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Des pistes pour réduire coûts et impacts de l'éclairage public

Une étude de la Mission économie de la biodiversité et de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes souligne les avantages pour les collectivités à instaurer plus de sobriété dans les éclairages publics.

Energie  |    |  A. Sinaï
Des pistes pour réduire coûts et impacts de l'éclairage public

Présentée le 7 juillet, l'étude Eclairage du 21ème siècle et biodiversité (1) présente une synthèse inédite des connaissances scientifiques sur les effets de l'éclairage nocturne sur le vivant – poissons, oiseaux, insectes, mammifères. Alors que 30% des vertébrés et plus de 60% des invertébrés vivent partiellement ou totalement la nuit, l'impact de l'éclairage artificiel sur les écosystèmes est aussi généralisé que méconnu. "Une exposition inappropriée à la lumière peut modifier l'organisation temporelle de l'ensemble des phénomènes physiologiques, contribuant à une désynchronisation interne. Cela pourrait contribuer à une altération de la santé physique et/ou mentale de l'homme et de façon plus générale à des perturbations rythmiques chez les êtres vivants", souligne l'étude.

Un enjeu économique pour les collectivités

Entre 1992 et 2012, en France, le nombre de points lumineux en éclairage public a augmenté de 89%. Pour les collectivités, cette électrification des villes et des campagnes a un coût, qui sera croissant dans les années à venir en raison de la hausse prévisible du prix de l'électricité. Plus de la moitié du parc est composée de matériels obsolètes et énergivores : boules diffusantes, lampes à vapeur de mercure (un peu moins d'un tiers du parc). 40% des luminaires en service ont plus de 25 ans. La durée d'éclairement moyenne a connu une hausse continue, de 2.100 à 3.500 heures par an entre 1992 et 2005, pour une puissance installée d'environ 1.260 mégawatts. Au coût de l'électricité s'ajoutent des coûts des équipements - les lampes à LED peuvent être jusqu'à 40 fois plus chères – et de maintenance d'autant plus élevés que les technologies deviennent plus complexes. Pour les collectivités, la rénovation du parc d'éclairage public français est un enjeu économique important. L'éclairage public constitue le deuxième grand poste du bilan énergétique des collectivités en métropole, et le premier Outre-Mer.

Or, il existe des critères permettant de mesurer l'efficacité des points lumineux : cycle de vie des lampes, colorimétrie, luminance, orientation du flux lumineux, hauteur et espacement des candélabres, dont l'étude présente un inventaire complet afin de guider les collectivités locales dans leur choix de renouvellement. Si la meilleure solution consiste à "réduire considérablement la quantité de lumière artificielle nocturne ou tout simplement à ne plus éclairer pendant la nuit", selon les préconisations de l'étude, plusieurs pistes sont à la portée des collectivités.

Moduler les aides en fonction de la sobriété énergétique

La première recommandation porte sur les usages : il s'agit de faire preuve de sobriété énergétique et de sobriété lumineuse. La sobriété énergétique "consiste à interroger nos besoins puis agir à travers les comportements individuels et l'organisation collective sur nos différents usages de l'énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus extravagants et supprimer les plus nuisibles", selon l'association négaWatt. Elle se différencie de l'efficacité énergétique, qui "se traduit généralement par autant, voire plus, de lumière émise car les diminutions de consommation d'énergie peuvent parfois conduire à éclairer davantage", souligne l'étude. Celle-ci préconise donc de moduler les aides au-delà des seuls objectifs d'efficacité énergétique et de renouvellement des installations. Les subventions accordées aux communes "devraient les orienter vers l'objectif de ne plus voir croître la quantité globale de lumière émise et vers des diagnostics de sobriété énergétique et lumineuse".

Réduction de la durée d'éclairement, voire suppression des points lumineux facultatifs et des éclairages d'ambiance non indispensables aux activités humaines tels que ceux placés sur les berges des cours d'eau ou sous les arches des ponts sont des exemples de sobriété. L'approche peut être affinée car "les enjeux de biodiversité sont différents d'une commune à une autre et évoluent selon les saisons, aussi des études et des mesures de suivi au niveau local sont recommandées, pour adapter plus finement les éclairages aux besoins du vivant".

Des contrats globaux plutôt que des certificats d'économie d'énergie

Deux contrats présentent un intérêt plus particulier pour une prise en compte globale des enjeux énergétiques, de la santé et de la biodiversité : les marchés publics globaux de performance et les contrats de partenariat. Les marchés publics peuvent être utilisés pour réaliser tout projet dans lequel il existe un objectif de performance mesurable. "On peut donc imaginer que, dans le cadre d'une rénovation d'un parc d'éclairage public, ces contrats puissent être mobilisés afin de réaliser conjointement des économies d'énergie et de réduire l'incidence écologique", estime l'étude. Quant aux contrats de partenariat par lesquels les collectivités peuvent confier à un tiers la construction, la maintenance et l'exploitation de l'éclairage public, leur avantage est de permettre d'introduire des objectifs et clauses environnementaux, notamment sur la biodiversité. Enfin, les contrats de performance énergétique issus du Grenelle de l'environnement devraient être appelés à englober tous les enjeux environnementaux, et pas seulement l'efficacité énergétique stricto sensu.

Autre piste, le tiers financement, qui permet au bénéficiaire de rembourser en partie la société de tiers financement grâce au montant des économies d'énergie réalisées suite aux travaux. Le modèle du tiers financeur est l'équivalent des Energy Saving Companies (ESCO) anglo-saxonnes. Ces sociétés sont chargées de lever les financements nécessaires aux projets d'économie d'énergie et de garantir les résultats des travaux. "Une rénovation réalisée de façon rationnelle doit permettre la réalisation d'économies d'énergie conséquentes autorisant un remboursement rapide. Cette affirmation est d'autant plus vraie sur l'éclairage public, le potentiel d'économies d'énergie étant particulièrement important. Le tiers financement représente ainsi une alternative intéressante au recours à la dépense publique financée par la taxation locale des citoyens".

Quant aux certificats d'économie d'énergie, "ils sont faiblement incitatifs et ne contribuent que peu au retour sur investissement des projets de rénovation en éclairage public et de manière plus générale en éclairage extérieur. De plus, la mesure des économies d'énergie réellement obtenues reste à faire".

1. Télécharger l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-24908-eclairage-public-etude.pdf

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