« Le plan de relance mobilise 2,5 Md€ pour la reconquête de la biodiversité sur nos territoires, la lutte contre l'artificialisation des sols et l'accélération de la transition de notre modèle agricole pour une alimentation plus saine, durable et locale », annonce fièrement le Gouvernement dans le dossier de presse présentant le plan de relance.
Sur cette enveloppe prévue pour la période 2020-2022, les sommes réellement dédiées à la préservation ou à la restauration de la biodiversité se révèlent finalement modestes, l'exécutif ayant tendance à mélanger des choux et des carottes.
Restaurer vingt sites fortement dégradés
Parmi les investissements clairement identifiés en faveur de la biodiversité apparaissent 135 millions d'euros (M€) pour des projets de restauration écologique. Le Gouvernement annonce « la restauration de vingt sites fortement dégradés en lien avec les collectivités, la réalisation de mouillages écologiques, l'enlèvement d'épaves, la réalisation d'atlas communaux de la biodiversité dans les territoires ». Il donne pour exemple la restauration de la continuité écologique pour les poissons sur les barrages de Rhinau et Markholsteim sur le Rhin en partenariat avec EDF.
Une enveloppe de 60 M€ est annoncée pour les aires protégées, le Gouvernement s'étant fixé l'objectif d'atteindre la proportion de 30 % du territoire national sous protection d'ici 2022. Parmi les projets financés figurent l'amélioration de l'accès au public, les infrastructures favorables à l'éco-tourisme et à l'éducation à l'environnement, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes ou encore des actions d'accompagnement des professionnels vers l'agroécologie.
Quarante millions d'euros sont dédiés à des actions de protection du littoral. Parmi celles-ci des actions de lutte contre l'érosion du trait de côte comme à Lacanau ou Soulac-sur-Mer (Gironde). Mais aussi des travaux de restauration, en vue par exemple d'améliorer la conservation des mangroves à Jarry-Houlebourg (Guadeloupe), à recomposer le littoral sur le site Adapto de Mucchiatana (Corse) ou encore d'ouvrir à la mer le marais rétrolittoral du Loc'h à Guidel (Morbihan).
Pas d'objectif sur la biodiversité
Il n'est déjà pas certain que l'ensemble de ces soutiens soient dirigés vers des projets favorables à la biodiversité. D'autres, faisant partie de cette enveloppe de 2,5 Md€, ne visent pas cet objectif et peuvent même avoir des conséquences négatives. Ainsi, le Gouvernement intègre dans ce montant les 650 M€ consacrés à la densification du bâti à travers le fonds de recyclage des friches et l'aide apportée aux collectivités pour accompagner cette densification. Y figurent également les investissements en faveur des réseaux d'eau, de la modernisation des stations d'épuration et de l'hygiénisation des boues d'épuration en zone rurale pour un montant de 300 M€.
D'autres soutiens financiers sont davantage consacrés à la protection contre les risques, naturels ou technologiques, qu'à la préservation de la biodiversité. C'est le cas des 15 M€ prévus pour renforcer la sécurité des barrages, qui peut aussi bénéficier au tourisme ou à l'agriculture intensive. Dans cette enveloppe, il est par exemple prévu le renforcement d'un talus du barrage de Saclès (Gers) pour augmenter le volume d'eau disponible pour l'irrigation. C'est le cas également des 50 M€ dédiés à la prévention du risque sismique aux Antilles qui, indépendamment de l'intérêt intrinsèque de la mesure, n'est pas motivée par la protection des milieux naturels.
L'exécutif intègre également dans l'enveloppe globale les 1,4 M€ dédiés à l'agriculture. Sur ce montant, des soutiens sont prévus pour préserver, directement ou indirectement la biodiversité : en faveur de l'adaptation des forêts aux changements climatiques, à la plantation de haies, au soutien au bio et à la certification HVE. Mais, dans la même enveloppe figurent aussi des soutiens à des équipements utilisés dans le cadre de l'agriculture intensive : pulvérisateurs d'herbicides munis de buses anti-dérive, matériels pour l'épandage des engrais, etc.
Quant au soutien de 50 M€ dédié à la filière de la pêche et l'aquaculture, il est difficile de savoir dans quelle mesure il contribuera à alléger ou, au contraire, à augmenter la pression sur la faune piscicole.
Au final, on peut considérer qu'une enveloppe de 935 M€, sur les 30 Md€ du plan dédiés à la transition écologique, sont consacrés à des actions directes de préservation de la biodiversité. Soit 3 % de l'enveloppe et moins de 1 % du montant global du plan de relance.