Il aura fallu attendre une audience au tribunal administratif de Strasbourg pour que l'information relative au rejet de la demande de concession de gaz de couche en Moselle, dite « Concession de Bleue Lorraine », soit rendue publique. Par un arrêté du 26 avril 2023, Agnès Pannier-Runacher et Roland Lescure ont en effet rejeté cette demande, présentée le 26 novembre 2018 par la société La Française de l'énergie (LFDE). Le gaz de couche, ou gaz de houille, avait été exclu de l'interdiction d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures non conventionnels par la loi Hulot de 2017.
Les ministres chargés de la Transition énergétique et de l'Industrie ont estimé que la société n'avait démontré ni sa capacité technique à extraire le gaz de couche ni l'exploitabilité de ce gisement. Ils ont en effet relevé que les essais de production de gaz de couche menés sur les cinq puits forés à l'intérieur du périmètre du permis exclusif de recherche, accordé initialement en 2004, n'avaient pas été probants, qu'ils avaient conduits à la fermeture définitive du premier puits, à la mise en sommeil de trois autres et à l'arrêt du dernier en raison de « l'impossibilité d'atteindre la pression de désorption du gaz de couche ».
Le rejet de cette demande est salué par les associations (Les Amis de la Terre, Apel 57, Collectif de défense des bassins miniers lorrains) qui avaient pointé les risques d'une telle exploitation sur les ressources en eau, l'artificialisation des sols et les émissions de gaz à effet de serre. « Le gaz de couche se trouve dans les couches de charbon vierges de toute activité minière ; il est fortement émetteur en méthane, un gaz à effet de serre plus nocif que le CO2, rappellent ces dernières. Son exploitation a des impacts environnementaux multiples et bien documentés par de nombreux rapports indépendants scientifiques et techniques. » Une étude bibliographique du BRGM et de l'Ineris avaient notamment mis en évidence les risques pour la ressource en eau.
De son côté, La Française de l'énergie ne s'est pas satisfaite de ce rejet qu'elle a attaqué immédiatement devant la justice administrative. L'audience a eu lieu, lundi 4 juillet, devant le tribunal administratif de Strasbourg, qui a mis sa décision en délibéré. Celle-ci devrait être connue d'ici environ trois semaines.