'on embrasse 152 communes à cheval sur cinq départements dans six intercommunalités », s'enthousiasme Julien Lahaie, directeur du Syndicat mixte des rives du Rhône (SMRR). « Quelles que soient les obédiences politiques, l'ensemble des élus a décidé de construire un projet de territoire sur les rives du Rhône consacrant les principes de sobriété, en particulier sur le foncier. »
Progressivement élargi depuis sa création en 2001, le périmètre des Rives du Rhône comporte aujourd'hui 153 communes, réparties sur les départements de l'Isère, du Rhône, de la Loire, de la Drôme et de l'Ardèche. Il a pour vocation et compétence l'élaboration et le suivi du schéma de cohérence territoriale (Scot). Un vaste territoire, source de richesses, mais également de complexités, qui se traduisent par une hétérogénéité de l'occupation des sols.
Pour maîtriser la consommation de l'espace, le SMRR développe, depuis plusieurs années, des outils d'observation et de suivi de l'évolution du territoire des rives du Rhône. Si ces outils sont indispensables pour dresser les bilans du Scot, ils sont aussi précieux dans le cadre des études et projets portés par les communes et intercommunalités.
Sur ce territoire, l'artificialisation progresse d'année en année : 30 % de plus d'espaces artificialisés en trente ans. Or, le syndicat observe que le rythme de l'artificialisation a fortement diminué au cours des cinq dernières années. Entre 2015 et 2020, il a été quasiment deux fois moindre (99,3 ha/an) qu'en moyenne sur les trente dernières années (182,1 ha/an). Un bilan encourageant.
Densifier le bâti pour accueillir 40 000 nouveaux arrivants
Les espaces agricoles connaissent des tendances, à première vue, contradictoires. En valeur absolue, ils ont baissé. En 2015, les espaces agricoles couvrent 54,2 % du territoire du Scot. Ils représentaient 55 % en 2009 et 56,5 % en 2000. Mais ce rythme de perte ralentit ces dernières années. En effet, 165 hectares d'espaces agricoles étaient perdus pour l'agriculture entre 2000 et 2009, contre 130 hectares par an entre 2009 et 2015.
« On essaie de juguler la réduction des emprises agricoles, car elles créent des emplois et rendent, malgré tout, des services écosystémiques à la nature, réserves de biodiversité locale, selon les modes de culture, souligne Julien Lahaie. Sur la partie sud de notre territoire, côté Drôme notamment, on peut constater une augmentation des surfaces boisées ou forestières, mais dans d'autres secteurs, on note une augmentation des terres pour la vigne, qui consomme des espaces forestiers en friche. »
La production de fruits a été fortement contrainte par les épisodes climatiques et par les maladies. On observe des terres agricoles consacrées au maraîchage qui deviennent des plantations sous serre, des cultures irriguées ou des vignes. Le SMRR reste vigilant à la diversité des cultures dans le cadre de partenariats concrets avec les chambres d'agriculture.
Les grandes surfaces gelées… à l'unanimité
Le Scot Rives du Rhône prévoit des objectifs de réduction foncière qui sont déjà bien engagés. D'ici à 2040, année d'échéance de ce document de planification, le territoire s'estime déjà largement compatible avec la trajectoire fixée par l'État dans le cadre du Zéro artificialisation nette (ZAN).
Sur le volet économique, le Scot gèle tout nouveau développement de secteurs commerciaux en périphérie des villes sur le territoire des 152 communes, soit une surface exceptionnellement vaste pour un syndicat mixte. Le Scot met également l'accent sur la densification des zones économiques ou commerciales existantes et le renforcement des centres bourgs. Julien Lahaie constate qu' « il y a unanimité politique sur ce document, ce qui était loin d'être gagné ».