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Neutralité carbone : les stratégies de 24 multinationales passées au crible

Deux think-tanks, Carbon Market Watch et New Climate Institute, ont examiné les stratégies de 24 multinationales pour atteindre la neutralité carbone. Parmi elles, deux groupes français sont pointés du doigt pour des raisons différentes.

Gouvernance  |    |  F. Gouty
Neutralité carbone : les stratégies de 24 multinationales passées au crible

Pour la deuxième année consécutive, les laboratoires d'idées belge, Carbon Market Watch, et allemand, New Climate Institute, ont évalué la pertinence (ou « l'intégrité ») des engagements pris par les plus grandes multinationales pour respecter les objectifs de l'Accord de Paris. L'édition 2023 de son « Corporate Climate Responsibility Monitor (1) », parue le 13 février, se focalise sur vingt-quatre sociétés leaders des secteurs de l'automobile, de l'électronique, du transport ou encore de la grande distribution. À elles seules, elles ont généré 3 160 milliards de dollars de recettes en 2021 et émis environ 2,2 gigatonnes d'équivalent dioxyde de carbone (GtCO2e/an) en 2019, soit 4 % des émissions totales de la planète.

Carrefour, le mauvais élève français ?

Pourtant, parmi elles, une seule présente un plan étayé et crédible pour atteindre la neutralité carbone. Maersk, armateur danois spécialisé dans le transport de conteneurs, se donne effectivement les moyens, selon les deux groupes de réflexion, pour réduire d'au moins 90 % les émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble de sa chaîne de valeur d'ici à 2040. La crédibilité de Maersk provient, d'une part, du fait qu'elle s'engage à n'utiliser, à terme, que des carburants « bas carbone ou zéro carbone » (sans biocarburants), à alimenter toutes ses infrastructures grâce à des énergies renouvelables et à compenser jusqu'à 10 % des émissions restantes par de la reforestation. Elle se justifie, d'autre part, par la transparence avec laquelle l'entreprise délivre ses émissions annuelles à tous les niveaux (scopes 1 à 3), son budget et ses cibles intermédiaires pour mettre en œuvre sa feuille de route.

Ce niveau « d'intégrité » n'est, d'après les deux think-tanks, pas respecté par les plans d'action des 23 autres multinationales. Le premier groupe français de la liste, Stellantis, marque par exemple des points pour ses objectifs identifiables et quantifiables (neutralité carbone en 2038, avec réduction d'au moins 85 % de ses émissions pour l'électrification de ses véhicules mis sur le marché, et uniquement 10 % de compensation carbone), mais en perd dans sa volonté de continuer à vendre des véhicules thermiques en Inde ou au Brésil. Quant à Carrefour, second groupe français examiné qui vise le « net zéro » en 2040, il reste dans le bas du classement pour la « divulgation incohérente » du détail de son empreinte carbone (ne publiant des données ne couvrant que 20 % de ses magasins, selon le rapport) et son absence de plans de compensation carbone. Des trous dans la raquette déjà repérés et dénoncés l'an dernier.

Une trop forte dépendance à la compensation carbone

“ La petite minorité d'entreprises avec des engagements crédibles restent sur un même pied d'égalité avec celles qui prétendent faire de mêmes mais dont les actions réellement prévues ne les amèneront qu'à trop faiblement réduire leurs émissions ” Carbon Market Watch & New Climate Institute
En moyenne, les stratégies de neutralité carbone publiées par ces multinationales ne devraient les conduire qu'à une baisse de 15 à 21 % de leurs émissions respectives de gaz à effet de serre. Au total, le bilan carbone cumulé de ces 24 sociétés n'en serait réduit que de 790 MtCO2e, soit 36 % de leurs émissions totales de 2019. Un ennui demeure par ailleurs, selon Carbon Market Watch et New Climate Institute : « La petite minorité d'entreprises qui, comme Maersk ou Stellantis, présentent des engagements crédibles semblent rester sur un même pied d'égalité avec des American Airlines, Volkswagen ou encore Carrefour (qui) prétendent faire de même mais dont les actions réellement prévues ne les amèneront qu'à trop faiblement réduire leurs émissions. »

