Depuis 2016, et la mise en place du cadre réglementaire et tarifaire sur la méthanisation des boues d'épuration et l'injection du biométhane dans le réseau, le nombre de projets se multiplie. Aujourd'hui, 23 stations d'épuration des eaux usées (Step) injectent du biométhane sur le réseau de gaz naturel, pour une capacité totale de 350 GWh. Les installations sont de tailles diverses, de 3 GWh à 100 GWh. « Entre 2023 et 2025, 75 stations d'épuration supplémentaires devraient injecter du biométhane », prévoit Laëtitia Aubeut-Chojnacki, chargée de développement biométhane chez GRDF, qui intervenait lors d'un atelier organisé dans le cadre du Carrefour des gestions locales de l'eau, le 5 mai. Le gestionnaire du réseau de distribution de gaz suit une centaine de projets, du stade de la réflexion à leur réalisation, en passant par les études.
Trois voies technologiques complémentaires
Les 23 Step en injection ont aujourd'hui recours à la méthanisation. « Il s'agit de la filière la plus mature, qui permet de réduire le volume des boues de 30 % en moyenne », explique Laëtitia Aubeut-Chojnacki. La méthanation pourrait s'avérer complémentaire à la méthanisation, en permettant de produire plus de biométhane mais aussi de valoriser le
La gazéification hydrothermale représente enfin une troisième voie, notamment lorsque le retour au sol des boues pose problème. Mais cette technologie, dont le potentiel est estimé par GRT gaz à 4 TWh, doit encore faire ses preuves.
Des incertitudes réglementaires
Mais la filière risque d'être freinée par plusieurs incertitudes réglementaires. Le Gouvernement envisage notamment la fin progressive du tarif d'achat à l'injection, ce qui pourrait compromettre l'équilibre financier de certains projets. La filière a proposé « des mécanismes de financement extra-budgétaires pour prendre le relais du dispositif actuel », indique le syndicat des énergies renouvelables (SER). Cela pourrait se traduire par la mise en place d'un dispositif de certificats verts. Une consultation sur ce sujet a été lancée en février dernier par le ministère de la Transition écologique.
Par ailleurs, la mise en place d'un cadre réglementaire et tarifaire adapté pour faire émerger les filières biogaz innovantes, comme la gazéification hydrothermale ou le couplage méthanisation-méthanation, est très attendue.
Enfin, le projet de décret sur le compostage des boues et digestats de boues d'épuration, soumis à consultation publique en février, inquiète la filière. L'interdiction d'un mélange boues d'épuration / biodéchets pénaliserait en effet certains projets portés par des collectivités. « Cette impossibilité de mutualiser les infrastructures existantes renchérit le coût de traitement. De surcroît, elle rend parfois impossible ce traitement, faute de pouvoir atteindre la taille critique requise », regrette la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Celle-ci indique également que le projet de texte « va contraindre fortement (et sans doute de facto condamner) le compostage des boues en limitant la quantité de déchets verts utilisables en mélange pour fabriquer le compost ».