Jeudi 29 mars, Airparif a publié une étude sur la mise en œuvre d'une zone à basses émissions (ZBE) dans l'agglomération parisienne. Réalisée à la demande de la Ville de Paris, l'étude évalue l'impact attendu d'une réduction de la circulation automobile en Ile-de-France sur les concentrations d'oxydes d'azote (NOx) et de particules de diamètre inférieur à 10 μm (PM10) et de diamètre inférieur à 2,5 μm (PM2,5). Cette stratégie "aurait un impact important sur les concentrations de dioxyde d'azote", conclut Airparif.
Restreindre le trafic en quatre étapes
Dans le cadre de son plan de lutte contre la pollution atmosphérique, la mairie de Paris défend la création d'une zone à basses émissions. "A Paris, les niveaux moyens de dioxyde d'azote (NO2) sont les plus élevés de l'Ile-de-France", rappelle Airparif, précisant que "la valeur limite annuelle est dépassée sur une majorité des axes routiers parisiens, et ponctuellement en situation de fond". A paris, le trafic routier est responsable de 73% des émissions d'oxydes d'azote, précise l'organisme en charge de la surveillance de la pollution de l'air en Ile-de-France. Le constat est similaire pour les PM10 et PM2,5, puisque les seuils réglementaires sont dépassés le long du trafic routier, le transport représentant 42% des émissions.
Plusieurs scénarios sont à l'étude. Ils combinent une mise en œuvre progressive des restrictions de circulation en fonction des véhicules concernés et des périmètres. Une première étape prévoit l'interdiction des véhicules les plus anciens (sans vignette Crit'Air). Ensuite, les scénarios envisagent une extension de l'interdiction aux véhicules avec une vignette Crit'Air 5, puis à ceux avec vignette Crit'Air 4, et enfin aux véhicules étiquetés Crit'Air 3. L'étape 2 (interdiction des véhicules non étiquetés et étiquetés Crit'Air 5) est déjà
Amélioration dans et en dehors de Paris
La réduction du trafic permettrait-elle de réduire la pollution de l'air à Paris et en Ile-de-France ? Oui, répond Airparif qui a étudié dans un premier temps l'application de la mesure à Paris intra muros. La première étape (interdiction des véhicules non classés) touche 2% des kilomètres parcourus et permet de réduire de 5% les émissions de NOx en Ile-de-France, de 3% les émissions de particules PM10 et de 4% les émissions de PM2,5. L'étape suivante permet de franchir un cap en réduisant de 15% les émissions de NOx, de 8% celles de PM10 et de 11% celles de PM2,5. Elle concernerait 3% des distances parcourues. Enfin, les deux derniers renforcements de la mesure permettent de réduire respectivement de 23% et 44% les émissions de NOx, de 12% et 25% celles de PM10 et de 17% et de 36% celles de PM2,5. Ces deux dernières étapes concernent sensiblement plus de déplacements : 7% et 21%.
Airparif estime que ces gains d'émissions entraînent des gains en terme de concentration de polluants le long des axes routiers et, pour les étapes 3 et 4, en situation de fond, c'est-à-dire loin des voies de circulation. "Le nombre d'habitants exposés à des dépassements de la valeur limite annuelle en NO2 passerait de 800.000 (1ère étape de la ZBE parisienne) à moins de 100.000 Parisiens (4ème étape de la ZBE parisienne)", explique Airparif. En outre, la mise en œuvre de la ZBE parisienne entraîne aussi une diminution des émissions de polluants en dehors de Paris, du fait du renouvellement accéléré du parc automobile au-delà de la ville.
Moins de 100.000 habitants exposés aux NOx
L'extension de la restriction de circulation à la zone intra A86 permettrait d'obtenir des réductions d'émissions polluantes sensiblement plus élevées. L'extension au territoire intra A86 de l'interdiction des véhicules sans vignette et étiquetés Crit'Air 5 et 4 (étape 3) concernerait 9% des kilomètres parcourus sur ce territoire. Cela permettrait une réduction de 28% des émissions d'oxydes d'azote, de 13% pour les PM10 et de 19% pour les PM2,5. L'extension de l'étape 4 au périmètre intra A86 toucherait 25% des kilomètres parcourus sur ce territoire et réduirait de 51% les émissions d'oxydes d'azote, de 37% celles de PM10 et de 47% celles de PM2,5.
Si cette stratégie était appliquée, la population du Grand Paris exposées à des niveaux de pollution au-delà de la réglementation chuterait de 51% (étape 3) et de 91% (étape 4). Avec l'étape 4 élargie au périmètre intra A86, moins de 100.000 habitants du Grand Paris seraient exposés à des dépassements du seuil réglementaire pour les NOx.