Le 2 août, l'humanité aura épuisé plus de ressources que ce que la planète est capable de regénérer en un an. Il s'agit du Jour du dépassement de la Terre, calculée chaque année depuis 2006 suivant la méthode du Global Footprint Network (GFN), un consortium international de chercheurs. Et ce 28 juillet, la production annuelle de plastique a dépassé ce que tous les efforts combinés de collecte, de tri et de recyclage ou d'élimination sont susceptibles de capter à l'échelle mondiale. Cette date constitue la première estimation annuelle d'un « Jour de la saturation plastique », pensé par Earth Action, un bureau d'études suisse.
Le Jour du dépassement planétaire stagne
À la fin de l'année 2023, l'ensemble des ressources naturelles consommées d'une manière ou d'une autre par l'humanité représentera l'équivalent d'une planète 1,75 fois plus riche que la Terre. En comparaison, la dernière fois que l'humanité a consommé tout ce qu'une seule planète Terre était capable de naturellement lui offrir était en 1972 : par un calcul rétrospectif, le Jour du dépassement était alors fixé au 27 décembre. Depuis 2011, cette date limite tourne autour de début du mois d'août. L'an dernier, elle avait été initialement fixée au 28 juillet, alors le Jour du dépassement le plus tôt jamais estimé, avant d'être récemment actualisée au 2 août à la lumière de nouvelles données compilées par l'université canadienne de York et la Fondation pour les données d'empreinte écologique (Fodafo). « Cet écart n'est pas exactement une bonne nouvelle, indique néanmoins le GFN. L'ensemble des actions menées pour réduire la consommation des ressources planétaires n'a reporté la date initiale que d'une journée. Les quatre jours supplémentaires de recul ne sont dus qu'à l'intégration de données plus précises, corrigeant des surestimations. »
À noter que le Jour du dépassement de la Terre reste une estimation moyenne. La consommation de ressources n'est pas la même à l'échelle nationale, en fonction de la population, mais également de la richesse et de l'empreinte écologiques estimées par habitant. La France a atteint son propre jour du dépassement le 5 mai dernier, de manière quasi-identique depuis 2017. « Si toute l'humanité vivait comme la population française, il faudrait l'équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir à ses besoins », souligne le GFN. En comparaison, cela reste moins problématique que, par exemple, le Qatar (dont le Jour national du dépassement a été estimé au 10 février), le Luxembourg (14 février), le Canada ou les États-Unis (13 mars), l'Australie (23 mars) et la Russie (19 avril). Certains autres pays – certes, en voie de développement et donc montrant une consommation croissante de ressources – font légèrement mieux, comme la Chine (2 juin) ou le Brésil (12 août). Seuls des pays comme l'Indonésie (3 décembre), l'Équateur (6 décembre) ou la Jamaïque (20 décembre) semblent maintenir une consommation suffisante au regard de leurs ressources.
Vers un Jour de la saturation plastique ?
Mais qui parle de consommation des ressources, parle aussi de la production de plastique qui peut en découler. Selon le cabinet suisse Earth Action, la production mondiale de plastique à usage unique devrait peser 159 millions de tonnes à la fin de l'année 2023. Et d'après son estimation, les capacités actuelles de gestion de ces déchets ont déjà atteint leurs limites au 28 juillet. « En conséquence, 43 % du plastique produit ne sera pas collecté, trié, puis recyclé ou éliminé à temps cette année, laissant 68,5 millions de tonnes de ces déchets polluer l'environnement », détaille le bureau d'études. Celui-ci propose d'établir un « Jour de la saturation plastique » annuelle, afin de renforcer encore davantage la sensibilisation internationale autour de cette question.La pollution plastique impacte différemment les pays du monde. Les experts d'Earth Action ont ainsi identifié ce qu'ils qualifient de « pays-éponges à déchets », caractérisés par « une faible consommation nationale de plastique, mais avec une très importante accumulation de déchets provenant de pays exportateurs ». Ces pays, comprenant le Bangladesh, l'Équateur ou encore l'Inde sont ainsi « responsables » de 67 des 157 jours d'avance à l'origine du jour de la saturation plastique en 2023. À l'échelle nationale, la France semble compter parmi les « bons élèves ». Selon Earth Action, le taux de traitement du plastique consommé par sa population est de 95 %. Son propre jour de saturation plastique pourrait alors être fixé au 13 décembre 2023. « La France fait partie des pays les plus consommateurs de plastique, mais ses déchets tendent à être bien traités sur le plan national, malgré un manque de circularité », commentent les experts suisses.