
L'étude distingue notamment 6 filières prioritaires en termes de politique industrielle, compte tenu du rôle que la France pourrait y jouer et de l'intérêt qu'elle en retirerait en terme de développement économique : véhicules décarbonés, énergies marines, biocarburants de 2ème et 3ème générations, éolien off-shore (en mer), efficacité énergétique du bâtiment et captage et stockage de CO2.
Il distingue spécialement les filières dans lesquelles la France peut espérer voir se constituer des champions mondiaux parmi les entreprises françaises : véhicules électriques, captage et stockage de CO2, énergies marines, éolien off-shore, biocarburants de 2ème et 3ème générations, applications satellitaires en terme de métrologie, recyclage des déchets à haute valeur ajoutée. Il précise aussi dans chaque filière le rôle respectif du tissu de PME et des grandes entreprises.
Concernant la filière biocarburant, le rapport estime nécessaire d'''industrialiser la seconde génération à l'horizon 2015 en améliorant le bilan carbone par rapport à la première génération, et en développant la R&D'' sur les projets de troisième génération.
Contrairement aux agrocarburants utilisés à l'heure actuelle qui utilise surtout le sucre et l'amidon et qui ne sont produits qu'à partir de certains éléments des plantes (graines ou tubercules), ceux de seconde génération devront être produits à partir de plantes entières. ll deviendrait alors possible de valoriser tous les déchets organiques et de dédier certaines cultures non alimentaires uniquement à la production de carburants. Pour produire ces biocarburants de seconde génération, deux voies sont possibles. La première par voie biochimique, qui servirait pour les moteurs à essences, vise à produire de l'éthanol à partir de végétaux dont on aura fait fermenter le sucre en alcool. La seconde par voie thermochimique, consiste à produire un carburant de synthèse liquide pour les moteurs diesels à partir de la biomasse en la gazéifiant.
Tester la voie thermochimique à un niveau pré-industriel
C'est justement à cette voie thermochimique que se consacrent le CEA et ses partenaires industriels et financiers en lançant la première phase du projet de construction d'un démonstrateur BtL (Biomass to Liquid), sur le site de Bure-Saudron (55). L'objectif : démontrer la faisabilité technique et économique d'une chaîne complète de production BtL en France, depuis la collecte de la biomasse jusqu'à la synthèse de carburant (collecte puis conditionnement de la biomasse, gazéification, traitement des gaz, conversion en carburant de synthèse via le procédé Fischer-Tropsch). ''Il fournira l'expérience indispensable à la mise en place d'une filière, tant pour l'intégration des procédés techniques que pour la définition d'un modèle économique régional, depuis la collecte de la ressource jusqu'à la distribution de biocarburant'', estime le CEA.
Le démonstrateur pré-industriel utilisera comme matière première les ressources forestières et agricoles locales, estimées à 75.000t/an de matière sèche. ''L'unité pilote sera la première du genre en France, rassemblant en une même installation les différents composants, ou « briques technologiques », de fabrication de ce biocarburant, commente le CEA. Le démonstrateur expérimentera à une échelle pré-industrielle la filière BtL, par voie « thermochimique » de production de biocarburant'', précise-t-il. La production attendue est de l'ordre de 23.000t/an de biocarburant (diesel / kérosène / naphta).
Selon le Commissariat, l'introduction d'hydrogène dans le procédé pour optimiser le rendement massique ''constituera une première mondiale''. A l'heure actuelle, l'une des limites importantes de la filière BtL réside dans ses rendements massiques (quantité de matière à l'entrée / quantité de carburant en sortie) que l'on cherche à améliorer.
Cette première phase correspond aux études de conception et fait l'objet d'un contrat avec le groupe CNIM, en tant que maître d'œuvre, en partenariat avec le groupe Air Liquide, la société Choren, et les sociétés SNC Lavalin, Foster-Wheeler France et MSW Energies. Le lancement effectif de la construction de cette installation pré-industrielle devrait intervenir au ''vu des résultats de cette étude, prévus pour être disponibles en juin 2011'', précise le Commissariat à l'Energie Atomique et aux Energies Alternatives.