D'autant qu'au moins trois quarts de ces géants (en particulier des membres des Gafam, comme Google, Apple et Microsoft) misent majoritairement sur des actions de compensation carbone par de la reforestation plutôt que sur une réduction directe de leurs émissions. « C'est problématique pour deux raisons majeures : le caractère éphémère du stockage biogénique du carbone de ces projets ne convient pas pour compenser durablement des émissions de gaz à effet de serre ; et le nombre de crédits carbone que demandent de tels plans, si chaque groupe en faisait autant, réclamerait une quantité de ressources naturelles de deux à quatre planètes Terre », soulignent les deux laboratoires d'idées.

1. Télécharger le rapport 2023 du Carbon Market Watch et New Climate Institute.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-41161-corporate-climate-responsibility-monitor-2023.pdf

Réactions6 réactions à cet article

Quand arrêtera-t-on de pénaliser nos industries françaises à partir d'exigences discutables ? lorsqu'elles auront disparu ?
Certains s'en frottent déjà les mains. Il suffit d'identifier les auteurs de ces études bidons pour savoir de qui il s'agit.

glaudius92 | 14 février 2023 à 11h16 Signaler un contenu inapproprié

Greenwashing institutionnel. Ou comment confondre agitation avec action.
C'est d'une débilité profonde, invérifiable, absolument dénué de méthode scientifique. Un scandale absolu et ruineux.
Courage à ceux qui travaillent réellement les sujets épineux de l'énergie et de la protection de l'environnement, n'en déplaise aux curés et prédicateurs catastrophiques catastrophistes.

Albatros | 14 février 2023 à 12h02 Signaler un contenu inapproprié

Le dernier paragraphe est édifiant, mais me confirme mon sentiment initial vis à vis de la gestion de l'environnement, du moins par les "gros" : on compense dans le meilleur des cas, et c'est tout.... pour le reste, on manipule des données, des projections, et on rédige tout çà dans un fascicule avec une couleur verte.... du business, rien que du business....

nimb | 15 février 2023 à 08h53 Signaler un contenu inapproprié

J'étais entouré par ce type d'individu l'autre soir à notre première commission environnement du lycée de mes enfants. Ils étaient ou étaient tous aux Nations Unies, OECD, grand groupe de gestion des déchets, au Service Environnement d'un grand groupe, ou consultants.
Ils ne m'ont pas impressionné.
Je leur ai dit que j'étais dans la mouvance environnementale depuis les années 80, et j'ai vu les résultats de toutes ces COP, etc. RIEN! Des paroles, des chiffres, des camemberts et des rapports depuis plus de 30 ans.
Je me suis fait de nouveaux amis !
Par contre, en organisation ils sont très bons. Ils savent exactement comment et où commencer, et une a tout de suite proposé un tableau !

Erikk | 15 février 2023 à 11h25 Signaler un contenu inapproprié

Commission environnement des collèges et lycées..... arf, c'est pas les enfants qu'il faut éduquer, ce sont les parents qu'il faut (ré)éduquer, et pourtant ce n'est pas avare en yakafokon et en yakapa, si on les écoute. Pourtant, quand il faut 5 minutes et un peu de bras, il ne reste quasiment plus personne .... c'est pour cette raison que depuis Septembre dernier, j'ai souhaité arrêter tout investissement personnel dans l'école de ma fille. 11ans de désert parental, çà m'a suffit. Bon courage, Erikk.

nimb | 16 février 2023 à 14h12 Signaler un contenu inapproprié

Justement, tout est foutu, et donc les enfants représentent la seule solution. Je suis de nature pessimiste, et on voit bien où on va avec la surpopulation, surtout des pays pauvres et leur désir de venir dans les pays développés...

Erikk | 16 février 2023 à 15h07 Signaler un contenu inapproprié

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