Arrivé accidentellement en France en 2004 dans une cargaison de poterie en provenance de Chine, le frelon asiatique s'est ensuite très rapidement développé. Quatorze ans plus tard, on le retrouve un peu partout sur le territoire et dans les pays limitrophes : Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni...
Il se différencie du frelon européen, sur l'aspect physique, car il est légèrement plus petit avec un thorax noir et une tête orange, alors que le frelon européen présente une tête et un thorax plutôt roux. Il se différencie également par son régime alimentaire. Le frelon européen se nourrit de mouches, de guêpes, de papillons, de chenilles, de sauterelles et parfois d'abeilles, alors que le frelon asiatique se nourrit, lui, avant tout d'abeilles.
Problème : ce frelon n'a pas de prédateurs. Donc plus il se développe et plus son impact sur les abeilles est important. Déjà fragilisées par les pesticides, c'est comme un coup de grâce pour les ruches de nombreux apiculteurs. C'est tout l'écosystème qui semble menacé, car, comme l'explique l'INRA : « En France, environ 70 % des 6 000 espèces de plantes recensées, sauvages et cultivées, sont pollinisées par les insectes pollinisateurs et certaines plantes en dépendent totalement » et les abeilles sont les pollinisateurs les plus actifs.
Dans ce contexte, est-il possible d'éradiquer ce frelon asiatique ? Non, probablement pas. Sauf cas peu probable, s'il attrapait « une maladie et qu'il disparaisse, ce qui a déjà été documenté chez certaines espèces, mais ça peut arriver dans dix ans, dans 150 ans ou jamais... » ironise Quentin Rome, chargé d'étude scientifique au Muséum national d'Histoire naturel. Différentes études scientifiques devraient permettre néanmoins de « contrôler » la population.
Plusieurs scientifiques nous ont ouvert leurs portes pour nous montrer leurs travaux de recherche en cours. Mathieu Lihoreau, chargé de recherche CNRS au Centre de recherche sur la cognition animale à Toulouse réalise en ce moment des analyses morphologiques sur 6 000 frelons collectés en France et en Europe. Laurence Gaume, chargée de recherche CNRS au laboratoire de Botanique AMAP à Montpellier, travaille sur le piégeage des frelons grâce à des plantes carnivores. Denis Thiéry, directeur de recherche au centre de l'INRA de Bordeaux, suit un programme qui consiste à coller des balises émettrices sur les frelons pour détecter les nids afin de les détruire...
Autant de travaux qui sont détaillés dans ce reportage.