
© First Solar
D'après le contrat conclu entre les deux partenaires, First Solar construira et exploitera l'usine tandis qu'EDF Energies Nouvelles financera la moitié des dépenses d'investissement et des coûts de démarrage de l'usine et bénéficiera, pour son propre approvisionnement, de la totalité de la production du site pendant les dix premières années. Cet accord représente une étape clé dans la stratégie de notre groupe qui a l'ambition d'être un leader mondial de l'énergie solaire, a déclaré Pâris Mouratoglou, président du Conseil d'Administration d'EDF Energies Nouvelles. Le groupe s'est en effet donné pour objectif d'installer 500MWc de capacité photovoltaïque pour son compte d'ici 2012. Après la centrale solaire de Narbonne de 7,1 MWc inaugurée en décembre 2008, EDF EN a lancé la construction de plusieurs autres centrales : 4,1 MWc à Manosque (04), 5,2 MWc à Saint-Tulle (04), 26 MWc à Le Gabardan (44), 15,3 MWc à la Réunion et 12 MWc sur la communauté urbaine Creusot-Montceau (71).
Pour Mike Ahearn, président et directeur général de First Solar, cet accord est l'occasion de consolider son action avec EDF EN avec qui il a déjà réalisé plusieurs projets, et de renforcer sa position au sein du marché français : la décision d'investir en France est un acte de foi en le marché français et son grand potentiel. L'industriel américain a surtout vanté les mérites du Grenelle de l'environnement et du cadre réglementaire favorable mis en place en France. Mike Ahearn est ainsi convaincu que la France est un pays où les acteurs du solaire vont vouloir travailler dans les années à venir.
Présent à la signature de l'accord, le ministre du développement durable Jean-Louis Borloo n'a pas caché son enthousiasme : je salue la décision d'EDF Energies Nouvelles et First Solar d'investir et de créer des emplois en France dans le solaire, qui connaît actuellement un véritable décollage grâce au Grenelle Environnement. La bataille des filières industrielles est lancée, a-t-il rajouté.
Les professionnels du photovoltaïque ont également fait part de leur satisfaction : la mise en place du nouveau tarif d'achat en 2006 et les mesures de soutien à long terme de la filière prises et annoncées permettent aujourd'hui l'éclosion d'une véritable industrie française : d'une dizaine de sites de production sur toute la chaîne de valeur en 2004, la filière en compte aujourd'hui près de 70, commente le groupement SOLER du Syndicat des Energies Renouvelables.
Premier pas vers une filière industrielle renforcée ?
La France a en effet bien besoin de renforcer sa filière. Selon une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) publiée en avril 2009, la partie amont de la filière française est particulièrement atrophiée au profit de l'aval. Par conséquent, le développement du parc français profite d'abord aux fabricants allemands, chinois et japonais de cellules et modules. Même constat dans le récent rapport d'informations du député Serge Poignant : la présence française sur le marché mondial apparaît à l'heure actuelle plus que limitée en termes de volume de production.
La création de l'usine EDF EN/First Solar est un premier pas vers une filière plus solide même si le cabinet PwC n'est pas très optimiste pour cause de crise du crédit. Ce phénomène [d'atropinisation de l'amont] s'accentuera en 2009 sous le double effet de la baisse de prix des modules et le « credit crunch » qui rendront les investissements difficiles et la visibilité limitée, explique le cabinet dans son rapport. Le cas du projet Silicum de Provence (SILPRO) en est un exemple.
Officiellement lancé en 2007, ce projet devait aboutir à la construction et à l'exploitation d'une usine de silicium raffiné, destiné à l'industrie solaire photovoltaïque. Confronté à de graves difficultés financières, le projet a été placé en redressement judiciaire en mars dernier. Ce matin, une réunion dédiée à l'avenir industriel de la vallée de la moyenne Durance organisée à l'Elysée avec les investisseurs, parlementaires et élus locaux n'a, semble-t-il, pas permis de débloquer la situation. Selon l'Elysée, l'agence française des investissements internationaux (AFII) reste mobilisée sur la recherche d'investisseurs pour un projet industriel de production de silicium à proximité du site Arkema de Saint Auban, bien que cette recherche n'ait pas pu aboutir sous la forme d'une reprise du projet SILPRO.
Pour rassurer les acteurs de la région, le gouvernement a présenté le projet EDF EN/First Solar et entend se mobiliser pour que cette usine s'implante en moyenne Durance à proximité de Saint Auban. L'État apportera l'appui de la prime à l'aménagement du territoire et un soutien à l'embauche et à la formation, précise l'Elysée. La reconversion des anciens d'Arkema déjà promise par le projet SILPRO est également évoquée pour cette nouvelle usine.
Mais selon les deux industriels, le lieu d'implantation de l'usine ne sera décidé que dans les prochains mois pour une mise en service en 2011.