Ce mercredi après-midi, le président de la COP21 Laurent Fabius a présenté la dernière version du projet d'accord qui doit être adopté vendredi soir au Bourget. Le texte "reflète fidèlement les compromis naissants", explique le président de la COP21, mais "ce n'est pas la version finale de l'accord". Autrement dit, le texte conserve ouvertes beaucoup d'options, même s'il a été réduit de 43 pages à 29 et que les "trois quarts des crochets" ont été supprimés. Les négociateurs doivent se préparer à travailler cette nuit et demain sans discontinuer, a insisté Laurent Fabius qui a proposé de passer en marche forcée pour avancer sur les points cruciaux, selon la méthode sud-africaine Indaba.
Ambition de l'accord, différenciation, financements
Trois sujets "politiques" cristallisent les positions : la différenciation en matière d'atténuation, de financement et de transparence entre pays industrialisés et pays du Sud, les financements dédiés aux pays en développement et le niveau d'ambition de l'accord.
Le Comité de Paris a dévoilé sur ces points, dans la soirée, des positions encore divergentes. Si la Chine, représentant le groupe des pays émergents (Basic), a trouvé le projet d'accord ouvert et équilibré, bonne base pour trouver des solutions, l'Union européenne l'a jugé peu ambitieux, soulignant que certaines options encore présentes n'étaient pas acceptables. L'UE a insisté sur la nécessité de réviser les engagements nationaux tous les cinq ans et ce, dès 2021.
Le G77 et la Chine, représentant les pays en développement, ont fait part de leurs fortes inquiétudes quant à la différenciation, l'adaptation, les financements post-2020 et leur prévisibilité. Ils demandent également que soit spécifiquement traitée la question des pertes et dommages.
Les plus vulnérables ont quant à eux haussé le ton : "Nous ne mendions pas la sympathie, a déclaré la Barbade, représentant les pays caribéens. Nous n'apposerons pas notre signature à un texte qui signifie l'extinction de nos peuples". Ils souhaitent que l'accord inscrive un objectif de limitation de la hausse des températures à 1,5°C, ce que refuse l'Inde. "Si vous essayez de remettre en cause la responsabilité différenciée, nous ne pourrons pas accepter", a menacé pour sa part le délégué malaisien. La déléguée vénézuelienne a dénoncé un texte qui cible un objectif de 1,5° C mais "qui nous amène en réalité à 4° C".
Enfin, l'Arabie saoudite a demandé un retrait de la mention d'un prix carbone...
Poursuite des travaux en Indaba
Laurent Fabius a proposé de poursuivre les travaux sur ces points cruciaux, dès cette nuit, selon la méthode Indaba. C'est-à-dire en groupe restreint. Les autres sujets, qui ont progressé de manière plus satisfaisante (pertes et dommages, mesures de riposte, mécanismes de coopération, préambule), seront examinés en parallèle, avec une animation des travaux par le président de la COP20, Manuel Pulgar Vidal. L'objectif est de présenter demain en début d'après midi une version la plus proche possible de ce que sera l'accord final, a déclaré Laurent Fabius.