Poser les bases d'une action collective plus efficace pour prévenir, le plus en amont possible, l'invasion biologique, en s'attaquant à l'introduction et à la propagation des espèces les plus préoccupantes à l'échelle européenne ou nationale, et en renforçant l'alerte et l'action précoce sur de nouvelles menaces. Tel est l'objectif du projet de plan d'action sur les espèces exotiques envahissantes que le ministère de la Transition écologique soumet à la consultation du public jusqu'au 4 février prochain.
Les espèces exotiques envahissantes sont l'un des cinq principaux facteurs d'appauvrissement de la biodiversité mis en lumière par l'IPBES à travers son rapport sur l'évaluation mondiale de la biodiversité de mai 2019. Il en ressortait que le nombre d'espèces exotiques envahissantes avait augmenté de 70 % depuis 1970 dans les 21 pays qui avaient fourni des données en la matière. « Et ce problème s'aggrave car l'introduction d'espèces est favorisée par l'accroissement des transports et le réchauffement planétaire », pointe le ministère de la Transition écologique. Or, la France se révèle particulièrement vulnérable, du fait de la très riche biodiversité des territoires ultra-marins, d'une part, et de la situation géographique de la métropole, d'autre part, au carrefour de quatre régions biogéographiques, avec trois façades maritimes accueillant de nombreux transports internationaux.
Ce nouveau plan entend renforcer le volet « prévention » de la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes adoptée en mars 2017. « Dès lors qu'une espèce exotique envahissante est répandue, sa gestion s'avère complexe et coûteuse. Il est très difficile d'arriver à l'éradiquer, et la contenir nécessite un effort important dans la durée. Prévenir l'introduction de nouvelles espèces ou leur propagation sur le territoire national constitue ainsi un volet essentiel de l'action entreprise par l'État », explique le ministère.
Ce dernier estime le plan conforme à la législation communautaire. Sur le plan national, il s'appuie sur les dispositions législatives existantes, issues de la loi de reconquête de la biodiversité d'août 2016, qu'il complète par des mesures volontaires d'information, de vigilance et de contrôle. Il est constitué d'un volet transversal visant à renforcer les contrôles aux frontières et le commerce en ligne, d'un volet sur les espèces végétales, d'un autre consacré aux espèces animales, et d'un dernier portant sur le transport et les corridors. Le document a reçu un avis favorable du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), en octobre dernier. Mais celui-ci l'a assorti de recommandations. Parmi celles-ci : considérer la sylviculture comme voie d'introduction prioritaire dans les milieux naturels, créer un label ou une liste blanche pour orienter l'utilisation de certaines espèces, mettre en place une cellule de coordination interministérielle, créer une cellule nationale de biosécurité ou encore mieux définir les objectifs du plan à long terme.