Pour la première fois, le risque d'extinction de l'ensemble de la faune guadeloupéenne a été évalué. Cet état des lieux a été réalisé par les naturalistes du comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), du Centre national de recherche scientifique (CNRS), de l'Office français de la biodiversité (OFB) et du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) dans le cadre de l'établissement de la Liste rouge nationale des espèces menacées. Un inventaire similaire, concernant la flore de l'archipel, avait été mené en 2019.
Sur les 574 espèces animales recensées en Guadeloupe (poissons marins exclus), dont 12 % sont endémiques, 85 sont considérées comme menacées – à savoir, classées de « vulnérables » à « en danger critique d'extinction ». De nombreux facteurs, relevant de l'activité humaine, sont mis en cause par les naturalistes. La destruction et la fragmentation des habitats, provoquées par l'aménagement urbain, touchent notamment la survie de la couleuvre des Antilles (Alsophis antillensis), ou « couresse ». Le poisson-têtard (Arcos nudus) est, par exemple, vulnérable aux modifications des embouchures des cours d'eau. Les effets persistants de l'usage précédemment intensif de pesticides impactent toujours la sérotine de Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis), chauve-souris en danger critique d'extinction. En outre, l'activité touristique, la pêche, le braconnage ou encore la chasse sont tous identifiés comme des menaces pour la biodiversité guadeloupéenne.Par ailleurs, 16 espèces, comme le perroquet de Guadeloupe (Ara guadeloupensis) ou le phoque moine des Caraïbes (Monachus tropicalis), auraient même déjà disparu de l'archipel antillais au cours des cinq siècles derniers. Enfin, « une espèce sur quatre reste encore très mal connue, ajoute le comité français de l'UICN dans un communiqué. C'est notamment le cas d'espèces comme le serpent typhlops de Guadeloupe (Typhlops guadeloupensis), le papillon Eriphioides toddi ou le coléoptère Bonfilsia tricolor, qui représentent pourtant des enjeux de conservation potentiellement importants, car ils sont endémiques et n'existent donc nulle part ailleurs sur la planète. »