L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a publié, ce jeudi 14 septembre, une étude qui alerte de nouveau sur les niveaux de polluants gazeux et particulaires émis par les bâtons d'encens et les bougies parfumées et leurs impacts sur la santé. Cette étude a été menée en partenariat avec l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) qui prévenait, en 2013, des risques cancérogènes potentiels, par la combustion des encens "plus émissifs que les bougies".
Dans cette étude, l'Ademe a étudié l'usage occasionnel, régulier ou continu de neuf bougies parfumées et de neuf types d'encens. Elle confirme que les niveaux de concentration en polluants atteints, pendant et après la combustion des bâtons d'encens, "étaient en général très largement supérieurs à ceux des bougies parfumées".
Encens : plus d'émissions de benzène, de formaldéhyde, de particules fines
Brûler de l'encens produit ainsi des concentrations élevées en benzène, toluène, éthylbenzène, styrène, formaldéhyde, acétaldéhyde et acroléine. Idem pour les concentrations en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des particules. Les émissions sont les plus élevées pendant la combustion et pendant l'heure suivant la fin de la combustion "avant de diminuer sous l'effet de l'aération", précise l'étude. Ainsi, les concentrations mesurées en benzène sont notamment comprises entre 10 et 199 μg/m3 (microgrammes par mètre cube) pendant la combustion des neuf encens testés, et entre 7 et 286 μg/m3 dans l'heure suivant la fin de la combustion. De même, les concentrations mesurées en formaldéhyde sont comprises entre 10,6 et 47 μg/m3 pendant la combustion et entre 8,7 et 34 μg/m3 dans la première heure post combustion.
Bougies parfumées : expositions en oxydes d'azote supérieures
A contrario, les niveaux de concentration émis par les neuf bougies testées sont "nettement plus faibles" pour le benzène (jusqu'à 1,5 μg/m3 pendant la combustion et jusqu'à 2 μg/m3 dans l'heure suivant la fin de la combustion) et le formaldéhyde (jusqu'à 5 μg/m3 pendant la combustion, et entre 0,8 et 11,8 μg/m3 dans la première heure post combustion). Les bougies émettent également moins de particules (entre 1 et 208 μg/m3) que les encens (entre 28 et 890 μg/m3).
En revanche, les bougies émettent des particules plus fines (diamètre inférieur à 100 nanomètres) et aussi "significativement plus" d'oxydes d'azote (NOx), pendant leur utilisation (concentrations moyennes maximales comprises entre 49 et 142 μg/m3) que les bâtons d'encens (entre 8 et 35 μg/m3).
Limiter les usages intensifs et aérer la pièce
L'Ademe a étudié deux types de scénarios d'exposition aux bougies et aux encens pour évaluer les risques sanitaires associés. Dans le scénario 1, un encens est utilisé deux fois par mois ou, une à deux bougies sont utilisées trois fois par mois. La pièce est aérée après chaque utilisation. "Aucune situation préoccupante n'est attendue pour les expositions chroniques liées au scénario 1", estime l'étude.
Dans le cadre du scénario 2, deux encens sont utilisés tous les deux jours ou trois bougies sont utilisées tous les jours, tandis que la pièce n'est pas aérée. Conséquences : des dépassements "les plus élevés, jusqu'à un facteur 3", sont liés au benzène et aux particules émis par les encens, dont "les premiers effets observés comprennent des irritations respiratoires et oculaires, des céphalées et des nausées", prévient l'Ademe. Le benzène est également une substance classée cancérogène avérée pour l'Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Pour "des utilisateurs intensifs, des effets sanitaires à long terme (augmentation du risque de certains cancers) sont possibles". Plusieurs dépassements de valeurs ont aussi été relevés pour les particules et pour le formaldéhyde, classé aussi cancérogène avéré par le Circ concernant les bougies. "D'une manière générale, les écarts obtenus pour les bougies sont inférieurs à ceux observés pour les encens".
L'Ademe recommande donc de "limiter la fréquence d'utilisation" de ces produits,"d'éviter de brûler plusieurs produits simultanément", "d'éviter l'inhalation directe de fumée" et "d'aérer la pièce après utilisation pendant au moins dix minutes par une ouverture sur l'extérieur".
A compter de janvier 2019, des informations portant sur la ventilation de la pièce après l'utilisation de ces produits désodorisants à combustion, ainsi que l'absence d'inhalation directe de la fumée, devront figurer sur les emballages de ces produits. A l'instar des produits de construction et de décoration, l'Ademe plaide pour l'étiquetage obligatoire indiquant aussi leurs émissions de composés organiques volatils dans l'air intérieur. Le gouvernement pourrait imposer cette étiquette lors de la révision du troisième plan national santé environnement (PNSE 3).