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Loup : le scénario que le Gouvernement cherche à éviter

La poursuite des plans de préservation du loup conduirait à l'expansion de l'espèce sur l'ensemble du territoire national, avec des effectifs de plusieurs milliers d'individus, selon une mission d'inspection. Ce que l'exécutif cherche à éviter.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Loup : le scénario que le Gouvernement cherche à éviter

La décision du Gouvernement de lâcher du lest sur la protection du loup ne semble pas étrangère à cette étude. Les services d'inspection des ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique ont publié, le 19 septembre, un rapport (1) qui analyse les politiques publiques du loup dans plusieurs États européens. Commandé par les deux ministres chargés de ces questions en décembre 2022, il a été mis en ligne au lendemain de la présentation au groupe national Loup, le 18 septembre, du nouveau plan d'actions. Un plan qui prévoit d'assouplir, au grand dam des associations de protection de la nature, la protection du canidé, qui est toujours en expansion démographique et géographique.

Parmi les sept recommandations formulées par les hauts fonctionnaires, dont un changement de méthode de comptage, un renforcement de la coopération transfrontalière et l'abandon de la notion de non-protégeabilité des bovins, figure celle de réaliser une étude prospective similaire à celle réalisée en Allemagne. Une étude qui pourrait être effectuée, suggère la mission, dans le cadre du nouveau Plan loup pour « alimenter la réflexion sur la détermination d'un objectif d'occupation du territoire ».

Généralistes absolus très adaptables

Quels sont les résultats de cette étude prospective allemande ? Réalisée en 2020, elle conclut qu'une grande partie du territoire national est adaptée au canidé, que le pays pourrait compter entre 700 et 1 400 meutes, et que les loups sont des « généralistes absolus très adaptables ». Ce qui rend possible leur installation dans des territoires inattendus. Ces conclusions, que les auteurs de la mission extrapolent à la France, leur permet de considérer que « la poursuite de la politique mise en œuvre dans les quatre précédents plans loup conduira(it) à terme, à l'expansion du loup sur l'essentiel du territoire national avec des effectifs élevés (plusieurs milliers), seulement limités par la disponibilité alimentaire (gibier sauvage et prédation sur les animaux d'élevage) ».

En outre, d'après la mission, l'effectif assurant la viabilité démographique est largement dépassé (1 100 loups aujourd'hui dénombrés) et celui assurant la viabilité génétique serait en passe de l'être. Et ce, du fait des échanges avec la population lupine italienne et de la jonction probable avec les populations polono-allemandes.

En conséquence, les hauts fonctionnaires proposent à leurs ministres de tutelle, « sous réserve de leur faisabilité juridique », trois scénarios de limitation de l'expansion du canidé qui sont ceux retenus, respectivement, par l'Espagne, par la Suède et par la Suisse. Si Berlin n'a pas adopté d'orientation à l'échelle fédérale à la suite de son étude, l'Espagne a, quant à elle, fait le choix d'une augmentation modérée de la population lupine (15 %) d'ici à 2030, avec une expansion géographique limitée à la moitié de la superficie nationale. La Suède s'est fixée comme objectif une quasi-stabilisation de la population, ainsi qu'une limitation du prédateur dans la zone d'élevage du renne au nord du pays et dans la zone centrale où elle octroie des autorisations de chasse. La Suisse, enfin, a opté pour « une répartition homogène des meutes sur le territoire et un contingentement du nombre total de meutes ».

Cohabitation difficile dans tous les pays

Le Gouvernement n'est manifestement pas resté insensible à cette proposition d'adopter une stratégie de limitation du développement de l'espèce, d'autant qu'il subit la pression des organisations agricoles, unanimes pour demander d'alléger la prédation qui pèse sur les élevages en plein air.

En outre, d'autres conclusions de la mission vont également dans le sens d'une limitation de la protection du loup. Parmi celles-ci le fait que, dans tous les territoires étudiés (en Allemagne, Espagne, Italie, Slovaquie, Suède et Suisse), la cohabitation entre le loup et les activités d'élevage est difficile ; qu'il n'existe pas d'autres mesures efficaces de protection que le tryptique clôtures/chiens/bergers ; que le nombre d'animaux tués ou blessés est plus importants en France ; ou encore que le classement du loup en espèce « strictement protégée » ou simplement en espèce « protégée » (cas de certaines régions d'Espagne et de la Slovaquie) ne change pas grand-chose en pratique.

De quoi répondre aux préoccupations des ministres qui, dans leur lettre de mission, soulignaient l'importance des dommages aux troupeaux (12 000 animaux tués en 2022, ndlr) et le coût des politiques publiques du loup (44 M€ en 2022). Et de quoi justifier le soutien de la France à la proposition de la Commission européenne de déclasser le canidé en simple espèce protégée au titre de la Convention de Berne et de la directive Habitats.

1. Télécharger le rapport Parangonnage sur la politique publique du loup
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42569-rapport-loup-igedd-cgaaer.pdf

Réactions1 réaction à cet article

J'ai pour ma part le sentiment que de nombreuses meutes de loups féroces sont déjà depuis longtemps établies à l’Élysée et à Matignon, dans pas mal de ministères, de grandes entreprises du CAC40, de conseils régionaux et départementaux et même au sein de diverses instances internationales.
Certains mâles alpha et femelles dominantes font même quotidiennement leur show, d'autant plus plébiscités de troupeaux de moutons apeurés qu'ils sont mensongers, manipulateurs et orduriers, sur des plateaux d'émissions TV ou des réseaux "sociaux"...

Pégase | 26 septembre 2023 à 09h20 Signaler un contenu inapproprié

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