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Accord de Paris : un premier bilan mondial pointe des progrès insuffisants

Publié par l'Organisation des Nations unies, un premier bilan mondial des contributions des pays signataires de l'Accord de Paris révèle des avancées réelles, mais trop limitées en matière de politiques climatiques.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Accord de Paris : un premier bilan mondial pointe des progrès insuffisants

De gros progrès, mais encore beaucoup d'efforts à accomplir : telle est la conclusion de l'évaluation, par les experts de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc), des Contributions déterminées au niveau national (CDN) transmises par les état signataires de l'Accord de Paris. Publié vendredi 8 septembre, ce rapport de synthèse met en avant les efforts consentis en matière d'objectifs d'atténuation et d'adaptation par la communauté mondiale, depuis 2015. En alertant la planète entière sur l'urgence climatique et en fixant des buts à chacun, l'Accord de Paris a suscité un large engagement collectif, une action « presque universelle », permettant des améliorations significatives, constatent les auteurs de l'étude.

“ La fenêtre permettant de maintenir à portée de main la limitation du réchauffement à 1,5 °C se referme rapidement ” Ccnucc
Ainsi, les hausses de températures mondiales prévisibles pour la fin du siècle sont en net recul. En 2010, cette augmentation était entre 3,7 et 4,8 °C. En 2015, elle se situait entre 3,0 et 3,2 °C. Aujourd'hui, elle est descendue à 2,6 °C, voire 2,4 °C. Les spécialistes onusiens observent également la diffusion de bonnes pratiques entre les pays : participation accrue des parties prenantes à l'élaboration des CDN, conception de systèmes de planification et de reporting transparents, mise en place de dispositifs scientifiques et quantitatifs pour l'analyse et l'évaluation des avancées… Par ailleurs, 142 CDN ont été mises à jour, avec un renforcement de leurs engagements pour près de quatre sur cinq.

Des émissions non conformes

Mais quoique positive, l'action reste toujours largement insuffisante. En 2019, les concentrations atmosphériques en CO2 ont battu des records, tandis que la température annuelle à la surface de la terre dépassait de 1,1 °C la moyenne préindustrielle entre 2011 et 2020. « À ce jour, les émissions mondiales ne sont pas conformes avec les trajectoires d'atténuation (…) modélisées et cohérentes avec l'objectif de température (…) de l'Accord de Paris, ni avec les objectifs de réduction des émissions à plus long terme », souligne la Ccnucc. L'écart entre les contributions des États et le quota d'émissions compatible avec une limitation du réchauffement à 1,5 °C en 2030 s'établirait entre 20,3 et 23,9 gigatonnes de CO2.

Des contributions qui s'améliorent

- 90 % des Parties (États et Union européenne) ont fourni dans leur contribution (CDN) des objectifs d'atténuation quantifiés, sous la forme d'objectifs numériques clairs.
- 10 % ont inclus des stratégies, des politiques, des plans et des actions.
- 80 % ont communiqué des objectifs couvrant tous les secteurs économiques, ou presque.

Pour atteindre les objectifs du traité parisien (-43 % d'émissions de GES en 2030 par rapport à 2019, -60 % en 2035, zéro émission nette en 2050), il reste donc beaucoup à faire, sur tous les fronts, en associant toutes les parties prenantes, y compris la société civile, le secteur privé ou les institutions financières : augmentation des énergies renouvelables, électrification, stockage de l'énergie, efficacité énergétique, amélioration des pratiques agricoles, arrêt de la déforestation…

Des leviers accessibles

Bien qu'insuffisamment connues, de nombreuses solutions concrètes et créatives sont prêtes à être mises en œuvre, pour un coût relativement faible, notent les experts des Nations unies. De 2010 à 2019, le coût des énergies renouvelables et autres équipements a par exemple beaucoup baissé : de 85 % pour l'énergie solaire, de 55 % pour l'éolien ou de 85 % pour les batteries au lithium-ion. L'organisation onusienne évalue entre 31 et 44 gigatonnes équivalent CO2 la réduction d'émissions rendue possible par des mesures coûtant moins de 100 dollars la tonne. Certaines options d'atténuation se révèleraient même plus rentables que leurs solutions alternatives à émissions élevées.

Le rapport d'évaluation insiste particulièrement sur l'importance d'éliminer tous les combustibles fossiles. Un levier qui pourrait représenter 74 % de l'atténuation mondiale totale. Dans cette perspective, ces auteurs recommandent un réduction de l'usage du charbon de 67 à 82 % d'ici à 2030, par rapport au niveau de 2019, et son éviction en 2050 pour la production d'électricité. Une nécessité entendue par le G20 réuni en Inde, les 9 et 10 septembre dernier. Mais qui ne s'étendra pas au gaz et au pétrole. Dans leur déclaration finale, les États les plus riches de la planète, censés montrer l'exemple, en vertu de l'Accord de Paris, ont purement et simplement décidé d'éviter le sujet.

Des délais de plus en plus courts

« La fenêtre permettant de maintenir à portée de main la limitation du réchauffement à 1,5 °C se referme rapidement », préviennent pourtant les auteurs de l'évaluation, à l'unisson de ceux du dernier rapport du Giec. Des dommages aux systèmes humains et naturels ont déjà été observés, ainsi qu'une érosion des acquis du développement humain passé, insistent-ils. Un retard d'autant plus dommageable que des mesures ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de l'industrie, des transports ou du bâtiment peuvent contribuer à abaisser leur coût, tout en générant d'autres cobénéfices, comme le renforcement des puits de carbone ou la résilience des territoires au changement climatique.

Sur ce dernier volet, le constat est d'ailleurs tout aussi préoccupant. Collectivement, les plans d'adaptation sont certes plus nombreux et leurs engagements de plus en plus ambitieux. Les initiatives se multiplient sur le terrain, « dans un large éventail de secteurs et de thèmes ». Les bonnes pratiques sont bien documentées et disponibles pour orienter les actions. Mais la plupart des initiatives sont fragmentées, spécifiques à un secteur et inégalement réparties entre les régions. « Jusqu'à présent, les efforts d'adaptation se sont concentrés sur la planification et n'ont pas encore entraîné les grands changements nécessaires », analyse la synthèse.

L'argent, toujours le nerf de la guerre

Pour améliorer la situation « au rythme et à l'échelle requis », en particulier dans les pays en développement, les experts de l'ONU préconisent de débloquer « des milliers de milliards de dollars », soit trois à six fois plus qu'aujourd'hui, en réorientant rapidement les flux financiers mondiaux vers une économie sobre en émissions de GES et un développement plus résilient au changement climatique. L'organisation note à ce titre une augmentation des flux d'argent public des pays développés vers les pays en développement : 40,1 milliards de dollars en 2019, 83,3 milliards en 2020. C'est encore loin toutefois des 100 milliards annuels promis. Les banques multilatérales de développement ont pour leur part fourni 45,9 milliards de dollars. La part de l'adaptation dans le financement climatique a également augmenté. Elle se situait à moins de 20 % en 2017-2018 et 28 % en 2019-2020. La part du financement transversal, atténuation et adaptation concomitantes, était de 15 %.

Destiné à éclairer les Parties, ce tout premier bilan mondial constituera la base des négociations de la prochaine COP 28, prévue à Dubaï en novembre et décembre prochains. Il intervient à un « moment charnière », explique Antoine Gillod, directeur de l'observatoire de l'association internationale Climate Chance. Prévu tous les cinq ans à partir de 2023, « il s'insère dans un calendrier précis et régulier mis en place par l'Accord de Paris visant à organiser le renouvellement et le renforcement de l'ambition des CDN ».

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