Ce baromètre, réalisé sur la base d'un échantillon de personnes exceptionnellement conséquent, s'ajoute à d'autres sondages déjà publiés ces dernières années sur le même thème par l'IFEN, l'ADEME ou la Commission européenne. Axé plus particulièrement sur le cadre de vie et l'habitat, ce baromètre 2007 appréhende la perception des risques face à la pollution des sols, de l'atmosphère, de l'air intérieur et des eaux, les intoxications au monoxyde de carbone et au radon, les légionelles, le bruit et la téléphonie mobile. Mais rien en revanche les OGM et le nucléaire ! Odile Gaulthier, venue représenter le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, est manifestement embarrassée : il n'y a pas de main invisible. Il n'y a pas eu de censure. Les questionnaires étaient limités à 45 minutes et l'INPES n'a tout simplement pas pu aborder tous les sujets. La problématique principale était celle de l'habitat. Dans ce cas, pourquoi s'être intéressé à la téléphonie mobile ?...
Les Français s'estiment bien informés mais ils ignorent encore certains risques
Sur une échelle allant de 1 à 10, 71% de la population française se déclare particulièrement sensible à l'environnement. Dans l'ensemble, les femmes se déclarent plus sensibles à cette thématique que les hommes (73.6% contre 70.5%) De plus, sept personnes sur dix s'estiment plutôt bien informées des effets sur la santé des facteurs environnementaux, à savoir : la qualité de l'eau (71,3%), la pollution de l'air extérieur (69.5%), le bruit (66,1%), le monoxyde de carbone (65.1%) et les téléphones portables (60.7%).
Alors concrètement, quels sont les principaux risques pour notre santé ? Pas moins de 43.6% des Français craignent personnellement être un jour affecté par un cancer du fait de l'environnement. L'amiante ? Très décrié ces dernières années dans la presse, ce produit est considéré comme très dangereux par 67.6% des personnes interrogées. En comparaison, la gravité des risques liés à la pollution des sols, à l'utilisation des produits ménagers, de bricolage et de jardinage sont beaucoup moins pris en compte par l'opinion publique.
Venu en personne assister à la publication de tous ces résultats, Didier Houssin, le Directeur Général de la Santé, constate néanmoins que d'autres risques sont toutefois mal appréhendés. Il faudra fournir un effort supplémentaire pour mieux communiquer sur ces sujets sérieux. De quoi s'agit-il ? En effet, le baromètre livre certains enseignements. Ainsi, le sentiment d'information diminue dès lors qu'il s'agit de la légionellose (57.5%), des risques liés à certaines peintures au plomb (54.7%), des conséquences de la pollution de l'air intérieur (48,3%), de la pollution des sols (44.4%) et 61.9% des personnes interrogées déclarent même n'avoir jamais entendu parler du radon. Pourtant, selon de récentes estimations, l'exposition domestique à ce gaz radioactif d'origine naturelle entraînerait entre 1.200 et 3.000 décès par cancer du poumon en France chaque année. Incroyable lorsque l'on sait qu'une mesure simple consiste à ouvrir les fenêtres !
Des particularismes régionaux… et des portes ouvertes enfoncées
Cinq observatoires régionaux de la santé (ORS) ont été chargés de récolter en région des résultats. Des différences et spécificités apparaissent. Les habitants de Provence-alpes-côte-d'azur seraient, selon ce baromètre 2007, plus sensibles à l'environnement qu'ailleurs. Seuls 22% d'entre eux, contre 28% par exemple pour les Picards, se disent peu sensibles à la protection de l'environnement. Dans le Sud, les habitants semblent faire davantage confiance au système de circulation alternée en cas de pic de pollution (26,5%) et ils aèrent davantage leur logis en hiver... Faut-il s'en étonner ? Pas vraiment : les températures sont généralement plus élevées au sud. De plus, les Provençaux utilisent un peu plus les oreillettes de leur téléphone portable que leurs compatriotes du Nord ce qui limite à leur avis le risque de cancer. En effet, parmi les 80% de Français déclarant utiliser un téléphone mobile, seuls 16% ont recours à une oreillette de temps en temps contre 18,6% en région PACA.
Plus à l'Ouest, en Bretagne, ce n'est pas une surprise non plus, ils consomment davantage d'eau en bouteille qu'ailleurs. Un Breton sur d'eux, surtout à la campagne, boude l'eau du robinet ! Et pour cause, les pollutions récurrentes des nappes phréatiques par les nitrates explique ces résultats. En Champagne Ardenne, surprise, l'eau du robinet aurait une odeur pour 53% des habitants interrogés tandis que 46,7% d'entre eux craindraient la présence de produits toxiques dans leurs canalisations.
Les Aquitains, eux, croient davantage au covoiturage (36,1%), se chauffent plus au bois qu'ailleurs et se satisfont à 70% de l'information qui leur est fournie sur les effets du bruit sur la santé.
Beaucoup de chiffres donc au menu de cette étude ! À l'issue de sa présentation, Philippe Lamoureux estimait hier pour conclure qu'en matière de santé et d'environnement, les messages que nous envoyons sont souvent complexes or les Français ont besoin de simplicité. Sur certains sujets, les débats passionnés entre scientifiques n'aident d'ailleurs pas nos concitoyens à y voir clair. C'est à nous, grâce à ce baromètre, de mieux cerner leurs lacunes pour mieux les informer Sur les OGM par exemple ? Le prochain baromètre, fixé dans cinq ans, portera justement sur la nutrition…