L'Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPCEST) organisait le 16 décembre dernier une audition réunissant les principaux opérateurs de l'électricité pour faire un point sur la situation.
La région PACA et la Bretagne sont particulièrement vulnérables
Lundi soir, la France a importé 4.300 MW. Mardi soir, 5.500 MW. Mercredi soir, autour de 7.000 MW… Alors que l'année dernière, la France a été exportateur net d'électricité ''à l'exception de trois semaines'' selon Dominique Maillard, président de RTE, cette année, les besoins en importation devraient être plus importants. La cause ? L'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire (8 centrales à l'arrêt sur 58 au 15 décembre 2009) et l'augmentation des périodes de pointe. La France, du fait de son fort équipement en chauffages électriques, est particulièrement sensible aux baisses de températures. Un degré de moins sur le thermomètre nécessite 2.000 MW supplémentaires soit la moitié de la sensibilité thermique européenne (4.000 MW). Le solde export/import devrait néanmoins rester positif cette année, autour de 26 TW, contre 50 TW l'année dernière.
Dominique Maillard se veut rassurant : ''Concernant l'importation, aujourd'hui, il nous reste de la marge, certes assez faible, autour de 2.000 MW. Au delà de 9.000 MW, il y a des risques de congestion sur le réseau. Nous sommes également sensibles à un aléa qui viendrait affecter le réseau et les moyens de production. Mais sauf aléa, l'équilibre de l'offre et de la demande sera assuré.'' Selon lui,
Deux zones connaissent une situation plus critique : la Bretagne et la région PACA, en raison de leurs faibles capacités de production et de réseaux de transport limités. Dans ces régions, , note Henri Proglio, président d'EDF, les qualifiant d'''îles électriques''.
''Nous n'envisageons pas de crise grave, souligne Philippe Guillard, directeur adjoint en charge de l'Energie de la Direction générale de l'énergie et du climat. Il y aura éventuellement des coupures, mais de quelques heures seulement''.
Les solutions avancées
Parmi les solutions avancées par les différents opérateurs pour éviter une crise de l'électricité dans les années à venir : l'optimisation du parc existant, la construction de nouvelles capacités de production mais aussi l'amélioration des interconnexions en Europe.
Rappelons que la France devrait se doter d'ici 2012 de douze nouvelles centrales à gaz et d'un premier EPR à Flamanville (le deuxième, situé à Penly, devrait être mis en service en 2017).
EDF souhaite également augmenter la disponibilité de son parc nucléaire : ''nous comptons parvenir rapidement à un taux de disponibilité du parc de 85 %, contre 78 % aujourd'hui. 24 milliards d'euros ont été débloqués pour les trois années à venir, dont 80 % seront alloués à l'entretien de l'existant''.
Selon Philippe de Ladoucette, président de la Commission de régulation de l'énergie, il faut également ''améliorer les interconnexions sur le marché européen de l'énergie pour éviter les congestions''.
Quant à la question de la pointe, le président d'EDF admet que les capacités de production ''coûtent extrêmement cher'' et qu'un équilibre économique doit être trouvé.
Pour Robert Durdilly, président de l'Union française de l'électricité, s'il est nécessaire d'augmenter les capacités de production de pointe, notamment en Bretagne et PACA, il faut qu'elles soient ''correctement rémunérées. Il faut également agir sur les consommations pour éviter la dérive de la pointe. Un signal prix sur l'impact CO2 et le coût des capacités de pointe semble indispensable''.
On est encore loin du scénario Negawatt et du discours sur les réductions des consommations énergétiques. L'ensemble de ces acteurs s'attelle en effet à gérer la pointe plutôt que d'en limiter l'ampleur. Or les choix actuels en matière d'investissements énergétiques engagent la France pour plusieurs décennies…